C'est presque une tradition, Iliad est le dernier des quatre principaux groupes télécom en France à présenter ses résultats financiers. La maison mère de Free s'en tire plutôt bien, avec une croissance des abonnés sur le marché fixe, tirée par la fibre.
Premier trimestre oblige, Iliad n'est pas très loquace concernant ses données financières, le groupe ne dévoilant ses résultats complets qu'à la fin du premier semestre, et de l'année. Cela étant, il est déjà possible de confirmer certaines tendances.
La petite bête qui monte, qui monte...
Sur les trois premiers mois de l'année (PDF), Iliad a signé un chiffre d'affaires de 1,224 milliard d'euros, en progression de 6,9 % sur un an. La croissance est toutefois inégale entre les activités dans l'Internet fixe, et celles touchant aux communications mobiles.
Sur le fixe, Iliad totalise 697,8 millions d'euros de revenus, soit 5 % de mieux que les 664,6 millions comptabilisés un an plus tôt. Côté mobile, la croissance annuelle est de 9,3 %, avec des recettes de 528,6 millions d'euros. Des progressions que l'opérateur doit principalement à une bonne dynamique de recrutement d'abonnés.
Toujours plus d'abonnés chez Free Mobile
Du côté des recrutements, Iliad est à la fête et revendique pour la 21e fois consécutive la palme de l'opérateur ayant gagné le plus de clients sur le marché mobile. Free Mobile compte en effet désormais 12,94 millions d'abonnés, soit 240 000 de mieux qu'il y a trois mois.
Voici donc un état des lieux du marché mobile français, clients M2M exclus, à date du 31 mars 2017. Les opérateurs n'utilisant pas toujours les mêmes critères pour mesurer la taille de leur base de clients, il ne s'agit d'un classement qu'à titre indicatif.
- Orange : 20,862 millions de clients forfait mobile hors MVNO (+87 000 en trois mois, +557 000 en un an)
- SFR : 14,513 millions de clients mobile grand public (-111 800 sur trois mois, -632 800 sur un an)
- Free Mobile : 12,940 millions de clients mobile (+240 000 sur trois mois, +1 040 000 sur un an)
- Bouygues Telecom : 10,773 millions de clients mobile (+91 000 sur trois mois, +522 000 sur un an)
Parmi la base de clients de Free Mobile, 6,3 millions ont accès au réseau 4G de l'opérateur, qui grâce au déploiement de « près de 1 500 sites nouvellement équipés en 1 800 MHz et près de 100 nouveaux sites raccordés en 700 MHz » sur les trois derniers mois, a porté sa couverture à 80 % de la population. Soit une progression de 4 points en un an.
Il est d'ailleurs à noter que le groupe se félicite que sur les trois derniers mois, 80 % des recrutements nets se sont portés sur son forfait haut de gamme à 19,99 euros (hors réduction pour abonnés Freebox). Comme d'habitude, Free ne communique pas sur l'ARPU de ses offres mobiles.
La fibre gagne du terrain chez Free
Sur le marché fixe, Free revendique 66 000 nouveaux clients sur les trois derniers mois, « soit une part de 35 % des recrutements nets du marché », un score honorable dans un secteur où quatre acteurs s'affrontent. Cela permet au fournisseur d'accès de conforter sa deuxième place sur ce marché, portant le total d'abonnés de Free à 6,451 millions.
Ce résultat permet de dresser le classement suivant :
- Orange : 10,962 millions d'abonnés (+73 000 en trois mois, +392 000 en un an)
- Free : 6,451 millions d'abonnés (+ 66 000 sur trois mois, +235 000 sur un an)
- SFR 6,079 millions d'abonnés (-34 600 sur trois mois, -274 000 sur un an)
- Bouygues : 3,189 millions d'abonnés (+88 000 sur trois mois, +330 000 sur un an)
Free se revendique également comme étant le deuxième opérateur FTTH du pays, en nombre de clients. Le groupe de Xavier Niel en compte désormais 369 000 (+59 000 en trois mois), ce qui est bien plus que les 144 000 annoncés par Bouygues Telecom hier, mais très loin du million et demi ayant signé chez Orange. Cette deuxième place reste toutefois difficile à confirmer en l'état, SFR mélangeant les abonnés FTTLA (câble) et FTTH sous l'appellation « fibre » dans ses présentations aux investisseurs. Free revendique également 4,8 millions de prises raccordable en fibre, soit 400 000 de plus qu'il y a trois mois.
Néanmoins, en s'appuyant sur les chiffres publiés par l'Arcep sur l'état du marché fin 2016, il est possible d'obtenir la limite haute du nombre de clients FTTH de SFR. Il suffit de soustraire aux 2,185 millions de lignes FTTH actives au sens de l'Arcep, le nombre de clients déclarés par chacun des trois opérateurs dévoilant cette donnée.
Le résultat final est toutefois imparfait. Les opérateurs et l'autorité n'ayant pas exactement la même méthode de comptage des abonnements actifs, ce qui peut causer un biais de quelques centaines de lignes. De plus, étant donné le nombre d'opérateurs alternatifs présents sur les RIP, il n'est pas possible d'attribuer l'ensemble du reste à SFR. Voici néanmoins une estimation de la répartition du marché du FTTH en France :
Il apparait très clairement qu'Orange fait mieux que tirer son épingle du jeu, en occupant les deux tiers du marché et laissant aux autres des parts plus minces que celles sur le haut débit fixe.
Un ARPU fixe dans le bon wagon
En matière de revenu moyen par abonné (ARPU) par contre, c'est SFR qui caracole en tête avec 35,9 euros, bien aidé par ses offres « convergentes » côté médias. Elles lui permettent de faire grimper le prix hors taxes sans toucher au tarif TTC, à l'aide d'optimisations sur la TVA appliqués aux remises consenties au client. Free est deuxième avec un ARPU relativement stable sur un an (+0,1 euro), suivi de près par Orange.
Bouygues Telecom, qui se distingue de ses concurrents en proposant du triple play en ADSL à prix réduit dans les zones dégroupées, est enfin loin derrière, avec un ARPU plus bas de 7 à 9 euros par rapport au trio de tête.
En bourse, les marchés n'ont pas répondu très favorablement à ces annonces, sanctionnant plutôt l'action Iliad avec une chute de 4 % au moment où nous rédigeons cette actualité. L'entreprise fondée par Xavier Niel est désormais valorisée à 13,1 milliards d'euros, soit 22 % de plus qu'au 1er janvier, ou 14 % de mieux qu'il y a un an.