Le cinéma français ne connaît pas la crise selon le dernier bilan du CNC

Sale temps pour le DVD
Economie 8 min
Le cinéma français ne connaît pas la crise selon le dernier bilan du CNC
Crédits : Infografick/iStock

Le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) a publié un épais rapport présentant un état des lieux de l'ensemble des secteurs qu'il pilote en France, de la télévision au cinéma, en passant par la distribution de DVD, et la vidéo à la demande. Nous l'avons épluché.

L'industrie du cinéma, et plus largement de l'image animée, est un secteur économique important en France. Le CNC n'a eu cesse de le rappeler dans son dernier bilan annuel.

En moyenne, chaque foyer français consacre en effet un budget de 373 euros par an pour les programmes audiovisuels, dont 199 euros pour la télévision, 92 euros pour le jeu vidéo, 50 euros au cinéma et 34 euros dans l'achat de vidéos, sur DVD/Blu-ray ou à la demande. Autant de marchés sur lesquels le CNC garde un œil attentif. 

L'équipement des français évolue

Si globalement, les dépenses des français dans les contenus audiovisuels ont augmenté, passant de 10,3 à 10,4 milliards d'euros entre 2015 et 2016, l'équipement des foyers a quant à lui nettement évolué sur de nombreux points ces dernières années.  

La télévision perd ainsi du terrain. Si en 2012 98,3 % des foyers étaient équipés d'un téléviseur, en 2016 ils n'étaient plus que 94,9 %. Concrètement, environ 400 000 ménages ont ainsi remis au placard leur petite lucarne. Avec le renouvellement progressif du parc, la part des modèles connectés gagne du terrain : 25,1 % des foyers en sont équipés aujourd'hui contre 20,9 % l'an dernier.

Les lecteurs de DVD n'ont plus la cote non plus, puisqu'on ne les retrouve plus que dans 70 % des foyers contre 86 % en 2012. Les platines Blu-ray (consoles et ordinateurs inclus) voient quant à elles leur taux de pénétration se stabiliser entre 28 et 29 % depuis quatre ans. Même évolution pour les consoles de jeux, qui stagnent autour de 51-52 % depuis 2013.

Les seuls appareils à enregistrer une forte croissance de leur taux de pénétration, ne sont autres que les tablettes et les smartphones, ou les ordiphones comme le CNC les appelle. Les premières sont présentes dans 43,5 % des foyers (41,4 % en 2015) et les seconds dans 72,5 % d'entre eux (62,3 % en 2015).

La bonne forme du cinéma français

Les salles de cinéma se sont bien remplies en 2016. Avec 213,1 millions d'entrées vendues, le CNC enregistre une progression de 3,8 % par rapport à 2015. Il s'agit en outre du troisième plus haut niveau enregistré depuis 50 ans, derrière ceux de 1966 (234,2 millions d'entrées) et de 2011 (217,2 millions). 

CNC Bilan 2016CNC Bilan 2016

Le prix moyen par place a lui aussi progressé de 0,4 % pour s'établir à 6,51 euros TTC en moyenne. Le CNC note tout de même d'importantes variations dans la structure du prix des entrées.

Ainsi, si 43,5 % des places vendues le sont à un tarif compris entre 5 et 6,99 euros, la part des extrêmes progresse aussi. 17,8 % des tickets ont trouvé preneur à des prix compris entre 4 et 4,99 euros, et 10,2 % des places ont été vendues à plus de 10 euros. 184 000 places ont par ailleurs été vendues entre 20 et 30 euros l'unité.

La répartition des recettes au guichet, qui a atteint 1,388 milliard d'euros en 2016 (+4,2 % sur un an), se fait entre cinq grands pôles. Les distributeurs ont empoché 42,4 % de ce pactole, tandis que les exploitants de salles ont récupéré un morceau légèrement plus petit, avec 40,3 %. Les miettes sont partagées entre la TSA (10,7 %), une taxe sur le prix des entrées reversée au CNC, la TVA (5,3 %) et une contribution à la SACEM pour 1,3 %. 

CNC Bilan 2016CNC Bilan 2016

En termes de recettes, les films français ont cette année encore eu la cote auprès du public. 35,8 % des recettes en salles sont en effet attribuées à ces œuvres, qui totalisent 75,1 millions d'entrées. Le CNC rappelle par ailleurs qu'il s'agit de la part la plus élevée parmi les 5 grands pays européens, l'Italie arrivant en deuxième position avec 28,7 % de recettes pour les productions locales, et le Royaume-Uni à la dernière place, avec seulement 7,4 % de contenu national. 

Le nombre de salles repart à la hausse

La France se distingue aussi de ses voisins européens avec un parc de salles de cinéma nettement plus denses. On compte ainsi 9,2 écrans pour 100 000 habitants, nettement plus qu'en Espagne (7,7) ou qu'en Allemagne (5,8) avec un total de 5 842 écrans, répartis dans 2 044 établissements.

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Si le nombre de cinémas en activité n'est reparti à la hausse que depuis trois ans avec l'ajout d'une vingtaine de sites, la quantité d'écrans qu'ils proposent connait quant à elle une croissance continue, d'environ 10 % sur les dix dernières années. Le nombre de fauteuils disponibles a grimpé de 7,5 % sur la même période, à 1,099 million, soit une moyenne de 538 places par établissement (+8,1 % depuis 2007). Si les petites salles (celles générant moins de 80 000 entrées par an) sont nombreuses et comptent pour 73 % des établissements, elles ne représentent par contre que 15 % des entrées.

Une fiction bleu-blanc-rouge à la télévision 

Le CNC s'est également penché sur la nature de l'offre de fiction à la télévision. Pour la première fois depuis 2009, si l'on regarde l'origine des œuvres diffusées en première partie de soirée, le nombre de fictions françaises (326) excède celui des œuvres américaines (316).

Les contenus européens ont quant à eux atteint un pic avec 158 soirées. Certaines de ces fictions ont connu un véritable succès, comme Le Secret d'Élise sur TF1, qui a compté 8,4 millions de téléspectateurs.

	  CNC Bilan 2016	  CNC Bilan 2016

Du côté des films, 2 480 œuvres ont eu le droit à une diffusion télévision en 2016, dont 31 % d'inédits. Sur ce total, 45 % sont des films français. La meilleure audience de l'année pour un long-métrage est d'ailleurs à mettre au compte d'une œuvre hexagonale : Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu, avec 10,8 millions de téléspectateurs sur TF1.

Cela en surprendra peut-être certains, mais Arte est la chaîne nationale gratuite qui a diffusé le plus de films en 2016, avec un total de 458. La deuxième marche du podium est occupée par France 3, avec 178 films, la troisième par C8, avec 155 longs-métrages.

	  CNC Bilan 2016	  CNC Bilan 2016

Le CNC note également un recours de plus en plus fréquent aux rediffusions dans les grilles de programmes des chaînes gratuites. 42,2 % des films diffusés en 2016 sur ces canaux l'avaient aussi été l'année précédente, contre 9,6 % en 2006.

Une petite surprise est par ailleurs venue se glisser parmi les œuvres les plus rediffusées à la télévision depuis 10 ans : Les 11 commandements de Mickaël Youn avec 17 passages en 10 ans, soit autant que Les Bidasses en folie et Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ.

La mort du disque, l'essor de la vidéo à la demande (par abonnement)

Si les audiences de la télévision se portent bien, on ne peut pas vraiment en dire autant pour la vente de DVD et de Blu-ray. Depuis 2010, elles sont en chute libre et 2016 n'a pas permis d'inverser la tendance. Avec 595,5 millions d'euros de recettes, le secteur enregistre un repli de 15,8 % par rapport à 2015. 

Ce recul n'est pas seulement dû au désamour des Français pour le DVD, dont les ventes ont plongé de 16,8 %, mais également au marché du Blu-ray qui lui aussi fonce droit vers les abîmes, avec une contraction de 12,8 % sur un an. 

CNC Bilan 2016CNC Bilan 2016

Heureusement pour les ayant-droits, le marché de la vidéo à la demande compense en partie cette évolution négative des ventes physiques. Les recettes de la VàD s'élèvent ainsi à 344,1 millions d'euros, en progression de 8,3 % sur un an. Cette hausse le secteur le doit principalement aux revenus de la vidéo à la demande par abonnement (type CanalPlay ou Netflix), qui atteignent 109 millions d'euros, après avoir connu une hausse de 32 %. La location unitaire est par contre en recul (-4,5 %) contrairement à l'achat (+13,3 %). 

Avec tous ces chiffres en tête, le ministère de la Culture a réagi au rapport du CNC en soulignant que la France est « le premier marché européen du cinéma, en nombre de salles et en fréquentation ». Le ministère relève aussi qu'il s'agit d'un loisir toujours très apprécié par la jeunesse, 82 % des moins de 25 ans ayant été au moins une fois dans une salle obscure cette année, contre 67,8 % de l'ensemble des Français.

Dernier point satisfaisant la rue de Valois, plus d'un film exploité sur deux était classé Art et Essai. « un chiffre symptomatique de l’attachement profond à ce cinéma de cœur et d’esprit plus que d’argent » selon le ministère.

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