Durant sa conférence dédiée à l’éducation, Microsoft a présenté son Surface Laptop. Une machine assez haut de gamme, avec un tarif dans le même ton, mais qui aurait peut-être des difficultés à rencontrer son public.
La conférence de Microsoft sur l’éducation s’est terminée sur la présentation d’un ordinateur portable, nouveau membre de la famille Surface. Nommé simplement Laptop, il se veut ce qu'un étudiant pourrait vouloir de mieux. Dans la pratique, il s’agit plutôt d’une machine générale que d’autres catégories d’acheteurs peuvent tout à fait viser. S’ils en ont les moyens.
Des configurations à la carte… en quelque sorte
Gamme Surface oblige, on pouvait s’attendre à ce que le Laptop ne soit pas bon marché, particulièrement en France. C’est effectivement le cas, quelle que soit la déclinaison.
Le Surface Laptop est proposé en quatre versions :
- Core i5, 4 Go de RAM, 128 Go de stockage : 1 149 euros
- Core i5, 8 Go de RAM, 256 Go de stockage : 1 449 euros
- Core i7, 8 Go de RAM, 256 Go de stockage : 1 799 euros
- Core i7, 16 Go de RAM, 512 Go de stockage : 2 499 euros
Quelques informations complémentaires. Les processeurs utilisés sont des modèles Kaby Lake i5-7200U et i7-7660U, tous deux cadencés à 2,5 GHz. Le premier possède 3 Mo de cache et grimpe à 3,1 GHz en Turbo, tandis que le second embarque 4 Mo de cache et monte jusqu’à 4 GHz. La partie graphique change également selon la puce : Intel HD 620 ou Iris Plus 640.
La mémoire vive est de type LPDDR3 à 2 133 MHz et on ne trouve que deux ports : un USB 3.0 et un mini DisplayPort. On trouve évidemment du Wi-Fi 802.11ac, du Bluetooth 4.0 LE, une webcam 720p compatible Windows Hello (authentification) et une puce TPM.
Le tout dans une machine mesurant 308,02 x 223,20 x 14,47 mm pour un poids de 1,25 kg. Et l’autonomie ? 14h30 annoncées (en lecture vidéo), même si on prendra comme d’habitude ce chiffre avec de grosses pincettes. On trouve en principe le Surface Laptop en quatre couleurs, mais une seule est pour l'instant disponible en précommande : Platine. Dans tous les cas, les expéditions doivent être effectuées aux alentours du 15 juin.
Un tarif particulièrement élevé
C’est cher, voire très cher. Une partie de ces tarifs peut s’expliquer par la recherche sur le design, sur l’application de tissu alcantara autour du clavier pour y poser les mains, par l’écran de 13,5 pouces PixelSense tactile d'une définition de 2 256 x 1 504 pixels, ou encore par le choix des matériaux. Mais il sera difficile d’aller au-delà.
Le Surface Laptop est une machine onéreuse, particulièrement si on la place dans son contexte de présentation : un ordinateur portable idéal pour les étudiants. Mais idéal comment ? Difficile d’aligner le Laptop avec les besoins de cette catégorie d’utilisateurs quand la machine de base est vendue 1 149 euros, et 1 034,10 euros avec la réduction étudiante. Microsoft ne passe pas sous la barre des 1 000 euros.
L’autre problème, c’est la puissance proposée. Même si on tombe amoureux du design de la machine, elle devrait offrir mieux que 4 Go de mémoire vive et 128 Go de stockage. L’inclusion d’une année d’Office 365 Personnel n’y change rien : le Laptop sera hors de portée de bien des portefeuilles.
Des comparaisons peu glorieuses
Microsoft aime à se comparer à Apple durant les présentations de ses produits, et les MacBook sont régulièrement pris pour cible. Pour le Surface Laptop, c’était encore une fois le cas : plus puissants, plus autonomes… Pour autant, la firme aurait sans doute mieux fait de comparer sa machine à l’offre déjà existante du côté des PC.
Aux alentours de 650 euros, on trouve ainsi le Yoga 510 de Lenovo, qui propose le même processeur, 8 Go de mémoire, 256 Go de SSD, autour d’un écran de 14 pouces (1080p) tactile. L'ensemble est repliable, puisque la machine est hybride (ce que n'est pas le Laptop). Le design n’est clairement pas aussi recherché et la coque dans un matériau moins noble, mais un étudiant ne va-t-il pas regarder justement en direction d’un tarif beaucoup plus abordable ?
Si on introduit l’élément design et finition dans l’équation, on peut aussi aborder les XPS de Dell. Le premier modèle 13,3 pouces est à 1 349 euros, mais avec un rabais de 250 euros jusqu’au 3 mai (c’est souvent le cas chez ce constructeur). Même processeur, 8 Go de mémoire, 256 Go de SSD, écran 1080p, avec cette fois de l’aluminium un peu partout et les fameux bords très fins autour de l’écran. On trouve une version tactile à 1 549 euros, avec un écran en 3 200 x 1 800 pixels.
Le fait est que le Surface Laptop est très cher, quel que soit le point de vue adopté. Il s’agit cependant d’une « belle » machine, sauf si l’on préfère des modèles imberbes. Et même en cas de coup de cœur, il faudra faire avec Windows 10 S.
L’étrange choix du système d’exploitation
Le seul élément reliant le Surface Laptop à une offre étudiante, c’est son système d’exploitation. Microsoft a en effet choisi d’accompagner sa machine haut de gamme de son nouveau système bridé.
Il nous parait pour le moins curieux de fournir un tel produit avec une machine vendue 1 149 euros au bas mot, quand on sait que des produits trois fois moins chers n’auront certes pas toutes les fonctions de sécurité liées à la gestion des parcs ou Bitlocker, mais pourront installer des applications Win32. Avec un tel positionnement tarifaire, la moindre des choses serait de laisser à Windows toutes ses capacités.
Certes, il reste la bascule vers la version Pro pour 49 dollars, gratuite jusqu’au 31 décembre. Il reste tout de même quelques bémols. D’une part, on ne connait pas encore le tarif français de cette bascule. À titre indicatif, le passage de Windows 10 Famille à Pro est facturé 99 dollars, qui deviennent 159 euros en France. D’autre part, la gratuité de cette opération n’est valable que si l’utilisateur est détenteur d’un compte Éducation, donné par son établissement. En d’autres termes, un client plus classique n’y aura pas accès.
La situation serait globalement différente si la parité euro-dollar n’était pas tant au détriment de l’Europe actuellement. Mais pour l’instant, il y a fort à parier que le Laptop ne s’écoulera pas en grandes quantités, comme le reste de la gamme. La faute à un tarif élevé et d’un positionnement encore très particuliers. Des éléments dont on espère qu'ils pourront évoluer avec le temps.