Plusieurs députés qui s’étaient démarqués par leur implication sur la question du numérique sont en difficulté pour le second tour des législatives de 2017. Et parfois même, en très mauvaise passe.
Les résultats du premier tour dans les 11 circonscriptions pour les Français de l’étranger sont tombés hier en fin de journée. Si le taux de participation est ridiculement bas, puisqu’il atteint péniblement 19,1 %, plusieurs candidats qui s’étaient engagés sur le numérique sont en mauvaise posture. C’est déjà le cas d’Axelle Lemaire (PS) dans la 3e circonscription (Europe du Nord).
L’ex-secrétaire d’État, qui avait porté la loi sur la République numérique, initiative précédée par une vaste consultation de la société civile via une plateforme en ligne, n’obtient que 9,83 % des voix (soit 2020 bulletins). Si à ce niveau, elle est d’ores et déjà qualifiée pour le second tour, elle est loin derrière Alexandre Holdroyd, un ex-conseiller en stratégie devenu candidat En Marche. Celui-ci peut s’enorgueillir de son score, 57,80%, soit un raz-de-marée constitué de seulement 12 210 voix.
Frédéric Lefebvre loin derrière le candidat En Marche
Sur la 1re circonscription, celle relative aux États-Unis et au Canada, Frédéric Lefebvre (LR) est lui aussi sur une très mauvaise pente. Face à Roland Lescure, petit frère de Pierre, qui obtient 57,53% pour En Marche, l’ancien secrétaire national de l’UMP chargé des nouvelles technologies atteint difficilement les 14,53 %. S’il passe le premier tour, ses chances de succès sont désormais minimes si ce n'est nulles.
Cette figure de proue de la loi Hadopi, formée dans les caves du 18e arrondissement, s’était notamment démarquée non tant pour sa définition du Web 2.0, que par son souhait en 2008 de voir Internet régulé par le CSA.
Son envolée avait alors marqué l'histoire récente de la régulation du Net : « L’absence de régulation du Net provoque chaque jour des victimes ! Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ? Combien faudra-t-il de morts suite à l’absorption de faux médicaments ? Combien faudra-t-il d’adolescents manipulés ? Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde ? Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs œuvres ? ». Il décrivait alors Internet comme un nid de psychopathes, violeurs, racistes et voleurs.
Depuis, son combat se concentrait sur d’autres impératifs comme celui destiné à expliquer qu’une offre mobile illimitée pouvait être limitée. Ce grand défenseur du droit d’auteur s’était aussi agacé de l’impossibilité pour les Français de l’étranger d’acquérir certains livres numériques, car gorgés de verrous géolocalisés sur le seul territoire métropolitain.
23,71 % pour Sergio Coronado face aux 45,17 % de Paula Forteza
Un autre candidat, très investi sur les libertés numériques, notamment sous le prisme des textes relatifs à la surveillance (loi Renseignement, loi sur la surveillance des communications internationales, etc.), connaît un sort similaire. La situation de Sergio Coronado, dernier député à utiliser du logiciel libre dans la précédente législature, n’est pas aussi catastrophique. Il obtient tout de même 23,61 % des voix avec 2 715 bulletins dans la zone Amérique latine et Caraïbes.
Loin devant, Paula Forteza, 30 ans, ex-Etalab, le service du gouvernement en charge de la politique des données ouvertes. La candidate pour la République En Marche trône avec 45,17% des voix (4 954 voix).
Sur Facebook, le candidat non inscrit résume en quelques lignes la problématique : « Nous avons 15 jours pour rassembler, convaincre, faire voter, retourner la situation et nous avons besoin de vous toutes et tous, de votre soutien pour éviter d'avoir un parti unique à l'Assemblée ».