Cela fait maintenant deux mois que Square Enix s'est retiré du capital d'IO Interactive, le studio à l'origine de la saga Hitman. Une annonce qui a chamboulé l'entreprise, mais l'éditeur ne compte pas pour autant complètement laisser tomber son ancienne filiale.
Il y a trois semaines, Square Enix annonçait publiquement s'être entièrement retiré du capital d'IO Interactive, qu'il détenait intégralement depuis 2009. À cette date, l'éditeur nippon a acquis son concurrent Eidos, propriétaire du studio depuis 2003.
Un changement lourd de conséquences pour l'éditeur, qui se sépare ici du studio à l'origine de la célèbre saga Hitman, portée en haute estime par le public. Motif de cette rupture effective au 31 mars 2017 : le besoin de Square Enix de « se reconcentrer sur les ressources et énergies sur des franchises et studios clé ». En filigrane, le message consistait à dire que la franchise Hitman n'est plus aussi rentable qu'avant et que l'éditeur ne voulait plus forcément aligner les fonds nécessaires à sa poursuite.
Hitman, ou la tentative d'un nouveau modèle
Il faut dire que Square Enix et IO Interactive avaient pris quelques risques avec le lancement du dernier volet de la saga. L'éditeur avait fait le pari de miser sur un modèle économique plutôt inhabituel pour un titre à gros budget. Le jeu de base était vendu pour 35 euros, puis des épisodes additionnels étaient lancés régulièrement pour un tarif plus accessible.
Un Season pass à 25 euros complétait l'offre et devait permettre aux joueurs d'obtenir le jeu dans son intégralité, à un prix jugé normal. « Il y a des gens qui vendent un jeu à 60 dollars et qui essaient de vous vendre un Season Pass à 40 dollars par-dessus, donc vous dépensez 100 voire 120 dollars pour avoir tous les trucs qui doivent arriver plus tard. On a dit non, on ne veut pas faire ça », expliquait ainsi le studio en 2015 avant le lancement du titre.
Un modèle qui marchait, parait-il
Le pari était osé, mais selon le discours d'IO Interactive, il était plutôt réussi. Fin 2016, dans un entretien à TechCrunch, Christian Elverdam, le directeur créatif du studio danois expliquait que l'expérience avait été positive : « Nous avons le sentiment que Hitman est un succès. On ne peut pas en parler trop dans le détail, mais nous sommes assez contents », éludait-il.
Plus précisément, le responsable expliquait que le lancement de chaque épisode était un moyen pour les joueurs qui n'avaient pas encore acheté le jeu de base de prendre le train en marche. Un moyen précieux pour générer plusieurs pics de ventes au fil de l'existence commerciale du titre, à une époque où le gros des revenus se fait dans les trois premières semaines après un lancement, voire sur la première dans certains cas.
Square Enix, un ex encombrant
Si Square Enix a annoncé sa sortie du capital d'IO Interactive, ce qui s'est soldé de son côté par l'annonce de 43 millions de dollars de pertes exceptionnelles, et du côté du studio par des licenciements, l'éditeur compte bien garder un œil sur son ancienne conquête.
Lors de la présentation des derniers résultats financiers de l'entreprise, Yosuke Matsuda, le président de Square Enix a indiqué vouloir « négocier avec des investisseurs extérieurs capables d'assurer le maintien d'Hitman et d'autres titres réputés ». En d'autres termes, l'éditeur aimerait toujours s'occuper de la distribution de franchises comme Hitman ou Kane & Lynch, mais plus forcément de signer le chèque permettant à ce genre de projets de voir le jour.
« Étant donné la nature de l'environnement compétitif sur les marchés occidentaux, nous avons décidé que nous avions besoin de concentrer nos ressources côté développement » assure ainsi Matsuda, sous entendant qu'Hitman ne faisait plus partie de ses plans. S'appuyant sur l'exemple de NieR : Automata il précise que la stratégie de son entreprise reste de faire développer ses titres majeurs en interne, et de sous-traîter pour les projets de moindre envergure. Une manière polie de dire que les projets d'IO n'ont plus la même importance que par le passé et qu'il est temps de passer à autre chose.