Ariane 6 franchit une « étape importante », la production peut commencer

Ariane 6 franchit une « étape importante », la production peut commencer

Pour des essais au sol

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Sébastien Gavois

Publié dans

Sciences et espace

24/04/2017 4 minutes
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Ariane 6 franchit une « étape importante », la production peut commencer

Le développement d'Ariane 6 vient de passer une « étape importante » selon Airbus Safran Launchers. La société a le feu vert pour lancer la production des premiers éléments de la fusée, mais uniquement pour des essais au sol pour le moment. Le premier vol est toujours programmé pour 2020.

En décembre 2014, l'agence spatiale européenne (ESA) validait le projet du futur lanceur Ariane 6. Depuis, la fusée enchaine les étapes de sa conception qui conduiront à sa finalisation, et ce, sans prendre de retard sur le calendrier initial pour le moment. 

La production d'Ariane 6 peut commencer, prochaine étape fin 2017

Après la validation des caractéristiques techniques, des performances, des délais ainsi que des coûts d'exploitation en juin 2016, Airbus Safran Launcher (ASL) annonce que la « maturité de l’industrialisation d’Ariane 6 est suffisante pour lancer la production des modèles de qualification au sol ». Ce palier, qualifié d'« important » par ASL, porte le nom de Maturity Gate 6.1. « Nous respectons ainsi les délais et nos engagements » indique fièrement le PDG Alain Charmeau.

La prochaine étape, logiquement baptisée Maturity Gate 6.2, marquera également un tournant majeur puisqu'il s'agira de « démarrer la production des premiers lanceurs pour vols ». Elle devrait débuter d'ici la fin de l'année, sans plus de précision pour l'instant... à condition bien sûr qu'aucun retard ne vienne enrayer la machine bien huilée.

Encore plusieurs étapes à franchir avant de mettre Ariane 5 à la retraite

Il ne faut par contre pas s'attendre à un premier vol en 2017 ou même l'année prochaine, le calendrier prévoit toujours qu'il devrait avoir lieu en 2020. Il faudra franchir la Maturity Gate 11 avant d'en arriver là. Enfin, la quinzième et dernière étape du plan marquera la fin du développement de la fusée. Ariane 6 aura alors atteint sa pleine capacité opérationnelle, ce qui ne devrait pas arriver avant 2023.

En attendant, et pour encore plusieurs années, Ariane 5 assurera les lancements pour l'agence européenne. Pour rappel, cette fusée est en service depuis maintenant plus de 20 ans et enchaine les succès au fil des missions. Le prochain décollage devrait alors avoir lieu début mai selon Jean-Yves Le Gall, le président du CNES, interrogé par nos confrères du Parisien. L'agence spatiale avait en effet été contrainte de revoir ses plans suite aux mouvements sociaux en Guyane

Durant cette période compliquée pour le territoire ultramarin, le chantier de la fusée Ariane 6 avait également été interrompu pendant quatre semaines, mais il « va lui aussi pouvoir redémarrer » affirme le président du CNES. 

Deux lanceurs au programme : A62 et A64

Dans tous les cas, Ariane 6 sera déclinée en deux versions : A62 et A64. La première disposera de deux boosters, pèsera 530 tonnes au décollage et pourra envoyer 5 tonnes de charge utile en orbite géostationnaire. La seconde double le nombre de boosters, pèsera 860 tonnes et sera capable d'envoyer 10,5 tonnes.

Au total, une enveloppe de 2,4 milliards d'euros est prévue pour le développement, l’industrialisation et l’exploitation du lanceur Ariane 6 (avec les deux déclinaisons A62 et A64). Un avenant au contrat entre l'ESA et ASL a été signé en novembre 2016 afin de débloquer le 1,7 milliard d'euros restant. La poursuite du programme était alors votée à l'unanimité par les représentants des états membres.

Ariane 6

Une fusée économe, sans recycler les premiers étages

Ariane 6 est un projet important pour l'Europe, ce lanceur devant permettre à l'agence spatiale de rester dans la course face aux fusées de SpaceX et Blue Origin, qui misent sur la réutilisation du premier étage pour réduire leurs coûts. La société d'Elon Musk a d'ailleurs effectué sa première mission avec une partie de la fusée recyclée d'un précédent lancement. 

Alain Souchier, ancien ingénieur Arianespace sur la propulsion liquide des lanceurs Ariane 1 à 5 (et qui a un peu participé à Ariane 6), expliquait que, sans passer par la réutilisation, il est prévu de réaliser de 40 à 50 % d'économie au lancement grâce à Ariane 6. Pour arriver à ce résultat, la chaine de production a été optimisée afin de se rapprocher du modèle des usines automobiles, comme le fait d'ailleurs SpaceX.

On comprend ainsi toute l'importance de la Maturity Gate 6.1 qui donne le coup d'envoi de la production pour des essais au sol, ainsi que la prochaine 6.2. 

Écrit par Sébastien Gavois

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Sommaire de l'article

Introduction

La production d'Ariane 6 peut commencer, prochaine étape fin 2017

Encore plusieurs étapes à franchir avant de mettre Ariane 5 à la retraite

Deux lanceurs au programme : A62 et A64

Une fusée économe, sans recycler les premiers étages

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Commentaires (29)


Joli monstre quand même …


20m de plus que Ariane V, ca fait violent comme gain je suis bien d’accord <img data-src=" />


Il nous faudrait un tableau pour comparer les différents lanceurs concurrents, histoire de se faire une idée de la position de l’ESA sur le marché.


Je comprends pas, on le met où le Kerbal dans la fusée ? <img data-src=" />


Wiki est pas mauvais sur ce point&nbsp;<img data-src=" />

https://fr.wikipedia.org/wiki/Comparaison_des_lanceurs_spatiaux








Obidoub a écrit :



Je comprends pas, on le met où le Kerbal dans la fusée ? <img data-src=" />





Sous les boosters, avec les chamallows <img data-src=" />



Merci, c’est déjà pas mal.



Mais je souhaite plus avoir un tableau “technologique” (avec les info de l’infographie : poussée, carburant etc.)



Mais bon, ca permet de voir que le Falcon Heavy est censé pouvoir emporter bien plus que notre A64; c’est con pour jouer à qui à la plus grosse <img data-src=" />


Après il faut encore avoir un intérêt à avoir la plus grosse … Par exemple le souci d’Ariane 5 est justement de pouvoir emporter beaucoup trop. Commercialement parlant, ça ne sert à rien de pouvoir placer 10 tonnes si les gros satellites font tous 5-6 tonnes, et du coup ça donne un lanceur surdimentionné (et trop cher) pour ce rôle là. Ou alors ça impose de lancer 2 satellites en même temps, et donc complique énormément les lancements avec la nécessité d’avoir deux satellites prêts en même temps, et à placer sur des orbites similaires.



Le but de Falcon, à terme, c’est l’envoi sur Mars, d’où la nécessité d’avoir un lanceur avec un emport le plus grand possible. Et en soit, ils sont plutôt bien partis pour.


Joli bébé mais ça fait beaucoup ou pas 10.5T de charge utile (pour l’A64) ??


Tout dépend du but recherché. Pour faire du commercial (satellites télécom …) ou du scientifique (sondes), 10,5T ça laisse une bonne marge de progression par rapport aux besoins actuels (5-6T, ça pourrait évoluer un peu à la hausse). Par contre ça ne permet pas de faire des travaux lourds genre établir une nouvelle station en orbite ou préparer des envois pour la Lune ou Mars - ce qui n’est pas l’objectif de l’ESA de toute façon.


Je comprends ce que tu veux dire, mais il faut reconnaître que les deux lanceurs n’ont pas les mêmes objectifs: Ariane 6 n’est pas construite (à ma connaissance) pour envoyer des charges utiles vers Mars, alors que c’est le cas de Falcon Heavy.

De toute façon, au jeu de “qui qu’a la plus grosse charge utile”, c’est le SLS qui gagnera, il suffit de regarder le tableau pour se rendre compte du monstre que ça va être !


Bel engin. Bon, il n’y a pas (encore ?) de capacité lunaire ou martienne, mais c’est pas le but pour le moment. On va voir ce que ça donne…


De toutes manières pour Mars, j’aimerai plus voir un genre de “cargo spatial géant” qu’on pourrait blinder atterrisseur et qui donc faire des aller-retours Terre Mars.


je trouve les propulseurs d’appoint/boosters moches :/



Mais ça vend du rêve pour une fusée, espérons qu’elle fonctionnera bien <img data-src=" />


Propose à l’ESA de regarder dans l’onglet Payload, la MK3 cargo bay est pas mal pour ca :)








Commentaire_supprime a écrit :



Bel engin. Bon, il n’y a pas (encore ?) de capacité lunaire ou martienne, mais c’est pas le but pour le moment. On va voir ce que ça donne…





Pour ça, faut qualifier le lanceur pour qu’il soit apte aux vols habités. C’est pas le même tarif et c’est pas la philo depuis quelques générations de lanceur en Europe.

(Et oui, on a pas de grands programmes institutionnels qui payent pour avoir un accès “humain” autonome à l’espace en Europe, d’où notre dépendance aux USA hier, et à la Russie aujourd’hui ! c’est pas un hasard si Monsieur Pesquet voyage en vaisseau Soyouz..)



dommage pour la non réutilisation.

même si la production est optimisée, à long terme ça sera probablement moins intéressant que la réutilisation..








maxscript a écrit :



dommage pour la non réutilisation.

même si la production est optimisée, à long terme ça sera probablement moins intéressant que la réutilisation..





Il me semble avoir lu qu’ils étudiaient la possibilité de réutiliser certains composants du 1e étage (les moteurs notamment)









Nenyx a écrit :



Il me semble avoir lu qu’ils étudiaient la possibilité de réutiliser certains composants du 1e étage (les moteurs notamment)







Exact, des études pour un module comportant les moteurs et rentrant en vol plané sont engagées.



Sauf que pendant qu’ils étudient l’éventuelle possibilité d’une possible réutilisation, d’autres le font déjà aujourd’hui …








darth21 a écrit :



Sauf que pendant qu’ils étudient l’éventuelle possibilité d’une possible réutilisation, d’autres le font déjà aujourd’hui …





Et ces autres, même si j’aime beaucoup leur initiative et que je les encourage fortement à continuer, ont également un taux de réussite pas franchement comparable à celui d’Ariane 5.

Ce sont deux entreprises avec des cultures très différentes, la fusée européenne progresse plus lentement, mais ce n’est pas nécessairement un mal.









darth21 a écrit :



Sauf que pendant qu’ils étudient l’éventuelle possibilité d’une possible réutilisation, d’autres le font déjà aujourd’hui …







C’est pas parce qu’on est le premier que l’on est le winner.



De Havilland Comet contre Boeing 707 et Douglas DC8, qui a le plus réussi des deux ?



Au final, dans quels cas la version 10 tonnes va pouvoir servir ?








Nenyx a écrit :



Et ces autres, même si j’aime beaucoup leur initiative et que je les encourage fortement à continuer, ont également un taux de réussite pas franchement comparable à celui d’Ariane 5.

Ce sont deux entreprises avec des cultures très différentes, la fusée européenne progresse plus lentement, mais ce n’est pas nécessairement un mal.





91,4% contre 100%, effectivement.

Progresser lentement n’est peut être pas un mal, mais ce n’est pas forcément un bien non plus : le temps que le réuse soit au point pour Ariane 6,&nbsp;ça aura aussi progressé chez SpaceX, suffit de voir déjà tout ce qui est prévu pour le premier tir de FH : utilisation d’un 1er étage déjà utilisé et récupération des trois 1er étages.



&nbsp;Le projet Ariane6 a commencé à être évoqué à la même période où SpaceX lançait ses premières fusées (il n’y a même pas 10 ans, 20082009), aujourd’hui ariane6 va pouvoir entrer en production, spaceX récupère ses 1ers étages, commence à les réutiliser, va tester FH et vise Mars. ce sont effectivement deux cultures différentes (mais une seule fait avancer le spatial …)









darth21 a écrit :



ce sont effectivement deux cultures différentes (mais une seule fait avancer le spatial …)





C’est pas très gentil ça … Et très malhonnête. Arianespace fait aussi beaucoup pour le spatial, leur maîtrise technique est excellente, c’est juste moins médiatisé.



Quand à un taux de réussite de 91,4% (si j’en crois tes chiffres, je ne le connais pas - et celui d’Ariane 5 n’est pas non plus de 100% si on veut être honnête), est-ce un bon résultat ? Au vu des enjeux, et surtout des conséquences en cas d’échec, ce n’est pas un si bon résultat que ça. Je pense qu’ils vont l’améliorer, et de toute façon ils DOIVENT l’améliorer s’ils veulent rester dans la course. Un échec, c’est non seulement le lancement de perdu (le coût de la fusée), mais aussi celui de la charge utile (qui ne va pas être reconstruit aussi rapidement que la fusée), l’immobilisation des tirs le temps de l’enquête (soit plusieurs mois) et donc le décalage des tirs prévus …



Pour les % je me suis référé à un article Wikipédia (faute de mieux)&nbsp;https://fr.wikipedia.org/wiki/Lanceur_(astronautique)#Statistiques_des_lancement…



je ne nie pas la maitrise technique d’Arianespace, mais en exagèrent un peu, ils en sont toujours à faire des lanceurs comme dans les années 70, juste plus puissants et plus fiables.

Et&nbsp;c’est pas avec S. Israël à la&nbsp;tête que ca va&nbsp;changer, tant&nbsp;qu’il continuera à faire l’autruche …


Ben en même temps les lanceurs n’ont pas vraiment évolué depuis les années 50. Falcon fait aussi des lanceurs dignes des années 70 - ils sont plus fiables et plus performants, mais la technologie derrière reste la même.


Leur mode de fonctionnement n’est pas le même :




  • SpaceX est une entreprise privée, qui cherche à tirer le meilleur de ses salariés et a un dirigeant visionnaire avec du fric à perdre.

  • Arianespace doit répondre à des gouvernements, qui attendent un rendement, des retombées économiques pour tous les pays qui financent. En plus la prise en main par ASL est tout récente, donc le mode de fonctionnement du privé n’est pas encore en place.



    Donc d’un côté on a quelqu’un qui veut pénétrer le marché des lanceurs, avec une démarche agressive, et de l’autre quelqu’un qui est déjà bien installé et qui cherche “juste” à défendre sa place.

    Les stratégies seront forcément différentes, surtout quand le client n’aime pas le risque.


Quand on voit les chiffres de Saturn V, on se rend compte que les buts et besoins sont aujourd’hui très très différent.



Ariane 6 va dans la bonne direction en tout cas, mais 2020 semblent bien loin, face à des privés qui progressent très vite en proposant des prix plus agressifs. Soit, Ariane V n’a plus rien à prouver aujourd’hui, mais Ariane 6, comme nouveau lanceur, aura, comme ces concurrents, à faire ses preuves.