Face à YouTube, Twitch revoit son modèle économique pour les streameurs

Face à YouTube, Twitch revoit son modèle économique pour les streameurs

YouTube Gaming a du souci à se faire

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Kevin Hottot

Publié dans

Internet

24/04/2017 8 minutes
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Face à YouTube, Twitch revoit son modèle économique pour les streameurs

Lentement mais sûrement, Twitch fait évoluer son modèle économique. La filiale d'Amazon a multiplié les initiatives visant à assurer un revenu stable aux diffuseurs animant sa plateforme. Dernièrement, c'est vers les streameurs occasionnels qu'elle s'est tournée en annonçant son « Twitch Affiliate Program ».

Ces dernières semaines, Twitch a redoublé d'efforts afin de mieux assurer les revenus des utilisateurs de sa plateforme. Un mouvement au timing opportuniste, qui survient alors que du côté de YouTube, les créateurs se plaignent d'un recul de leurs recettes. Une contraction des revenus publicitaires qui est principalement dû à la frilosité ambiante des annonceurs vis-à-vis de la plateforme de Google, depuis que celle-ci a été surprise à monétiser des contenus considérés comme choquants, ou faisant la promotion du terrorisme. 

Certains verront là les répliques de l'affaire PewDiePie, qui s'était mis Disney et de nombreuses marques à dos lorsque le Wall Street Journal avait mis en lumière les « blagues antisémites et les imageries nazies » parfois présentes dans ses vidéos.

Certaines chaînes, aux États-Unis mais aussi en France, ont ainsi vu leurs revenus dégringoler, le coût pour 1 000 impressions publicitaires (le fameux CPM) étant passé d'environ 50 centimes d'euros à 5 ou 6 centimes dans quelques cas. Une situation compliquée qui pousse certains youtubeurs à repenser la manière dont ils vivent de leurs vidéos, se tournant souvent vers des solutions comme Tipeee ou Patreon.

Ce séisme concerne également les adeptes de YouTube Gaming, la plateforme de diffusion en direct de Google. Celle-ci peinait déjà à se faire une place face à Twitch et cela devient de plus en plus compliqué avec l'érosion rapide des revenus publicitaires. 

Twitch avait couvert ses arrières

Ces derniers mois, Twitch s'est doté de plusieurs fonctionnalités dont le principal intérêt était de rendre les diffuseurs moins vulnérables aux fluctuations du marché publicitaire, en diversifiant la source de leurs revenus. Ce dès mars 2016, en proposant aux streameurs de supprimer tout affichage de publicité aux personnes s'étant abonnées, moyennant 5 dollars par mois à leur chaîne. Une façon de pousser les visiteurs à s'abonner pour soutenir leurs personnalités préférées, en réduisant la pression publicitaire. 

En juin 2016, Twitch s'était lancé dans un nouveau domaine, celui des micro-dons. L'idée était de permettre à ceux qui n'avaient pas envie de lâcher 5 dollars par mois à un streameur et qui souhaitaient plutôt répartir leur soutien entre plusieurs personnes de le faire simplement. La plateforme s'est mise à vendre des « bits », une monnaie virtuelle achetable à raison de 1,40 dollar pour 100 bits, chacun d'eux rapportant 0,01 dollar au streameur à qui ils sont ensuite distribués. 

Twitch n'avait toutefois pas encore mis complètement de côté la publicité de son équation pour autant. En novembre, la filiale d'Amazon avait provoqué quelques remous au sein de sa communauté avec le lancement de SureStream, une plateforme devant lui permettre de contourner les bloqueurs de publicité, dont l'utilisation s'intensifie avec le temps.

Pour faire passer la pilule, la société avait expliqué à ses utilisateurs que cette solution devait par la même occasion résoudre d'autres soucis, notamment les différences de niveau sonore entre les réclames et le contenu. Le tout avec un module de signalement des publicités fautives qui se veut plus efficace.

L'union entre Amazon et Twitch au service de la diversification

Un palier notable a été franchi en octobre 2016. Si jusque-là les liens entre Amazon et Twitch ne s'affichaient que discrètement, l'entreprise a choisi de les marquer plus nettement à partir ce moment-là. Cela s'est traduit par le remplacement de l'abonnement Twitch Turbo par une nouvelle formule nommée Twitch Prime.

Si le nom rappelle celui de l'offre premium d'Amazon, c'est parce que cette dernière comprend depuis lors un accès à Twitch Prime, permettant aux clients d'Amazon de souscrire à la chaîne d'un diffuseur de son choix, qui touchera alors une rémunération pour cet abonnement. Là encore, la publicité normalement présente sur ce canal disparaîtra automatiquement. 

Twitch prend YouTube à contrepied sur la monétisation

En ce mois d'avril, Twitch a encore accentué ses efforts. D'abord en permettant à ses streameurs partenaires de proposer des formules d'abonnement plus chères à leur audience. Le ticket d'entrée reste à 4,99 dollars par mois, mais de nouvelles variantes à 9,99 dollars et à 24,99 dollars font également leur apparition, pour ceux qui voudraient soutenir davantage leurs diffuseurs préférés. Ces derniers toucheront d'ailleurs une part plus importante du montant de l'abonnement sur la formule la plus chère.

Twitch semble donc se tourner de plus en plus vers un modèle à la Patreon, où chaque visiteur est incité à soutenir directement les diffuseurs qu'il préfère. De son côté, YouTube préfère s'en tenir à son offre « Red » qui supprime la publicité sur l'ensemble des chaînes, et rémunère les vidéastes en fonction de l'audience qu'ils génèrent. 

Autre dissonance entre YouTube et Twitch, le cas des petits créateurs de contenus. YouTube a récemment durci sa position en annonçant que désormais, une chaîne devra impérativement totaliser plus de 10 000 vidéos vues avant de pouvoir prétendre à sa monétisation. Un cap qui peut demander un certain temps avant d'être franchi, le temps de se forger une communauté, n'est pas Antoine Daniel qui veut. 

La filiale d'Amazon elle, a au contraire choisi d'ouvrir les vannes de la monétisation à un public plus large avec le lancement de son « Twitch Affiliate Program ». Il ne sera bientôt plus nécessaire d'atteindre le palier de « Partenaire Twitch », difficile à rejoindre et aux critères parfois flous, pour afficher de la publicité sur son contenu. Pour faire partie du programme d'affiliation Twitch, il suffira de remplir les conditions suivantes : 

  • Avoir diffusé du contenu pendant au moins 500 minutes sur les 30 derniers jours
  • Avoir proposé 7 diffusions distinctes sur les 30 derniers jours
  • Atteindre une moyenne de 3 spectateurs simultanés sur les 3 derniers jours
  • Cumuler 50 « followers »

Les personnes concernées par ce nouveau statut seront automatiquement contactées par Twitch via e-mail, dès que le programme sera lancé, ce qui ne devrait être qu'une question de semaines selon la plateforme. 

Monétiser, oui, diffuser de la pub, pas encore

D'importantes nuances existent entre les différents statuts de diffuseurs sur Twitch. Si les partenaires ont accès à l'ensemble des options de monétisation (micro-dons, abonnements, vente de jeux et publicité), les affiliés devront se contenter dans un premier temps de l'ouverture des micro-dons et devront prendre à leur charge les frais de transaction au moment de récupérer leurs fonds.

La plateforme assure que l'ensemble des outils de monétisation seront proposés à terme à ces diffuseurs, mais ne donne pas de précision quant à la fenêtre de tir prévue. Aucun autre avantage par rapport aux streameurs standard n'est prévu pour les affiliés, pas même la possibilité de stocker plus longtemps ses programmes en replay, ou d'activer une option de délai pour ses diffusions. Des raffinements qui resteront l'apanage des partenaires.

Twitch Affiliate vs Partner

Pour se distinguer de la masse, les partenaires auront droit à une petite icône indiquant leur statut à côté de leur pseudonyme. Celle-ci sera visible sur la page principale de la chaîne, mais également sur le chat ou les billets publiés via Pulse, son réseau social maison lancé début mars.

Du streaming au jeu vidéo

On notera enfin que les efforts de Twitch pour varier ses sources de revenus ne se limitent pas à son seul métier de plateforme de diffusion de vidéos. Depuis quelque temps et sous l'impulsion d'Amazon, la société prend un virage serré vers l'industrie du jeu vidéo. 

Si l'élément le plus visible à ce sujet reste l'ouverture d'une boutique de jeux au sein de Twitch, sur laquelle certains diffuseurs peuvent glaner quelques commissions, l'entrée d'Amazon dans l'industrie vidéoludique est intimement liée au destin de la plateforme de vidéos. Le géant du e-commerce a ouvert plusieurs studios de développement et s'est même doté de son propre moteur de jeu, hérité du Cryengine

Trois titres ont été présentés par le groupe américain. Tous mettent très largement en avant les interactions possibles entre joueurs et diffuseurs via Twitch, avec au cœur du système, des prises de paris en direct pour au moins l'un d'entre eux.  Là encore, l'affaire devrait permettre à Twitch de compter sur une nouvelle source de revenus, loin de la publicité cette fois-ci. 

Écrit par Kevin Hottot

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Sommaire de l'article

Introduction

Twitch avait couvert ses arrières

L'union entre Amazon et Twitch au service de la diversification

Twitch prend YouTube à contrepied sur la monétisation

Monétiser, oui, diffuser de la pub, pas encore

Du streaming au jeu vidéo

next n'a pas de brief le week-end

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Commentaires (11)


5$ par mois pour une chaine <img data-src=" />



C’est énorme je trouve…








CryoGen a écrit :



5$ par mois pour une chaine <img data-src=" />



C’est énorme je trouve…





Certains sont bien prêts à payer 5€/mois pour un e-journal…









Orphee a écrit :



Certains sont bien prêts à payer 5€/mois pour un e-journal…





Je préfère largement dépenser 5€ pour aider une rédaction de journalistes professionnels à faire son métier plutôt que de donner 5€ à un con qui gueule en jouant.



”[…] à un con qui gueule en jouant”.

Tu ne sais visiblement pas de quoi tu parles. Dans ce cas, au moins, évite les insultes.



Pour aller plus loin voici un article de Daniel Fenner datant de 2015


Twitch se prend une bonne part du gâteau, du coup le streamer touche quelque chose comme la moitié de cette somme il me semble.



Je serai prêt à mettre un peu d’argent mais pas autant, sinon j’en aurais vite pour 70-80€/mois <img data-src=" />


Je n’ai rien contre supporter les créateurs de contenu, même video. Mais pour moi, il faudrait beaucoup de video par jour pour justifier 5\( (ou plus) par mois.



Pour NXi par exemple, il y a plusieurs articles par jours, à thématiques différentes, toute l'année -&gt; abonnement justifiable.



Pour que je claque 5\)
sur Twitch (ou même sur Youtube ou encore patreon etc.) il faut un sacré contenu (avec un rapport quantité/qualité adéquat)


Ca va les préjugés? Nan mais franchement…

Je rappelle qu’il n’y a pas que du jeu vidéo en plus sur Twitch, tu as aussi des podcasters ou des artistes (chanteurs, guitaristes, DJ, peintres, cosplayers, développeurs …)


Il y a aussi du contenu légal sur PirateBay… M’enfin bon, faut bien avouer que Twitch c’est tout de même très connoté “jeux-vidéos”.


Abonné Amazon Prime, le 5€ / mois est inclus pour le dédier à sa chaine préféré.

Mais si ça n’avait pas été le cas, j’aurais pas misé dessus… :)


Je ne comprends pas pourquoi le transcode n’est pas dispo pour tous le monde, ou au mini pour les affiliates aussi, ne pas pouvoir changer la qualité du stream ‘pénalise’ le streamer mais aussi les viewers, même ceux qui payent.


Ouffff, ça va heureusement pérenniser les attentions whores de Twitch.



&nbsp;On a eut chaud.