Comme convenu, Apple tenait ce soir sa conférence d’ouverture de la WWDC. Les annonces ont été particulièrement nombreuses, les représentants de l’entreprise enchainant rapidement les annonces. macOS High Sierra, iOS 11, de nouveaux iMac, un iPad Pro 10,5 pouces et l’enceinte HomePod étaient notamment de la partie.
Tim Cook a bien entendu débuté la conférence d’ouverture, précisant d’emblée qu’Apple disposait désormais de 16 millions de développeurs enregistrés pour l’ensemble de ses plateformes logicielles. Le PDG a très largement appuyé sur un point : tout ce petit monde doit continuer à créer des applications, encore et encore. Après tout, la firme vit largement de l’écosystème mobile, particulièrement de celui d’iOS.
tvOS s’en va faire un petit tour vers Amazon
Premier à faire les honneurs des attentions du grand patron, tvOS profitera plus tard dans l’année de l’intégration du catalogue Prime Video d’Amazon. Aucune date précise n’a été donnée, mais on sait que ce rapatriement sera également présent dans l’application TV que l’on peut installer sur iOS.
watchOS passe la quatrième
watchOS s’avance donc logiquement vers sa version majeure 4. Première grosse nouveauté présentée, une watch face (cadran) qui se personnalise de manière automatique. Siri est bien sûr au cœur de ce système et ira chercher des informations qui pourraient servir à l’utilisateur en fonction de nombreuses informations comme le lieu où l’on se trouve, l’heure et autres. Les informations sont présentées sous forme de cartes, que l’on peut faire défiler via la couronne.
Au chapitre des watch faces, ajoutons la possibilité de mettre un kaléidoscope en fond, ou l’un des personnages de Toy Story. Rien de bien incroyable donc.
Dans le domaine des activités, signalons que watchOS sera plus enthousiaste quand les missions fixées par l’utilisateur sont accomplies, avec des animations plus vivantes. Pour la gestion des activités sportives en particulier, il sera plus simple d’enchainer les sessions multiples, qu’elles soient du même type ou différentes. Plusieurs partenaires ont aussi annoncé que leurs machines de sport en salle seraient compatibles, permettant d’émettre des informations vers l’utilisateur en cours.
Comme on s'en doute, de nouvelles API sont disponibles pour les développeurs.
macOS High Sierra, avec anti-tracking dans Safari
Il semble que les grandes entreprises américaines soient en panne actuellement de noms originaux. Après Windows 10 qui passe de la Creators Update à la Fall Creators Update, macOS passe donc de Sierra à High Sierra.
On apprend donc que Safari – qui se veut désormais le navigateur le plus rapide sur ordinateur – va intégrer deux éléments capitaux : un bloqueur de lecture automatique pour les vidéos HTML5, mais aussi et surtout un bloqueur de tracking fondé sur l'apprentissage profond. Une intégration qui pourrait avoir de lourdes conséquences pour le marché de la publicité. Reste à voir comment il sera appliqué.
Mail se dote également de quelques améliorations, comme un espace réduit au mieux de 35 % pour le stockage des emails, ainsi qu’une nouvelle vue adaptée à l’écran partagé. Photos inclut pour sa part une nouvelle présentation des clichés qui se veut plus claire, ainsi que plusieurs nouveaux outils, dont la possibilité de modifier l’espace colorimétrique des clichés.
macOS High Sierra inclut également APFS, pour Apple File System. On le connait déjà puisqu’il a été déployé avec iOS 10.2, mais le passage au Mac était une autre paire de manches. Ce système de fichiers, 64 bits et tourné vers les SSD, sera donc présent par défaut dans la nouvelle version du système. Apple promet notamment des opérations de copies beaucoup plus rapides.
Metal 2, nouvelle version de l’API graphique, fera son entrée dans High Sierra. Comme on s’en doute, l’entreprise promet des performances jusqu’à dix fois supérieures (dans quelles conditions ? On ne sait pas). Elle va surtout profiter de Metal 2 pour y faire transiter bien plus d’éléments qu’avant, notamment le serveur d’affichage de macOS. La réalité virtuelle sera elle aussi prise en compte, mais il faudra voir de quelle manière : Apple semble tellement pressée par le temps que peu de détails sont en fait donnés.
Apple enchaine avec de nouveaux iMac, dont un modèle Pro
On ne s’y attendait pas, mais la firme a décidé de faire une « pause » dans ses annonces logicielles en introduisant un rafraîchissement de sa gamme d’iMac. Les modèles 27 pouces auront ainsi (et enfin !) des Fusion Drive par défaut, donc intégrant de la mémoire flash pour accélérer le lancement du système et des applications. Les nouveaux écrans afficheront 500 nits et une profondeur colorimétrique de 10 bits, tout en étant 43 % plus lumineux.
Tout ce petit monde passe pour l’occasion à des processeurs Kaby Lake (Intel Core de 7e génération), tandis que les SSD promettent d’être 50 % plus rapides que la génération précédente. Côté puissance graphique, le modèle 21,5 pouces passe à l’Iris 640, ce qui devrait effectivement faire une différence vis-à-vis de l’ancienne génération. La version avec écran 4K passe pour sa part aux Radeon Pro 555 et 560. Sur les 27 pouces, ce seront les Radeon 570, 575 et 580.
Les tarifs commencent à 1 299 euros, avec un modèle 21,5 pouces 4K UHD à 1 499 euros. Côté iMac 27 pouces, tous les modèles possèdent un écran 5K, avec un tarif de départ de 2 099 euros.
Et puisque ce n’était pas terminé, Apple en a profité pour ajouter un nouveau modèle dans la famille. Nommé iMac Pro, il est de couleur noire et se veut capable de ventiler beaucoup plus efficacement la machine (« 80 % » selon Apple), ce qui lui permettra d’embarquer un processeur Xeon comportant jusqu’à… 18 cœurs. Il intègrera également un GPU AMD Vega, et jusqu’à 128 Go de mémoire vive ECC. La caméra FaceTime sera en 1080p et un port Ethernet 10 Gb/s sera présent pour la première fois sur un Mac.
La configuration de départ aura un Xeon 8 cœurs, Vega, 32 Go de RAM ECC et un SSD 1 To. Elle sera commercialisée en décembre pour 4 999 dollars.
Quant aux MacBook, en dehors d’une baisse de prix de l’entrée de gamme, on notera le passage ici aussi aux processeurs Kaby Lake.
iOS passe évidemment à la version 11
On commence ici avec les petites nouveautés, en particulier la section des applications dans iMessage, avec une utilisation simplifiée. Il faut dire – et Apple l’avoue – que la présentation retenue ne convenait à personne. Autre point, un peu plus important celui-là, iMessage dans iCloud. Désormais, tout nouvel appareil configuré avec le compte de l’utilisateur récupérera l’ensemble de l’historique des conversations, pas uniquement les nouveaux messages. L’ensemble se fait toujours en chiffrement « de bout en bout ».
Apple Pay va pour sa part se doter d’une capacité assez attendue : la possibilité d’envoyer de l’argent entre utilisateurs. Plus besoin donc de saisir un RIB ou autre, il suffira d’indiquer le montant et de valider, toujours avec Touch ID. Bien sûr, Apple Pay doit avoir été configuré avec un compte compatible, donc avec une banque prenant en compte la technologie. À noter que le paiement peut être envoyé par un simple iMessage.
Nouvelles interface et capacités pour Siri
Siri se dote de son côté d’une nouvelle interface visuelle et de nouvelles voix. Avec iOS 11, l’assistant va pouvoir traduire, notamment en français. Il faudra demander comment traduire, donner la phrase ou la question, puis préciser la langue. Siri prononce alors les mots. Sans doute pratique en pays étranger, au risque d’avoir un impact assez fort sur les applications dont c’était la spécialité.
L’application Appareil photo se sert, elle, d’un nouveau format pour stocker les images. Nommé HEIF, il remplace donc le JPEG et doit permettre de réduire jusqu’à 50 % l’espace requis. Il reste à voir l'étendue de son support en dehors de l'univers Apple.
Le Control Center change par contre complètement. Il remplit maintenant tout l’écran quand il est appelé et permet donc d’afficher un nombre bien plus grand de fonctions. Plus besoin donc de basculer à droite par exemple pour accéder aux contrôles de lecture. Idem, le panneau des notifications ne s’appuie plus sur un fond givré, mais sur le fond d’écran classique. De là, on peut toujours basculer sur la vue des widgets à gauche. Il réagit aussi à 3D Touch pour disposer d'un contrôle en plein écran.
Des voies pour Plans, AirPlay 2 pour Music
Apple Plans se met pour sa part à intégrer les plans d’aéroport et notamment les emplacements des points de sécurité. L’application va enfin gérer les indications de voies à prendre, ce qui était l’une de ses grandes lacunes. Elle intégrera également un mode « Ne pas déranger pendant la conduite », qui s’active automatiquement dès que la connexion Bluetooth détectera un véhicule. L’écran n’affichera donc plus aucune notification, une fonction qui ressemble au mode Cinéma de watchOS.
Home présente deux nouveautés importantes. La première est la prise en charge des enceintes multi-room (coucou Sonos, qui n'est pas dans la liste des partenaires), l’autre l’intégration d’AirPlay 2. Ce dernier va permettra notamment de définir des profils audio pour chaque pièce sonorisée.
Apple fait un point d’étape sur son service Music, qui compte désormais 27 millions d’abonnés payants, contre encore 50 millions pour Spotify. Puisque ce nombre augmente, Music va permettre d’afficher les flux de ses amis, pour savoir ce qu’ils écoutent, si bien sûr ils l’ont autorisé. Une fonction que l’on retrouve évidemment depuis longtemps dans Deezer et Spotify par exemple.
Un App Store redessiné et réalité augmentée
Quant à l’App Store, pour la première fois depuis bien longtemps, il va bénéficier d’un sérieux ravalement de façade. Dans une interface qui rappelle en partie Music, il disposera d’une barre d’onglets remaniée. La vue Aujourd’hui mettra en avant les contenus, tandis que les jeux possèdent désormais leur propre section. Les contenus présentés sont sous forme de cartes que l’on fait défiler. Notez que l’on trouve différents types de contenus, notamment des conseils sur un aspect « pratique » de la vie. Les autres onglets sont Apps, Mises à jour et Recherche.
Côté développeurs, Apple introduit notamment ARKit, un kit de développement pour la… réalité augmentée. S’en est suivie une vidéo assez simple sur iPhone où on pouvait enrichir l’image vue par la caméra avec des objets virtuels. L’ombre d’une tasse était ainsi modifiée en temps réel par la position choisie de la lampe.
Cela dit, rien de tout ça n’est nouveau, Microsoft notamment réalisant ce genre de chose depuis plusieurs années. Pourtant, Apple profite d’une force de frappe peu commune avec son milliard d’appareils iOS. À voir évidemment les performances sur les appareils un peu plus anciens, car tout le monde ne dispose pas d’un iPhone 7 (utilisé dans la démo).
Un nouvel iPad Pro 10,5 pouces, plus puissant
Après iOS, Apple enchaine avec l’iPad Pro en introduisant notamment une nouvelle taille : 10,5 pouces, ce qui lui permet notamment d’afficher un clavier virtuel en taille complète. Les nouveaux écrans afficheront 600 nits de luminosité et Apple promet très peu de reflets. Surtout, ils pourront grimper jusqu’à 120 Hz de rafraîchissement.
Cet iPad Pro sera équipé par ailleurs d’une puce A10X, qui embarque six cœurs de CPU et douze cœurs de GPU. Apple promet une hausse de 40 % des performances graphiques, et toujours les mêmes fameuses 10 heures d’autonomie que depuis des années. À l’arrière, on trouve une caméra 12 mégapixels avec une ouverture f/1.8, tandis qu’à l’avant, une caméra de 7 mégapixels réhausse un peu cette partie, souvent peu convaincante.
La configuration de base démarre avec 64 Go de stockage, pour un tarif de 739 euros.
Des apports importants pour l'iPad dans iOS 11
Mais iOS 11 possède aussi plusieurs apports majeurs pour l’iPad. Le Dock prend ainsi toute la largeur de l’écran, avec une partie prédictive à droite proposant des applications dont le système estime que l’utilisateur pourrait avoir besoin. Il peut donc accueillir un plus grand nombre d'applications. Ce Dock peut être appelé n’importe quand, y compris depuis une application.
La vue multitâche évolue grandement. Avec un glissement depuis le bas de l’écran mais allant plus loin, on se retrouve avec un affichage… qui rappelle furieusement Exposé dans macOS, qui existe depuis de nombreuses années. De là, on peut manipuler ses fenêtres pour basculer d’une application à une autre, ou encore composer sa vue partagée. La démonstration s'est étendue sur le glisser-déposer d'éléments (comme des images) entre des applications côte-à-côte, à la manière de ce que permet déjà macOS.
iOS 11 confirme également une rumeur récente : l’arrivée d’une application Fichiers. Il s’agit du Finder de macOS, avec bon nombre de capacités identiques. On peut gérer ses données, créer des dossiers, les arranger comme on le souhaite, connecter ses lecteurs distants (OneDrive, Dropbox, Google Drive…) et ainsi de suite.
Notez que ces nouveautés sont présentées comme faisant partie d’iOS 11 pour l’iPad, mais on ne sait pas si certaines seront limitées aux modèles Pro.
Apple présente son HomePod, son haut-parleur pour la maison
Disponible plus tard dans l’année, le HomePod embarque selon Apple de nombreuses technologies sonores préparées pendant plusieurs années. On retrouve donc un caisson de basse de 4 pouces accompagné d’une égalisation automatique, d’une « modélisation dynamique » et annulation de l'écho. Les aigus sont gérés par une « grille » de sept tweeters. Une réponse directe aux Amazon Echo et Google Home, largement attendue.
Au centre du HomePod, on trouve une puce A8 pour gérer l’ensemble des calculs, notamment tout ce qui touche à la spatialisation du son. Apple a largement insisté sur ce point, mais toutes les démonstrations sur écran du monde ne remplaceront pas une écoute réelle. Il faudra donc attendre de voir réellement l’enceinte en fonction pour se rendre compte de ses capacités.
Comme on s’en doute, Siri est présent pour que le HomePod puisse répondre aux requêtes, via six micros disposés à espace régulier autour de cette enceinte qui ressemble furieusement à un Mac Pro en bas résilles. Presque toutes les commandes habituelles sont gérées, comme demander la météo ou les résultats sportifs, envoyer un message, consulter le calendrier ou y ajouter un évènement, etc.
Côté sécurité, Apple indique que la reconnaissance ne commence qu’avec les mots « Dis Siri », et le HomePod n’écoute donc jamais en dehors de ces sessions. En outre, les requêtes sont expédiées avec un « Anonymous ID » et les communications sont chiffrées. En clair, la « base », mais il est toujours préférable de le dire.
Disponible en blanc et en gris sidéral, l’enceinte sera disponible en décembre pour 349 dollars, mais seulement aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie dans un premier temps.
Une conférence assez riche donc, marquée par plusieurs temps forts, dont une prévalence de Siri dont Apple renforce encore les capacités, un iOS 11 en forme d'évolution sur iPhone mais qui apporte des améliorations majeures sur l'iPad, un macOS High Sierra qui se veut un peu le nouveau Snow Leopard (refonte technique de certaines bases), un iMac Pro ou encore l'iPad Pro 10,5 pouces et le HomePod. Notez cependant que les nouveaux systèmes n'arriveront que cet automne, et que l'iMac Pro et le HomePod attendront même décembre.