« Fake news » : Jimmy Wales veut financer Wikitribune, un média en ligne collaboratif

« Fake news » : Jimmy Wales veut financer Wikitribune, un média en ligne collaboratif

Un train bientôt plein

Avatar de l'auteur
Guénaël Pépin

Publié dans

Internet

27/04/2017 5 minutes
21

« Fake news » : Jimmy Wales veut financer Wikitribune, un média en ligne collaboratif

Le cofondateur de Wikipédia lance le financement d'un nouveau projet, Wikitribune, censé lutter contre la désinformation en ligne en impliquant les internautes. Le tout doit se baser sur un mélange de traitement journalistique professionnel et de sources éditables par tous.

Après le partage de la connaissance, Jimmy Wales se lance dans le combat contre les fake news. Le cofondateur de Wikipédia a mis en ligne la campagne de financement participatif pour Wikitribune, un futur média en ligne censé fournir une réponse à la désinformation, via « un journalisme fondé sur les preuves ». Le tout doit s'appuyer sur trois piliers : les faits, les journalistes et la communauté, sans lien avec Wikipédia.

« Nous développons un outil vivant qui présente des informations justes avec de vraies preuves, que vous puissiez vous faire votre idée avec confiance » écrit Wales, qui aborde le journalisme avec une approche encyclopédique. L'idée semble être que les faits existent en eux-mêmes, au-delà de toute interprétation, même si Wales réfute l'idée qu'il existe « des faits neutres » au Guardian.

Pour y arriver, il prévoit d'embaucher dix journalistes, pour un montant indéfini. Le site propose de soutenir l'initiative de manière mensuelle ou annuelle, avec des paliers à 5, 10 ou 15 dollars, même si la somme reste libre. Cette contribution volontaire ne doit pas donner de droit supplémentaire aux internautes, l'ensemble des contenus produits devant être en accès libre et chacun pouvant éditer les sources des articles.

« Transparence » et absence de publicité

Le site compte donc entièrement sur le volontariat des internautes pour vivre, notamment éditorialement. Les journalistes et les internautes doivent ainsi coécrire les articles, affirme Wales au Guardian. Parmi les sujets prévus figurent la politique américaine et britannique, ainsi que des domaines spécifiques comme les sciences et les technologies, avec des journalistes spécialisés.

Les rédacteurs devront publier l'ensemble de leurs travaux, y compris les transcriptions intégrales, les fichiers audio et vidéos de leurs entretiens. Une approche qu'il faudra éprouver, tant le « off » est devenu habituel dans certains domaines, y compris la politique.

Aucune publicité ne doit être affichée, avant tout pour éviter la recherche de l'audience à tout prix, qui serait l'un des facteurs de la désinformation en ligne selon Jimmy Wales. Cette quête de la page vue est portée par les réseaux sociaux, accuse Wales, pour qui ces derniers sont « conçus pour nous dire ce que nous voulons entendre ». Les contenus doivent être publiés en Creative Commons.

Pour le moment, le site affiche plus de 6 500 soutiens, à montant libre, et affirme disposer des moyens d'embaucher trois journalistes sur les dix prévus. Ni le site, ni la foire aux questions n'indiquent les montants collecté et visé, un point dommage alors que le service mise beaucoup sur la transparence. À terme, il devrait néanmoins publier des comptes détaillés. Si la campagne réussit, Wales prévoit d'embaucher les premiers journalistes avant l'élection britannique du 8 juin. Si elle échoue, les contributeurs seront remboursés, des frais de gestion étant tout de même déduits.

Une approche « radicale »

En plus de Wales, le site est conseillé par le vétéran des technologies Guy Kawasaki, le professeur de journalisme Jeff Jarvis et par Lily Cole, la fondatrice d'Impossible.com (qui conçoit Wikitribune). Si le projet se veut « radical », l'analyse doit être bien plus nuancée, comme l'affirme le fondateur dans une tribune. Les fake news sont un problème largement répandu aujourd'hui, mais pas nouveau.

« Si les fausses actualités ne sont pas nouvelles, leur transmission a changé. Les flux des réseaux sociaux, les vidéos truquées et les messageries instantanées ont largement remplacé les emails comme véhicules pour les mauvaises informations » estime-t-il. Il faut donc combattre le feu par le feu en apportant des informations vérifiées, avec l'approche contributive propre aux wikis.

Wales retient d'ailleurs de Wikipédia que, si l'outil n'est jamais parfait, il permet d'avoir une idée claire des informations existantes. Il ne s'attend d'ailleurs pas à un effet immédiat, Wikitribune devant modérer les positions des internautes, très polarisés, dans le temps.

Les défis du rassemblement et de la visibilité

Il faudra que dans un paysage politique de plus en plus polarisé, notamment en ligne, les internautes collaborent assez pour répondre aux « fausses nouvelles ». Un défi important, surtout au moment où ce sont les internautes eux-mêmes qui diffusent des informations erronées, pour partie produites pour engranger des revenus publicitaires.

Wikitribune devra aussi se faire une place en tant que média, alors que Facebook et Google se rapprochent des éditeurs de presse traditionnels, notamment en les finançant. Ces derniers mois, Facebook a multiplié les initiatives pour séduire la presse, au point de bientôt rémunérer des médias français pour leur prestation sur son outil de vérification de faits (voir notre analyse). Google, lui, a décidé de recentrer ses résultats sur les sources « d'autorité », au détriment des sources douteuses, sur les 0,25 % de requêtes qui seraient touchées.

Écrit par Guénaël Pépin

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

« Transparence » et absence de publicité

Une approche « radicale »

Les défis du rassemblement et de la visibilité

Commentaires (21)


Et bien, je pensais pas voir une ancienne mannequin dans ce projet. Je ne connaissais pas impossible.com, cela ne semble être actif que dans 2-3 métropoles.


Super initiative. J’ai participé pour ma part <img data-src=" />


Projet de média intéressant, qui change du duopole de l’information l’info-publi-intox (Facebook, Google).


On va en avoir besoin !


Projet intéressant à suivre mais j’attendrai avant de le financer.

&nbsp;

D’une part que du contenu concernant la France et la Belgique soit présent et d’autre part de voir si le modèle mixte professionnel / contributeur peut vraiment fonctionner.

&nbsp;

Il faudra toujours des journalistes (amateurs ou pros) pour chercher l’info sur le terrain mais j’aurais voulu voir une tentative de média complètement collaboratif, à la manière de Wikipédia.


J’ai l’impression que ça fera doublon avec Wikinews, voire Wikipédia pour les articles récents…



à voir…


Allez hop, 5$ mensuels, ça va dans le bon sens.


“Il n’y a pas de ‘Fake news’… Il y a seulement différents degrés de désinformation.”

Vérité, 2017


Si on pouvait aussi arrêter de parler de Fake news.

Il ne s’agit pas de nouvelles qui seraient fausse par inadvertance ou pour le plaisir de dire du faux. Il s’agit ni plus ni moins de propagande.



Trump, LePen et tout les politiques qui ratissent de manière large usent de propagande, de la même manière que le préconisait Goebels (Je ne compare pas les personnes, juste les moyens). Tordre la vérité jusqu’à ce qu’elle entre dans ce que l’on souhaite dire.


Sinon il y a Reuters et AP news qui sont pas mal en terme d’objectivité.



Même qu’ils rapportaient le camp Nazi de manière assez impartiale à l’époque à tel point qu’on les accusait de colabo.


Pour voir un peu plus large, un excellent article d’Acrimed : Post-vérité, fake news : fausses clartés et points aveugles


Prévu en français ? Car ça semble orientée vers de l’info anglophone pour l’instant.


Merci pour le lien intéressant comme analyse.


Ceux sont les Internautes eux-mêmes qui sont les premiers diffuseurs de fausses informations. Les médias classiques n’ont rien à envier aux Internautes dans ce domaine.



Tout cela sera le talon d’Achille de Wikitribune. Les articles qui s’y trouveront pourront être édités par tout un chacun. Or, ce tout un chacun sera pour une bonne partie composé d’Internautes lambda… Ca craint, vu qu’ils ne croient jamais en rien, qu’ils remettent toujours tout en question et qu’ils sont les premiers géniteurs de théories du complot. Heureusement que Wikitribune fera aussi participé des journalistes professionnels… mais leurs articles seront modifiés dans les cinq minutes qui suivent, puisque, c’est bien connu, les journalistes professionnels font mal leur métier et essaient de nous faire gober tout et n’importe quoi… Que ces journalistes soient des salariés de Wikitribune n’y changera rien.



Le projet est louable mais en ces temps où les gens commencent de nouveau à croire que la Terre est plate, la tâche sera très compliqué.


Il n’est pas possible d’effectuer un don en Bitcoin directement sur le site mais Jimmy Wales a posté une adresse sur le subreddit r/Bitcoin à cet effet : https://www.reddit.com/r/Bitcoin/comments/67i6m6/hi_from_jimmy_wales_of_wikitribune/



Il précise que, normalement, 50% des contributions servent à payer les journalistes et que le reste est utilisé pour la partie technique et autres mais que les paiements reçu à l’adresse bitcoin mentionnée dans le fil iront à 100% dans la poche de journalistes traitants de sujets liés à la cryptomonnaie.


C’est cool ça, un ministère de l’information crée par une entité privée biaisé. Je préfère encore soutenir quelqu’un comme TimCasts https://www.youtube.com/user/Timcasts) plutôt que d’engraisser une bande de partisan.


Partisans de quoi et biaisés en quoi ?




Wikitribunedevra aussi se faire une place en tant que média (..). Ces derniers mois, Facebook a multiplié les initiatives pour séduire la presse, au point de bientôt rémunérer des médias français pour leur prestation sur son outil de vérification de faits (…). Google, lui, a décidé de recentrer ses résultats sur les sources « d’autorité », (…).





Dire qu’il suffit de créer un problème pour valoriser les solutions au problème.

C’est quand même beau l’économie de marché…


Je suis plutôt d’accord, mais il faudrait différencier “faits alternatifs”, “informations biaisées” et “intox”. Les médias “gratuits” qui vivent de l’audience ne produisent pas de faits alternatifs. Par exemples, ils :





  • inventent une belle histoire spectaculaire avec des faits réels pour favoriser l’audience,

  • font beaucoup trop de micro-trottoir en les présentant comme des arguments et non comme des illustrations à des arguments,

  • donnent congé à des journalistes qui expriment leurs opinions politiques quand ça se voit trop pendant une campagne électorale (beaucoup trop opportunément), mais ils n’obligent pas leurs journalistes, soit à un devoir de réserve, soit à une obligation de déclaration public de leurs opinions ou de leurs intentions de vote (pendant les campagnes électorales).



    Une fake news (fausse actualité), c’est plutôt un fait inventé comme on en voit dans les chaînes de mail (les mails qu’on partage parce que ça fait peur/ça révolte).

    &nbsp;

    Ceci-dit, Wikitribute, comme Wikipedia, ne pourra exister sans un journalisme d’investigation (qui n’apporte pas seulement des preuves factuelles, mais des éléments de convergence d’indices et des hypothèses, une intime conviction du journaliste, voire des opinions) ou des recoupements d’informations (que doit faire tout lecteur averti).

    &nbsp;

    Et c’est bien le talon d’achille de Wikipedia d’avoir besoin d’une source d’information en ligne pour énoncer une définition ou un fait. Et tant que le lecteur vit l’actualité minute par minute sur Facebook, Google ou BFMTV, il y a très peu d’espoir, mais Wikitribute pourrait éventuellement devenir aussi populaire que Wikipedia et devenir le miroir de vérité de&nbsp; cette info en continue (un peu comme hoaxbuster.com).








Romaindu83 a écrit :



&nbsp;Les articles qui s’y trouveront pourront être édités par tout un chacun. Or, ce tout un chacun sera pour une bonne partie composé d’Internautes lambda…



c’est le même problème pour Wikipédia, et pourtant, globalement “ça marche”



pour les sources et Wikipédia, voir les recommandations sur les sources primaires, secondaires, centrées, anecodtiques, d’envergure nationale, locale, internationale, étalées dans le temps, etc.



&nbsp;

Et en effet, pas de source=pas d’article, sinon on appelle ça un “TI” dans le jargon. Et effectivement, c’est un vrai problème pour nombre d’articles…