La Chine veut rattraper son retard dans le domaine spatial. Le pays expérimente des stations qui serviront de base pour des taïkonautes afin qu'ils puissent mener des expériences. Une nouvelle étape importante vient d'être franchie par l'agence chinoise : le vaisseau cargo Tianzhou-1 s'est arrimé sans anicroche à Tiangong-2.
Si l'on parle souvent de la Station Spatiale Internationale (ISS), c'est qu'elle est toujours en activité avec une rotation continue d'astronautes à son bord. En ce moment, un Français se trouve d'ailleurs sur place : Thomas Pesquet.
Tiangong-1 vit ses derniers moments, mais la relève est prête
Même si l'on ne parle quasiment que d'elle, ce n'est pour autant pas la seule station en activité dans l'espace. Il y en a une seconde, chinoise cette fois-ci : Tiangong-2, qui signifie littéralement « palais céleste ». Pour rappel, celle-ci fait suite à Tiangong-1, lancée en 2011.
Bien qu'elle tourne encore autour de la Terre, cette première version est en fin de vie et ne devrait pas tarder à être détruite. Comme nous avons eu l'occasion de le détailler, elle est en train de redescendre doucement vers la Terre (elle se trouve en ce moment à 352 km d'altitude) et devrait bruler dans l'atmosphère dans le courant de l'année.
La question qui reste à définir est de savoir quand précisément la désintégration aura lieu et surtout au-dessus de quelle zone. En effet, selon certains observateurs, la Chine pourrait avoir perdu le contrôle de sa station, rendant son retour incontrôlé.
La station spatiale Tiangong-2 reçoit de la visite
Dans tous les cas, la China Manned Space Agency (CMSA) continue d'avancer avec son « palais céleste » de seconde génération. Il y a quelques jours, elle est parvenue à réaliser une opération importante : y arrimer son vaisseau cargo Tianzhou-1, alias le « bateau céleste ». Celui-ci a décollé le 20 avril à bord d'une fusée Longue Marche 7.
Il s'agit de la première étape d'une mission qui en comprend trois, comme l'explique le CMSA. Cette fois-ci le vaisseau cargo s'est branché à la station spatiale depuis l'arrière et s'occupe de faire le plein en ergol, sa mission principale.
Grâce à ce succès, la Chine revendique être la troisième nation à « maîtriser la technique du ravitaillement dans l'espace », après les États-Unis et la Russie.
Et un, et deux et trois arrimages avec le même vaisseau cargo
La suite du programme est déjà connue : les deux modules se détacheront. Le cargo dépassera alors la station Tiangong-2 afin de s'y connecter à l'avant cette fois-ci, le but étant de tester la viabilité des différentes possibilités. Il est ensuite prévu qu'ils se séparent à nouveau quelques semaines plus tard, avant de se retrouver une troisième fois, trois mois plus tard.
Lors de cette dernière manche, la Chine devrait tester une procédure de « fast-docking » qui ne devrait prendre que six heures au lieu de deux jours normalement, selon le designer en chef du cargo Bai Mingsheng. Étant donné qu'aucun taïkonaute ne se trouve à bord, l'ensemble de ces opérations est réalisé automatiquement et/ou gérées depuis la Terre.
Fait amusant, le vaisseau cargo est plus imposant que la station Tiangong-2 qui ne mesure « que » 10,4 mètres par 3,35 mètres, contre respectivement 10,6 mètres, 3,35 mètres pour Tianzhou-1. Ce dernier peut emmener une charge utile de 6 tonnes à la station (13,5 tonnes au décollage).
Tianzhou pour le cargo, Shenzhou pour les Humains
De leur côté, les taïkonautes (et éventuellement des astronautes d'autres pays partenaires) prendront place à bord d'une fusée Shenzhou pour se rendre dans Tiangong-2.
Le dernier lancement, Shenzhou 11, date de fin 2016 et avait à son bord deux Chinois. Ils sont restés dans l'espace pendant 33 jours, un record pour le pays. Pour le moment, rien n'est précisé concernant une éventuelle date de lancement pour une mission Shenzhou 12.
Une première étape avant la mise en place d'une station spatiale permanente
Grâce à ces manœuvres d'arrimage, la Chine espère bien gagner en expérience et valider ses concepts afin de construire par la suite une station spatiale habitée de l'envergure de l'ISS. Les travaux de celle-ci pourraient commencer dès l'année prochaine. Dans son communiqué, le CMSA ne s'en cache pas : « la Chine vise à construire une station spatiale permanente qui devrait orbiter pendant au moins 10 ans ».
Si le développement de la station Tiangong-2 est important pour les Chinois afin d'acquérir une indépendance spatiale, le vaisseau Tianzhou-1 l'est tout autant. En effet, son rôle est d'amener provisions et matériels pour les taïkonautes et la station. Sans navette capable d'assurer cette mission, une base en orbite ne servirait à rien.
Prendre la relève de l'ISS ?
Le calendrier se goupille parfaitement bien avec celui de la Station Spatiale Internationale. En effet, en 2014 la durée de vie de celle-ci a été prolongée de quatre ans pour aller jusqu'en 2024. Pour l'administrateur adjoint de la NASA, William Gerstenmaier, ce laboratoire en orbite disposerait même d'une espérance de vie qui lui permettrait de tenir jusqu'en 2028.
Si tout se passe comme prévu, la Chine devrait ensuite lancer une nouvelle station spatiale à laquelle elle ajoutera des modules afin d'en faire un laboratoire encore plus imposant, sur le même principe que la construction de l'ISS. Comme cette dernière, elle pourrait accueillir des scientifiques de plusieurs nationalités.
Notez que la France coopère d'ores et déjà avec la chine pour Cardiospace qui se trouve à bord de la station. Cette mission « a pour objectif d’étudier l’adaptation du système cardiovasculaire lors des vols spatiaux habités ».