Le mode de répartition des revenus issus des plateformes de streaming ne satisfait pas vraiment l’UPFI. L’union des producteurs phonographiques français indépendants demande un changement de règle sur l’autel du pluralisme.
Dans un livre blanc de 22 pages, le groupement des producteurs indépendants publie un plaidoyer en faveur d’un changement de calcul de la répartition sur le streaming illimité. « Avec près de 4 millions de personnes abonnées en France à un service de streaming musical dont 2 millions d’abonnés payants, 28 milliards de titres écoutés en streaming et un taux de progression de 55 %, nous pouvons nous réjouir de voir la France commencer à rattraper en 2016 son retard par rapport aux principaux pays étrangers ».
Si ce mode de consommation a donc le vent en poupe, un point central cloche dans l’esprit des indés : les modèles de répartitions sur Spotify, Qobuz et les autres, calculés sur un système « per service ». En clair, la rémunération est déterminée selon le nombre d’écoutes d’un titre rapporté à l’ensemble des écoutes, par pays et par mois.
Les règles actuelles trop favorables au sommet de la pyramide
Or, aux yeux de ce groupement qui rassemble Because Music, Hamonia Mundi, Naïve, le Chant du Monde ou encore Tôt ou tard, une telle logique met en compétition les titres. Et dans ce combat, la part belle revient aux mastodontes, les miettes aux autres. « Cette règle tend à écraser la rémunération de la plupart des titres qui ne figurent pas dans le sommet de la pyramide [et] pourrait asphyxier à terme la production locale du fait de cette concentration ».
Avec la montée du streaming face aux ventes physique, l’UPFI revient donc à la charge pour réclamer un passage vers une rémunération « per user », selon donc une répartition des revenus déterminée par chaque abonnement. « Ce changement de paradigme ne pourra que renforcer la confiance que nous avons dans ce modèle d’exploitation qui constitue notre avenir et devrait constituer le modèle dominant à moyen terme. Nous le devons à nos artistes et nous le devons à toute la production musicale. »
La lettre de Deezer
Cette proposition suit un courrier de Deezer, adressé aux ayants droit de la musique au printemps dernier et révélé par Électron libre. « Selon Deezer, la consommation des albums ou des chansons de certains artistes sur ces services par les fans est si forte qu'elle aspire littéralement l'argent comme une sorte de trou noir ».
Seulement, un tel chantier qui pourrait revenir sur la scène du Midem imposerait la renégociation de l’ensemble des accords passés avec tous les représentants. Pas simple ! En attendant, pour protéger davantage encore les productions locales face aux titres internationaux forts de millions d’écoutes, l’Union des producteurs indépendants demande un autre coup de pouce de la part des plateformes concernant cette fois les playlists et les moteurs de recommandation. « Faute d’autorégulation, il faudra envisager de légiférer afin d’instaurer un système de quota permettant de garantir une exposition minimale de la production francophone au sein des playlists présentes sur les services de musique en ligne ».
Au fil de son livre blanc, elle soutient comme toutes les autres SPRD, l’article 13 du projet de réforme de la directive sur le droit d’auteur, tout en rejetant la création d’une exception au droit d’auteur pour les contenus générés par les utilisateurs. Une telle exception « remettrait en question la possibilité, certes imparfaite, mais existante, de « monétiser » ces contenus qui représentent actuellement 80 % des revenus des labels indépendants provenant de YouTube. »