Le très haut débit continue de conquérir le terrain de l'ADSL, porté par la fibre. La 4G fixe signe son arrivée dans l'observatoire de l'Arcep, à la faveur d'offres d'opérateurs mobiles et de premières offres sur des réseaux publics, même si son suivi n'est pas facilité par le régulateur.
La musique est connue, mais elle compte désormais un nouvel instrument. L'Arcep a publié les chiffres de l'Internet fixe pour le premier trimestre 2017, où s'est poursuivie la dégringolade de l'ADSL, au profit du très haut débit, en premier lieu la fibre. Pour la première fois, l'autorité intègre la 4G fixe à son observatoire, aux chiffres amalgamés avec ceux du câble à plus de 100 Mb/s, pour une raison qui nous échappe encore.
Au 31 mars, la France comptait 27,9 millions d'abonnés à l'Internet fixe, soit 250 000 de mieux que fin 2016 et 850 000 de plus qu'un an plus tôt. Cet ensemble se répartit entre le haut et très haut débit, avec pour seuil un débit descendant de 30 Mb/s. 22,1 millions de logements sont connectés en haut débit, soit 240 000 de moins en un trimestre. L'ADSL prend encore une claque, comptant pour 21,6 millions de lignes (-140 000).
Un abonné sur cinq en très haut débit
Pour sa part, le très haut débit compte 5,8 millions d'adeptes, soit 395 000 de plus sur le trimestre et 1,3 million en un an. Il compte donc pour plus de 20 % du nombre de lignes fixes actives, pour plus d'un tiers des investissements des opérateurs, qui ont atteint un record historique en 2016 selon l'Arcep. 37 % des logements qui peuvent en bénéficier y sont connectés, il reste donc encore du travail.
La fibre jusqu'à l'abonné (FTTH) est le premier pourvoyeur de clients, avec 266 000 conquêtes en trois mois et 847 000 en 12 mois. Le taux de pénétration est d'à peine 30 %, plus d'un tiers des clients n'ayant pas encore le choix de leur opérateur au point de mutualisation.

Face au FTTH, le câble à 100 Mb/s ou plus est désormais compté avec la 4G fixe, lancée notamment par Bouygues Telecom sur une bonne part de son réseau, et par SFR pour les professionnels. Ensemble, les deux technologies comptent 1,3 million d'abonnés (+15 000 face à fin 2016). Enfin, le câble sous 100 Mb/s et le VDSL2 connectent 2,1 millions de logements, soit 110 000 de plus début 2017 et 370 000 en un an.
Ce mélange entre câble rénové et 4G fixe est difficile à comprendre. Notons que les offres en 4G fixe promettent des débits théoriques supérieurs à 100 Mb/s, quand le principal acteur actuel, Bouygues Telecom, aurait pu demander à ne pas dévoiler si rapidement ses chiffres. Dans tous les cas, ce mélange de deux modes de connexion risque de complexifier certains calculs, dont celui de la limite haute des abonnés FTTH de SFR. Contactée, l'Arcep n'était pas disponible pour répondre sur le sujet.
La mutualisation, chimères des réseaux publics en fibre
Les déploiements se poursuivent, le très haut débit concentrant désormais les efforts des opérateurs. Au 31 mars, 29,6 millions de lignes cuivre sont éligibles au haut débit. En parallèle, 15,9 millions de logements sont au très haut débit, dont 12 millions à 100 Mb/s ou plus.
8,2 millions le sont via la fibre, soit 526 000 de plus qu'au trimestre précédent et 2,2 millions de mieux en un an. Sur l'ensemble du territoire, 65 % des lignes ont au moins deux opérateurs connectés au point de mutualisation. En clair, plus d'un tiers n'a pas le choix de son opérateur. La disparité est nette entre villes et campagnes. En zones très denses, 69 % des lignes ont au moins deux opérateurs, 50 % au moins trois. Sur les réseaux publics en zone peu dense, qui comptent pour 860 000 lignes, le taux de mutualisation s'effondre à 26 % ; une part qui progresse très lentement de trimestre en trimestre.
Le câble, lui, continue sa rénovation, pour atteindre un débit descendant minimal de 100 Mb/s, quand SFR fait miroiter du Gigabit généralisé dès l'an prochain. Sur 8,9 millions de lignes éligibles au très haut débit par câble, 8,3 millions proposent au moins 100 Mb/s. En un an, plus d'un million de lignes ont été mises à niveau par Altice.
Remarquons qu'à peine 3,9 millions de ces lignes câble sont en dehors des zones très denses, notamment dans des agglomérations en zone moins dense, où Orange et SFR se livrent bataille sur le déploiement de la fibre. Enfin, le VDSL2 compte 5,6 millions de lignes éligibles (+230 000 en un an).
Le cas particulier de la 4G fixe
L'Arcep ne fournit pas de données de déploiement pour la 4G fixe, encore balbutiante. Il faut dire qu'actuellement, les offres des principaux fournisseurs d'accès s'appuient aujourd'hui sur le réseau mobile, partagé avec le « fixe » via des cartes SIM dédiées.
De premiers réseaux dédiés à la 4G fixe font leur entrée, comme celui installé en Haute Garonne, ouvert commercialement en début d'année, qui met à niveau d'anciennes infrastructures WiMAX. À terme, ce sont 37 000 logements qui sont visés via le LTE. En fin d'année, NomoTech doit débuter son premier réseau TD-LTE en 3,5 GHz en Seine-et-Marne (voir notre entretien), via les fréquences 3,5 GHz, que l'Arcep devrait attribuer sur l'été, à l'issue d'une consultation publique menée en début d'année.
Cette technologie, qui doit compter pour quelques centaines de milliers de logements au mieux, selon le plan France THD, devrait donc fortement croître en termes d'infrastructures et d'abonnés dans les prochains mois. Il reste que sa prise en compte par l'Arcep, via le mélange avec le câble, ne devrait pas faciliter son suivi.