Streaming musical : l’UPFI plaide pour une répartition calculée par abonnement

Streaming musical : l’UPFI plaide pour une répartition calculée par abonnement

Même gâteau, autre couteau

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Marc Rees

Publié dans

Droit

02/06/2017 4 minutes
39

Streaming musical : l’UPFI plaide pour une répartition calculée par abonnement

Le mode de répartition des revenus issus des plateformes de streaming ne satisfait pas vraiment l’UPFI. L’union des producteurs phonographiques français indépendants demande un changement de règle sur l’autel du pluralisme.

Dans un livre blanc de 22 pages, le groupement des producteurs indépendants publie un plaidoyer en faveur d’un changement de calcul de la répartition sur le streaming illimité. « Avec près de 4 millions de personnes abonnées en France à un service de streaming musical dont 2 millions d’abonnés payants, 28 milliards de titres écoutés en streaming et un taux de progression de 55 %, nous pouvons nous réjouir de voir la France commencer à rattraper en 2016 son retard par rapport aux principaux pays étrangers ».  

Si ce mode de consommation a donc le vent en poupe, un point central cloche dans l’esprit des indés : les modèles de répartitions sur Spotify, Qobuz et les autres, calculés sur un système « per service ». En clair, la rémunération est déterminée selon le nombre d’écoutes d’un titre rapporté à l’ensemble des écoutes, par pays et par mois.

Les règles actuelles trop favorables au sommet de la pyramide

 

Or, aux yeux de ce groupement qui rassemble Because Music, Hamonia Mundi, Naïve, le Chant du Monde ou encore Tôt ou tard, une telle logique met en compétition les titres. Et dans ce combat, la part belle revient aux mastodontes, les miettes aux autres. « Cette règle tend à écraser la rémunération de la plupart des titres qui ne figurent pas dans le sommet de la pyramide [et] pourrait asphyxier à terme la production locale du fait de cette concentration ».

Avec la montée du streaming face aux ventes physique, l’UPFI revient donc à la charge pour réclamer un passage vers une rémunération « per user », selon donc une répartition des revenus déterminée par chaque abonnement. « Ce changement de paradigme ne pourra que renforcer la confiance que nous avons dans ce modèle d’exploitation qui constitue notre avenir et devrait constituer le modèle dominant à moyen terme. Nous le devons à nos artistes et nous le devons à toute la production musicale. »

La lettre de Deezer

Cette proposition suit un courrier de Deezer, adressé aux ayants droit de la musique au printemps dernier et révélé par Électron libre. « Selon Deezer, la consommation des albums ou des chansons de certains artistes sur ces services par les fans est si forte qu'elle aspire littéralement l'argent comme une sorte de trou noir ».  

Seulement, un tel chantier qui pourrait revenir sur la scène du Midem imposerait la renégociation de l’ensemble des accords passés avec tous les représentants. Pas simple ! En attendant, pour protéger davantage encore les productions locales face aux titres internationaux forts de millions d’écoutes, l’Union des producteurs indépendants demande un autre coup de pouce de la part des plateformes concernant cette fois les playlists et les moteurs de recommandation. « Faute d’autorégulation, il faudra envisager de légiférer afin d’instaurer un système de quota permettant de garantir une exposition minimale de la production francophone au sein des playlists présentes sur les services de musique en ligne ».

Au fil de son livre blanc, elle soutient comme toutes les autres SPRD, l’article 13 du projet de réforme de la directive sur le droit d’auteur, tout en rejetant la création d’une exception au droit d’auteur pour les contenus générés par les utilisateurs. Une telle exception « remettrait en question la possibilité, certes imparfaite, mais existante, de « monétiser » ces contenus qui représentent actuellement 80 % des revenus des labels indépendants provenant de YouTube. » 

Écrit par Marc Rees

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Les règles actuelles trop favorables au sommet de la pyramide

La lettre de Deezer

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Commentaires (39)


Je comprends difficilement la logique… si je vais acheter l’album de X à la Fnac, Y du rayon d’a coté devrais recevoir du blé lui aussi ?


22 pages de rapport alors qu’ils auraient très bien pu récapituler ça en 3 mots… “On veut tout”.<img data-src=" />


mais c’est quoi le trip <img data-src=" />



si tout le monde écoute david guetta, l’argent va à david guetta (je n’ai pas encore émis de jugement sur la qualité).

Si personne n’écoute du Jean-Brandon vandenBaraki : la musique de mon garage oufti ! celui-ci ne recevra pas grand chose, où est le problème, c’est “normal”








Liara T’soni a écrit :



Je comprends difficilement la logique… si je vais acheter l’album de X à la Fnac, Y du rayon d’a coté devrais recevoir du blé lui aussi ?









tpeg5stan a écrit :



mais c’est quoi le trip <img data-src=" />



si tout le monde écoute david guetta, l’argent va à david guetta (je n’ai pas encore émis de jugement sur la qualité).

Si personne n’écoute du Jean-Brandon vandenBaraki : la musique de mon garage oufti ! celui-ci ne recevra pas grand chose, où est le problème, c’est “normal”







Roo mais vous avez pas encore compris ? C’est de la culture ! Alors le simple fait de faire acte de présence dans ce secteur devrait vous permettre normalement d’avoir votre rolex à 50 ans….



tel que je le comprends, avec le système actuel (en supposant que Guetta soit écouté 1M de fois et vandenBaraki 200K), David reçoit tout et Jean-Brandon que dalle (pas simplement “beaucoup moins”)


ah…

oui, j’ai déjà entendu le fait que les superstars gagnent énormément plus que les artistes moyens.&nbsp;


C’est pas compliqué à comprendre, ce n’est pas parce que certains écoutent en boucle pendant des jours la même soupe encore et encore que ce chanteur de soupe doit avoir tout le pognon. C’est pour avoir une répartition plus proche des ventes physique, écouter en boucle la même chanson ça devrait pas compter plus que l’écouter une fois de temps en temps.



En gros avec un abonnement deezer/spotify/qobuz, même si vous n’écoutez jamais la soupe radiophonique une bonne partie de votre abonnement par dans la poche du producteur de soupe à cause des boulimiques.








Tirnon a écrit :



ce n’est pas parce que certains écoutent en boucle pendant des jours la même soupe encore et encore que ce chanteur de soupe doit avoir tout le pognon.&nbsp;





Ben plus ou moins si… sinon il me suffit d’improviser un torche tympan sur un synthé acheter à king jouet, mettre ça sur spotify, et hop je me fais des couilles en or alors que personne ne va écouter ma daube ?









Tirnon a écrit :



écouter en boucle la même chanson ça devrait pas compter plus que l’écouter une fois de temps en temps.&nbsp;



&nbsp;pourquoi ?

Si je veux écouter 10 fois david guetta, je paye 10 fois, ça ne me semble pas a première vu déconnant.



En gros prenons cet exemple où Spotify a 2 abonnés :




  • Yach paie 10 balles par mois et écoute chacun une fois 2 morceaux de 2 artistes (A et B)

  • Kevin paie 10 balles par mois et fait 300000 écoutes d’1 artiste ©



    En considérant que les artistes touchent tout (ho ho), C touchera donc [300000 / (300000+2)] = 99,9993 % des 20 euros (soit plus de 19,99 €), et A et B chacun 0,033% des 20 € (soit moins d’un centime) ?








Liara T’soni a écrit :



Je comprends difficilement la logique… si je vais acheter l’album de X à la Fnac, Y du rayon d’a coté devrais recevoir du blé lui aussi ?









WereWindle a écrit :



tel que je le comprends, avec le système actuel (en supposant que Guetta soit écouté 1M de fois et vandenBaraki 200K), David reçoit tout et Jean-Brandon que dalle (pas simplement “beaucoup moins”)



Voilà, c’est le problème avec le système actuel : les gros comme Johnny Allité ou Goldman prennent 90% du pognon reversé par la SACEM même s’ils ne représentent que 30-40% des écoutes parce qu’ils vendent beaucoup de disques (chiffres pris au pifomètre, mais sûrement assez proche de la réalité), et à côté les moyens n’ont généralement même pas un SMIC et les petits payent leur cotisation pour ne rien toucher du tout…



Oui mais le problème c’est que tu ne payes que 10 balles par mois, et si moi je paie 10 balles par mois ça me les brise que ceux que j’écoute souvent ne soient pas rémunérés








tpeg5stan a écrit :



&nbsp;pourquoi ?

Si je veux écouter 10 fois david guetta, je paye 10 fois, ça ne me semble pas a première vu déconnant.





Oep ! Un peu comme au cinéma, aller voir un film plusieurs fois ne rend pas la place gratuite.



Ou alors tu acceptes de payer plus cher une seule fois ( l’album / le blueray ) pour avoir écoute / visio illimitée.









tpeg5stan a écrit :



pourquoi ?

Si je veux écouter 10 fois david guetta, je paye 10 fois, ça ne me semble pas a première vu déconnant.







Sauf que quand tu avais une vente physique, que tu l’écoute 0 ou 1000 fois, tu payais le même prix.



De plus, il ne me semble pas (mais je peux me tromper) que les services de streaming se basent sur le détail de ce qu’écoute le client pour lui faire une facture ?



Effectivement, je comprends le problème exprimé ici.


les mecs s’il passaient le tiers du temps qu’ils passent à pleurer à faire des concerts, ils seraient tous milliardaires


<img data-src=" />&nbsp;le meilleur du ‘dredi


anéfé&nbsp;<img data-src=" />


Oui la question porte sur la répartition d’une “cagnotte” fixe (somme de tous les abonnements payants et autres revenus) en fonction du nombre d’écoute. Pas des dépenses culturelles d’une personne.








darkbeast a écrit :



les mecs s’il passaient le tiers du temps qu’ils passent à pleurer à faire des concerts, ils seraient tous milliardaires





Ces revendications ne me semblent pas alchimiques. Et l’idée de rémunérer un peu mieux les titres moins connus, plutôt que de les contraindre à se contenter de miettes de miettes face aux Booba, Jul et autres, est en théorie plus équitable.&nbsp;Si du moins le système finalement revendiqué tient cette route. &nbsp;Il faudrait pourquoi pas lancer une expérimentation concrète sur une plateforme pour voir les différences concrètes en terme de répartitions. Puis choisir en conscience. Si j’aime le jazz roumain, je préfère qu’un peu plus d’argent aille dans cet écosystème plutôt que dans la réfection de la piscine de platine de telle mastodonte US.&nbsp;



Mais les artistes du label Tôt ou Tard, pour ne citer qu’eux, font de supers concerts ;)








Yach a écrit :



En gros prenons cet exemple où Spotify a 2 abonnés :




  • Yach paie 10 balles par mois et écoute chacun une fois 2 morceaux de 2 artistes (A et B)

  • Kevin paie 10 balles par mois et fait 300000 écoutes d’1 artiste ©



    En considérant que les artistes touchent tout (ho ho), C touchera donc [300000 / (300000+2)] = 99,9993 % des 20 euros (soit plus de 19,99 €), et A et B chacun 0,033% des 20 € (soit moins d’un centime) ?





    Tu as bien expliqué le problème de la rémunération “per service” utilisée par Spotify, alors que Dezer préfère utiliser la clé de répartition “per user”, permettant de distribuer les droits en fonction de la consommation effective de chaque abonné. Toutefois, l’UPFI le reconnait-elle meme, “l’écart des rémunérations versées aux artistes entre le physique et le numérique est de l’ordre de 30% en faveur du numérique” alors que les coûts de production et d’édition ont sensiblement baissés (auto-production).



Mais non c’est pas ça le truc.



Système actuel (“per service”) avec 99 abonnées qui écoute 100 fois Rihanna donc on a 9900 écoutes de Rihanna. Et un abonné qui écoute 10 fois &nbsp;Jean-Baptiste Durand &nbsp;donc 10 écoutes de Jean-Baptiste Durand. Donc 100 abonnées à 10€ ça nous fait 1000€ réparti sur les 9910 écoutes soit 998,99 pour Rihanna et 1,01€ pour Jean-Baptiste Durand.&nbsp;



Avec le système comme le veut l’UPFI (“per user”) Les 99 abonnées qui n’ont écouté que Rihanna verront l’intégralité de la somme reversé à Rihanna (soit 990€) alors que celui qui n’a écouté que Jean-Baptiste Durand verra l’intégralité de la somme reversé à Jean-Baptiste Durand doit 10€. Avec ce système on favorise les petits artistes avec des communautés de fan et moins les artistes qui ratissent très larges.


vivivi 23 commentaires plus tard j’ai compris ^^








Liara T’soni a écrit :



vivivi 23 commentaires plus tard j’ai compris ^^





Le temps que j’écrive le commentaires il y a eu x commentaires d’ajouter… désolé&nbsp;<img data-src=" />









Liara T’soni a écrit :



vivivi 23 commentaires plus tard j’ai compris ^^





Bravo :)



Même principe que la VOD, tu payes le producteur autant de fois que tu souhaites visionner le film (4€ pour 48h de location). Ca serait illogique de rémunéré tous les films parce que tu as regardé le dernier Marvel.

Après faut se dire que c’est peut être le système du capitalisme qui va et non le système de streaming…








MarcRees a écrit :



Ces revendications ne me semblent pas alchimiques. Et l’idée de rémunérer un peu mieux les titres moins connus, plutôt que de les contraindre à se contenter de miettes de miettes face aux Booba, Jul et autres, est en théorie plus équitable. Si du moins le système finalement revendiqué tient cette route.  Il faudrait pourquoi pas lancer une expérimentation concrète sur une plateforme pour voir les différences concrètes en terme de répartitions. Puis choisir en conscience. Si j’aime le jazz roumain, je préfère qu’un peu plus d’argent aille dans cet écosystème plutôt que dans la réfection de la piscine de platine de telle mastodonte US.







Sinon tu fais comme iron maiden, ils ont demandé les chiffres des pays où ils sont le plus piraté et ils sont partis faire des concerts là bas. Et visiblement ça rapporte des sous, vu qu’ils ont leur propre avion le ed force one.



Donc il vaut mieux s’abonner à Deezer (per user) qu’à Spotify (per service) si on veut que nos sous aillent aux artistes qu’on écoute ?


Actuellement, chez Deezer comme ailleurs, la rémunération​ est “per service”, car négocié ainsi sous la “pression” des majors.



Cependant la volonté de Deezer est de faire une rémunération “per user”.

En ayant plus d’abonnés payant, Deezer aura une plus grande force de négociation pour essayer d’imposer ce type de rémunération :)


Bref, ils veulent remplacer une répartition injuste pour les uns par une répartition injuste pour les autres.



Brillant !


Il faut noter que pour une fois, ils ne demandent pas plus de pognon, juste que ce soit réparti différemment.



Et effectivement, la répartition “per user” semble plus juste pour le petits artistes mais les gros qui verraient leurs revenus chutés, ils risquent de tirer la tronche (et leur maison de production avec).








eliumnick a écrit :



Roo mais vous avez pas encore compris ? C’est de la culture ! Alors le simple fait de faire acte de présence dans ce secteur devrait vous permettre normalement d’avoir votre rolex à 50 ans….





<img data-src=" /> J’aurais pas pu dire mieux. <img data-src=" />









127.0.0.1 a écrit :



Bref, ils veulent remplacer une répartition injuste pour les uns par une répartition injuste pour les autres.



Brillant !





Pourquoi ? Après explication dans les différents commentaires, le per user me semble objectivement plus juste pour tout le monde. Cet article aurait été parfait avec un exemple chiffré pour expliquer la différence entre per user et per service.









127.0.0.1 a écrit :



Bref, ils veulent remplacer une répartition injuste pour les uns par une répartition injuste pour les autres.



Brillant !







Si tu as un autre modèle de répartition qui soit juste pour toutes les parties, merci de nous en faire part.



Dés lors que tu parles de répartition tu es déjà dans un système de rémunération qui n’est pas représentatif du travail fourni par l’artiste mais qui est représentatif de le popularité du service (=le site de streaming). La notion de “justice” devient alors totalement subjective…



Par exemple, comment répartir “de manière juste” les 10 euros d’abonnement de quelqu’un qui n’a pas du tout utilisé le service ce mois-ci ?


Abonnement 10 euros/mois, en mode “per-user”:





  • SI j’écoute 2424 l’artiste A, alors A aura 10 euros.

  • SI j’écoute 1 seule fois l’artiste A, alors A aura 10 euros.

  • SI j’écoute 2424 l’artiste A + une seule fois l’artiste B, alors A=9.99 euros et B=0.01 euro.

  • SI j’écoute une seule fois l’artiste B, alors A=0 et B=10 euros

  • Si je n’écoute rien ce mois-ci, alors mystère et boule de gomme.








Yach a écrit :



En gros prenons cet exemple où Spotify a 2 abonnés :




  • Yach paie 10 balles par mois et écoute chacun une fois 2 morceaux de 2 artistes (A et B)

  • Kevin paie 10 balles par mois et fait 300000 écoutes d’1 artiste ©



    En considérant que les artistes touchent tout (ho ho), C touchera donc [300000 / (300000+2)] = 99,9993 % des 20 euros (soit plus de 19,99 €), et A et B chacun 0,033% des 20 € (soit moins d’un centime) ?





    Ah merci pour l’exemple, c’est plus clair comme ça, je n’avais pas compris le “per user”. <img data-src=" />

    Effectivement, ça serait bien plus équitable !









127.0.0.1 a écrit :



Dés lors que tu parles de répartition tu es déjà dans un système de rémunération qui n’est pas représentatif du travail fourni par l’artiste mais qui est représentatif de le popularité du service (=le site de streaming). La notion de “justice” devient alors totalement subjective…



Par exemple, comment répartir “de manière juste” les 10 euros d’abonnement de quelqu’un qui n’a pas du tout utilisé le service ce mois-ci ?







Par définition la rémunération de l’artiste est forcément injuste car non dépendante du travail fourni mais de son accueil dans le public.



Pour ce qui est de la réparation, il me semble que grignoter un peu la rémunération des artistes les​ plus populaires pour démultiplier la rémunération des artistes les moins populaires (mais disposant de communautés de fan) ne soit pas totalement injuste. D’autant plus que les artistes très populaires avec une audience large seront pas forcément les plus impactés.