Cette année, Google étend encore l'emprise de son Assistant avec une arrivée sur de nouveaux appareils, dont les terminaux iOS. Android se voit encore optimisé, avec l'arrivée du langage Kotlin à partir de la prochaine version, O. YouTube subit des évolutions modestes, quand le groupe annonce ses premiers casques de VR « autonomes ».
Sans surprise, Sundar Pichai commence sa conférence pour développeurs par une farandole de nombres finissant par milliards : un milliard d'utilisateurs des services Google, un milliard d'heures de vidéo vues par jour sur YouTube, un milliard de kilomètres navigués par jour sur Google Maps, 1,2 milliard de photos mises en ligne ou encore un demi-milliard d'utilisateurs de Google Photos. Surtout, Android est désormais installé sur deux milliards d'appareils, se félicite le groupe californien.
Comme l'an dernier, il affirme sa refocalisation du mobile vers l'intelligence artificielle, appliquée dans tous leurs produits, par exemple pour la recherche ou la reconnaissance de pancartes dans Street View. Bien entendu, ces capacités doivent servir à dépasser les capacités humaines, par exemple pour la reconnaissance d'objets dans les images... Avec des algorithmes qui produiraient moins d'erreurs que la vision humaine.
Plus concrètement, les Smart Reply (réponses automatisées) inaugurées dans Inbox sont ouvertes à l'ensemble des utilisateurs de Gmail.
L'intelligence artificielle au cœur
L'entreprise présente aussi Google Lens, un outil censé être intégré dans Google Assistant et Photos, conçu pour reconnaître en temps réel des objets pointés par un smartphone. Cela peut aller d'une fleur aux identifiants d'un réseau Wi-Fi (avec connexion en un appui) en passant par des commerces, avec en surimpression les données de Google (comme les avis clients).
Les centres de données doivent aussi devenir « AI first », avec de nouveaux « Cloud Tensor Process Units (TPU) » focalisés sur le machine learning, censés être disponibles dans Google Compute Engine. Chacun doit pouvoir fournir jusqu'à 180 teraflops en virgule flottante. Cette concentration sur l'intelligence artificielle contribuerait à des avancées médicales (par exemple sur le séquençage ADN) ou dans le travail théorique en chimie. L'entreprise n'évoque bizarrement pas la publicité, préférant insister sur les avancées de son moteur de recherche et de son Assistant.
Google Assistant voit ce que vous voyez, bientôt sur iOS
Lancé l'an dernier, l'assistant personnel de Google comprend désormais les conversations écrites sur smartphone, et plus seulement orales. Avec la reconnaissance de Google Lens, il devient possible de traduire un menu en temps réel ou d'avoir une discussion contextualisée tenant compte de ce qui apparait devant l'appareil photo. Une affiche de concert permettra, par exemple, de commander des tickets pour l'événement ou de l'enregistrer dans son calendrier.
L'application deviendra aussi disponible sur iOS, même si la date n'est pas encore précisée. Comme « Chromecast built-in », le groupe veut voir son assistant sur tous les appareils, via un SDK et le programme « Assistant built-in », affichant une longue liste de partenaires, dont des grands noms du multimédia comme Onkyo, Panasonic ou Sony. Assistant devient aussi disponible en français, allemand, espagnol, japonais et portugais.
Les actions tierces des Actions on Google fonctionneront bientôt sur l'Assistant, destiné à devenir central, notamment sur mobile. Il intégrera aussi le service de paiement maison, pour effectuer des achats sans passer par un site ou une application tierce.
Google Home bientôt en France
Google Home gagne aussi en capacité, avec plus de 70 entreprises de domotique partenaires. L'enceinte connectée sera commercialisée en France, en Allemagne, en Australie, au Canada, au Japon et au Royaume-Uni... Avec le support de plusieurs utilisateurs, une demande de longue date. Le lancement dans l'Hexagone est prévu pour cette année, à un tarif encore inconnu. Pour référence, l'objet est commercialisé 129 dollars outre-Atlantique.
Dans les prochains mois, doit arriver une Proactive Assistance qui suggère des actions en fonction du contexte. C'était déjà la promesse des cartes de Google Now, que remplace Assistant. Doivent aussi arriver les appels mains libres via Google Home (gratuitement vers les lignes fixes au Canada et aux États-Unis), en reconnaissant la voix pour piocher dans le carnet d'adresses.
Côté musique, les comptes gratuits de Spotify doivent devenir compatibles avec l'enceinte. Deezer et SoundCloud (qui peine encore financièrement) doivent rejoindre la longue liste des services de streaming compatibles.
Enfin, les 50 millions de Chromecast et appareils compatibles fourniront, via une mise à jour, des réponses visuelles via l'Assistant. Il sera par exemple possible d'afficher une interface basique pour Netflix ou YouTube, listant les résultats d'une recherche laissée via l'Assistant sur un téléphone.
Le partage, nouveau centre de Google Photos
Le groupe mise aussi beaucoup sur Google Photos, qui doit stocker la majorité de vos photos, en résolution native pour les propriétaires d'appareils maison. Cette année, l'entreprise mise sur le partage automatisé, via des suggestions en partie fondées sur les habitudes.
Un scénario typique est un événement dans lequel le service reconnaît des personnes, regroupe les photos, sélectionne les meilleures et propose des destinataires... avec avertissement par email ou SMS pour les personnes ne disposant pas d'un compte.
L'autre méthode s'appelle « bibliothèques partagées ». Il doit ainsi être possible d'envoyer automatiquement des clichés. Par exemple, fournir à une personne des photos d'elles, à partir du moment où le service la reconnaît. Le tout est prévu sur Android, iOS et web dans les prochaines semaines.
L'intégration de Google Lens est annoncée dans les prochaines semaines, pour aider à la reconnaissance des images, par exemple pour interagir avec les contenus.
Enfin, la société se lance dans l'impression de livres photo, pour le moment aux États-Unis via la version web du service. La promesse : des albums photo composés en quelques minutes, l'outil choisissant les meilleures images en fonction des paramètres voulus. Ils sont vendus à partir de 9,99 dollars. Les applications Android et iOS doivent le proposer dans les prochaines semaines, et « bientôt » dans d'autres pays.
YouTube à 360 degrés et Super Chat
Si 60 % du temps de visionnage sur YouTube intervient sur mobile, la plus forte progression reste celle sur TV (+90 % en un an). Disponible sur 500 millions de TV et appareils connectés à une TV, l'application se dotera bientôt de la compatibilité avec les vidéos en 360 degrés... y compris en direct. Un ajout appréciable, le salon étant jusqu'ici délaissé sur cette fonction.
L'entreprise mise également sur son Super Chat, soit les messages payants mis en valeur dans le flux des réactions à une vidéo en direct, sorti il y a trois mois. Via une nouvelle API, le service promet de déclencher des actions dans le monde physique selon le message envoyé. Le service mise par ailleurs beaucoup sur un message de diversité et de défense des minorités, sans pour autant annoncer de nouveauté à leur endroit.
Android O Developer Preview 2, plus fluide et « optimisé »
Du côté d'Android O, attendu pour cet été, Google présente une nouvelle fois le picture-in-picture, qui permet d'afficher une vidéo en surimpression du système, comme il était déjà promis dans Android. Sur l'écran d'accueil, des pastilles doivent s'afficher sur les applications avec des notifications en attente, comme le propose déjà iOS. Un nouveau Launcher pour Android TV avec plus de suggestions (et Assistant) est aussi promis, plus tard dans l'année.
L'auto-complétion de Chrome s'étend, pour sa part, aux applications, par exemple pour se connecter sur l'application Android Twitter à partir des identifiants stockés dans le navigateur.
Enfin, Google évoque TensorFlow Lite, une version allégée de son outil de machine learning destiné à tourner uniquement sur l'appareil, par exemple pour suggérer des actions (comme envoyer un mail via l'app Gmail en sélectionnant une adresse). Son code doit être libéré via le projet TensorFlow. Une « neural network API », accélérée matériellement, est aussi prévue via une mise à jour ultérieure d'Android O.
Après ces Fluid Experiences, l'entreprise s'est concentrée sur les Vitals. Le premier est le Google Play Protect, pour surveiller les applications, directement sur l'appareil, à la recherche de malwares ou de comportements malveillants... Une action jusqu'ici surtout effectuée à l'envoi d'une application.
Par ailleurs, le système accueille un nouveau style visuel pour ses emojis. Adieu les blobs.
Des optimisations diverses doivent aussi réduire le temps de démarrage et le temps d'exécution de certaines applications, en pouvant être divisés par deux dans certains cas. Des limites concrètes sont aussi fixées par le système pour les tâches de fond, pour réduire les drains de batterie abusifs. Rappelons aussi Project Treble, annoncé récemment, conçu pour simplifier drastiquement le processus de mise à jour.
L'ensemble de ces changements sont intégrés à la Developer Preview 2, disponible en quelques clics via le programme Android Beta. Une fois un appareil inscrit, une notification proposant l'installation est reçue sur celui-ci. Sont compatibles les Nexus 5X, 6P et Player, ainsi que les Pixel (XL) et Pixel C.
Android accueille le langage Kotlin
Pour les développeurs, le groupe californien annonce les Play Console Dashboards. Leur but : afficher les problèmes repérés dans leurs applications, avec la part d'utilisateurs affectés et des suggestions de solutions. Android Studio, lui, se dotera d'outils de profilage dans une ligne chronologique unifiée, servant notamment à contrôler la consommation de ressources.
Surtout, est annoncée l'arrivée du langage de programmation Kotlin, avec Android O. Google cofonde une fondation destinée à soutenir le langage en partenariat avec Jet Brains (dont les outils sont à la base d'Android Studio).
Un nouveau programme pour les terminaux peu puissants (sous 1 Go de RAM) est aussi lancé : Android Go. Il s'agit d'optimisations spécifiques du système et des applications propriétaires de la société, avec un Play Store signalant les logiciels destinées aux appareils peu puissants. YouTube Go, lui, doit permettre le téléchargement de vidéos, l'aperçu et le partage hors-ligne.
Pour sa part, la version pour l'Internet des objets, Android Things, doit être lancée « complètement » en fin d'année. Il est pour le moment disponible dans 60 pays.
Des casques de réalité virtuelle « autonomes »
Le programme de réalité virtuelle Daydream continue aussi d'évoluer, après une intégration dans Android Nougat l'an dernier. Les Galaxy S8 (Plus) de Samsung l'intègreront via une mise à jour logicielle cet été.
Surtout, Google annonce l'arrivée de casques de réalité virtuelle autonomes, « sans câble, téléphone ou PC » d'ici la fin de l'année. Les deux premiers modèles seront conçus par HTC et Lenovo, déjà partenaire sur Tango (modélisation 3D via un smartphone). Qualcomm, lui, proposera des designs de référence pour ces casques, qui doivent fournir un suivi des mouvements amélioré, avec des capteurs pour repérer l'environnement.
Du côté de la réalité augmentée, les smartphones équipés de Tango sont encore une rareté. Google annonce le Zenfone AR d'ASUS, prévu pour l'été. Tango doit aussi être intégré à Google Maps pour créer le Visual Positioning Service, permettant de suggérer une navigation à pied dans des bâtiments, par exemple pour se repérer dans un grand magasin.
Google et la recherche d'emploi
Enfin, Google for Jobs vise à aider les Américains à trouver un emploi, directement depuis le moteur de recherche. Celui-ci s'appuiera, à partir des prochaines semaines, sur des services comme Facebook, GlassDoor, LinkedIn et Monster pour suggérer des emplois sur certaines requêtes. L'interface, elle, s'adaptera avec des filtres spécifiques. L'arrivée dans d'autres pays est promise, à une date non précisée. Une nouveauté qui ne fera probablement pas les affaires des sites spécialisés, comme Monster ou Randstad Tech, de la même manière que Google Shopping n'a pas aidé les comparateurs de prix.
Globalement, cette Google I/O est dans les clous de l'édition précédente avec un peu de services, d'Android et de réalité virtuelle. Une nouvelle fois, l'intelligence artificielle s'immisce dans l'ensemble des produits et s'étend dans de nouvelles contrées (dont iOS), avec la promesse renouvelée de la prédiction des besoins et des envies de partage. Notons enfin l'absence cruelle de certains services lancés en grande pompe l'an dernier, en tête Allo et Duo, qui semblent victimes des cafouillages du groupe en matière de messagerie.