Alien est de retour, ou tout du moins la genèse de la saga. Ainsi, avec Covenant, Ridley Scott veut nous faire découvrir ce qui est arrivé aux ingénieurs mais aussi au duo de Prometheus. Pari réussi ?
Ce serait peu dire que d'affirmer qu'avec son Prometheus, Ridley Scott a déstabilisé les fans de la saga Alien. Il y a néanmoins deux choses que l'on ne pourra pas venir lui reprocher : avoir tenté de donner de la profondeur à une franchise aux mécaniques parfois assez basiques et savoir nous proposer des images d'une beauté sans pareille, dans un univers qui se veut aussi parfaitement effrayant.
Malheureusement, l'enfer est pavé de bonnes intentions. Outre la critique la plus facile, l'absence quasi totale de xénomorphes, on ne pouvait qu'être désarçonné face à un scénario si énigmatique. L'idée de départ avait pourtant tout pour être une réussite : expliquer la genèse de ces ennemis dont la perfection génétique n'a d'égal que leur froideur, faire découvrir le rôle des ingénieurs, mais aussi de la société Weyland.
De ce premier opus, on gardait néanmoins quelques belles surprises. Le personnage d'Elizabeth Shaw tout d'abord, dans la droite lignée de cette bonne vieille Ellen Ripley. Mais aussi de l'androïde David (8), une petite révélation dont il nous était alors impossible de savoir s'il s'agissait d'un génie visionnaire ou d'une machine totalement boguée.
Bref, la déception était grande, mais l'on ne pouvait s'empêcher de se dire qu'une suite serait la bienvenue. Pour explorer les zones d'ombres, en dire plus sur les ingénieurs et surtout savoir comment tout cela allait se rattacher au premier Alien. Nous avions alors accueilli l'annonce de Covenant comme un espoir. Malheureusement, il a été déçu.
Un point de départ désolant
Commençons par le commencement. Prometheus se terminait (attention, spoiler) sur le départ d'Elizabeth Shaw de la planète LV-223 vers celle des ingénieurs, avec ce qui restait de David. Covenant intervient 10 ans plus tard, en 2104. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que son synopsis n'annonçait pas une très bonne nouvelle tant il sentait le recyclage.

On découvre en effet un équipage dans un vaisseau, l'USCSS Covenant (qui signifie engagement), contenant 2 000 colons et 1 000 embryons humains. Tout le monde est en sommeil sous la supervision de l'IA maison, mère (ça pue hein ?) et de Walter, un androïde qui reprend les traits de David. Qu'est-ce qui pourrait mal se passer ?
Tout ce petit monde vogue vers une planète aux propriétés parfaites, qui doit être colonisée. Mais en chemin, une avarie imprévisible va semer le chaos et ralentir l'équipe. Elle aura alors un choix à faire... et rien ne va se passer comme prévu.
Plus d'action, peu de surprises
Il est compliqué de parler de Covenant sans rien dévoiler de son intrigue, tant celle-ci est mince. Nous n'irons néanmoins pas plus loin que ce que dévoile sa bande-annonce pour vous garder les rares surprises intactes. C'est d'ailleurs l'un des plus gros points faibles du film : son scénario est d'un prévisible étonnant. Il est presque possible de décrire chaque scène avant qu'elle n'arrive, de voir dans les quelques indices laissés ici et là presque toute la trame de ce qui nous attend.
Scott semble néanmoins avoir cherché à apprendre de ses erreurs avec Covenant : il en dit un peu plus, et surtout, il rééquilibre un peu les choses concernant les basiques de la saga, à savoir les bons gros meurtres par des xénomorphes qui ont un sacré goût pour la mise en scène.
Ainsi, le film est rythmé, rentre très vite dans le dur, et ne lâche pas le spectateur jusqu'à son final. On regrettera tout de même le manque de « flippe » générée, bien que l'équilibre soit un peu meilleur entre l'action pure et le développement de l'histoire que l'on veut nous conter.
La création, c'est son projet !
Celle-ci n'est d'ailleurs qu'un prétexte à une réflexion poussée, à travers l'omniprésence des androïdes qui ont un rôle bien plus important que dans le reste de la saga. Car dans la genèse initiée par Prometheus il est avant tout question d'évolution, de la création et de notre relation à l'intelligence artificielle.

Au final, qui montrera son pire aspect et qui sera au sommet de la chaîne alimentaire : l'Homme, la bête ou la machine ? Une dimension qui a tout de même du mal à trouver sa place entre deux meurtres. Et malheureusement, si l'on voit parfois où Scott veut en venir, il ne pousse pas les choses assez loin et nous laisse sur notre faim.
Pour une partie, cela se comprend mieux lorsque l'on sait qu'un troisième opus est prévu : Awakening. Celui-ci doit venir raconter ce qu'il s'est passé pendant les dix années qui séparent Prometheus de Covenant. Ainsi, de nombreux éléments apparaissent ici comme une ombre sans jamais aller au bout des choses. Presque une torture.
Rééquilibrer l'action n'était pas suffisant
Il en va de même pour à peu près tout dans le film qui est un enchevêtrement d'éléments non finalisés. Comme dans Prometheus, les personnages n'ont que peu d'épaisseur, comme pour nous rappeler qu'ils sont destinés à se faire évider un à un dans les minutes qui suivent.

Comme toujours, l'héroïne réussit à trouver sa place, avec une Daniels Branson (Katherine Waterston) plutôt convaincante (que dire de son mari, aka James Franco ?). Mention spéciale aussi pour Tennessee (Danny McBride) qui n'a pas son pareil pour jouer le pilote bipolaire qui alterne sans cesse entre une certaine efficacité et un niveau de panique total. Les plus attentifs noteront aussi un bel hommage rendu à Assassin's Creed (ainsi qu'à Brice de Nice).
Autre point fort, sur lequel Ridley Scott ne déçoit presque jamais : les effets spéciaux et l'univers. Tout est parfaitement pensé, les phases spatiales sont franchement réussies, la planète parfaitement filmée. Bref, on en prend plein les mirettes et rien que pour cela, les amateurs de science-fiction peuvent donner une chance à Covenant.
La troisième sera la bonne ?
Si Prometheus posait des bases un peu bancales, cette suite est surtout un film de transition. Comme souvent dans ce genre de cas, on se retrouve avec un goût de trop peu au fond de la gorge. Si le premier opus n'avait pas déjà été une déception, cela aurait pu passer. Mais on a pour le moment l'impression d'un véritable gâchis par rapport à tout ce que cela aurait pu être. Espérons maintenant qu'Awakening fera mieux... si l'on décide d'aller le voir.
Finissons par une question qui se pose une fois le film terminé : en amont de la sortie du film, AMD a diffusé une vidéo promotionnelle nous expliquant que Walter exploitait un processeur maison. Au final, est-ce une bonne chose pour la marque ou non ? Vous avez deux heures (et deux minutes).
À l'heure où nous écrivons ces lignes, Alien : Covenant a droit à une note de 3,2 chez Allociné, 5,5 chez Sens Critique et 7,2 chez IMDb.