Canonical : Shuttleworth redevient PDG, tandis que commencent les licenciements

Nombreuses incertitudes
Economie 5 min
Canonical : Shuttleworth redevient PDG, tandis que commencent les licenciements

L’annonce récente par Canonical d’un large changement de stratégie a surpris tout le monde. Cette inflexion radicale ne se fait cependant pas sans casser quelques œufs. Plusieurs dizaines d’employés sont ainsi invités à partir, tandis que le fondateur Mark Shuttleworth redevient PDG.

La semaine dernière, Canonical a provoqué l’étonnement en annonçant l’arrêt de ses efforts sur la convergence des écrans. La distribution Ubuntu voulait ainsi proposer avec son environnement Unity 8 une base commune pour tous les types d’appareils. Il n’en sera rien : Ubuntu restera axé sur les ordinateurs, Unity 8 est abandonné, de même que le serveur d’affichage Mir.

Finalement, retours aux premières amours, puisque Ubuntu 18.04, la prochaine mouture LTS (Long Term Support), sera fournie avec GNOME 3.X. Un choix pour le moins étrange, l’éditeur disposant entre temps d’une version 17.10 qui aurait pu être utilisée pour ces gros travaux. D’autant qu’entre temps, Canonical va devoir affronter une réorganisation sur laquelle elle ne s’étend pourtant pas beaucoup.

Shuttleworth prend officiellement la tête de l’entreprise

On se souvient que c’est le fondateur de Canonical, Mark Shuttleworth, qui a eu le « pénible » devoir d’annoncer dans un billet de blog que les efforts de convergence étaient arrêtés. Il se disait désolé de devoir donner cette direction à l’entreprise, étant lui-même intimement persuadé qu’une telle philosophie représente l’avenir.

Dans un autre billet de blog publié hier soir, celle qui était jusqu’à présent PDG de l’entreprise indique qu’elle laisse sa place à Shuttleworth à la tête de l’entreprise. Jane Silber avait rejoint Canonical en 2004 en tant que directrice de l’exploitation, avant de devenir PDG en 2010, à la demande d’ailleurs de Shuttleworth.

Elle indique : « Nous entrons maintenant dans une nouvelle phase de croissance accélérée chez Canonical, et il est temps de passer le flambeau à des mains expertes et une nouvelle génération de dirigeants. Ce n’est pas une décision soudaine. J’avais accepté initialement d’être PDG pour cinq ans, et nous avons déjà étendu ma fonction une paire de fois ».

Un transfert de compétences sur trois mois

Jane Silber ajoute que cet important changement était préparé depuis quelque temps déjà, notamment « en renforçant l’équipe de direction », tout en faisant « mûrir tous les aspects de l’entreprise ». Le transfert de responsabilité ne sera toutefois pas immédiat, puisque la PDG restera à son poste actuel pendant environ trois mois, au cours desquels les fonctions seront transférées petit à petit à Mark Shuttleworth.

La bascule complète interviendra en juillet. Silber intégrera alors le conseil d’administration et continuera donc de participer aux décisions. Elle indique cependant qu’elle prendra un peu de repos avant de se replonger dans de « nouveaux défis ». On ne sait pas quel poste elle occupera dans Canonical, ni même si elle prendra un rôle actif dans l’entreprise.

Une réorganisation qui entraine des licenciements

Mais si Jane Silber parle de murissement et de renforcement, on peut y lire en filigrane le spectre d’une rationalisation des coûts. Or, The Register publiait peu de temps après un article pour pointer des signes inquiétants pour les employés. Des « sources multiples » avaient indiqué à nos confrères que la plupart des développeurs travaillant sur Unity allaient probablement devoir chercher un autre emploi.

Dans un nouvel article publié hier soir, The Registrer revient sur ce ménage de printemps avec des informations plus précises. Au moins 31 employés auraient ainsi déjà quitté l’entreprise, et au moins 26 autres ont été notifiés d’un départ prochain, sans savoir quand précisément.

Des changements résultant d'un audit externe ?

Plus précisément, le site indique que Canonical était en fait examiné par une entreprise tierce, à la demande d’éventuels investisseurs. Une décision que Shuttleworth aurait donc prise pour rassurer. Il en serait ressorti deux problèmes principaux : un trop grand nombre d’employés ainsi qu’un manque réel de direction claire sur une partie des projets. Voilà qui aurait en effet le mérite d’expliquer directement les conséquences.

Canonical n’a confirmé aucun chiffre donné par The Register, mais a bien reconnu que des licenciements étaient en cours. L’entreprise indique d’ailleurs qu’en fonction des pays concernés – les équipes sont réparties un peu partout – la situation est plus ou moins tendue. Par exemple, au Royaume-Uni, les évaluations se font sur un groupe plus important que le nombre réel d’employés dont Canonical veut se séparer. La société reconnait que la procédure peut donc « créer davantage d’incertitude ».

Pour l’instant, environ 80 personnes au moins seraient sûres de partir, mais le processus continue. Notez que les départements de conseil et de support sont a priori laissés intacts, la croissance devant ensuite prendre le relai pour y compenser l’absence de coupures. Canonical a par ailleurs indiqué que les indemnités de départ étaient dans la plupart des cas plus élevées que ce que les lois de chaque pays concerné imposaient généralement, sans plus de précisions.

Incertitude est pourtant le maître-mot

Les employés de l’entreprise ne sont pas les seuls à se poser des questions pour leur avenir. Elle n’a pas confirmé l’audit externe dont The Registrer a fait mention, mais cet examen montrerait que les investisseurs étaient initialement frileux à l’idée d’injecter des ressources dans Canonical.

Il est évident que la prochaine année s’annonce complexe pour la société, car elle aura tout à prouver. Ubuntu dispose d’une certaine aura, mais le changement radical de stratégie instaure de nouvelles règles. Elle ne se distinguera plus par son environnement Unity et deviendra une distribution tablant sur GNOME, parmi d’autres. Bien entendu, les grandes lignes de son ergonomie ne devraient pas changer, mais beaucoup se posent des questions.

On a d’ailleurs pu l’observer la semaine dernière dans l’annonce de Shuttleworth sur Google+ pour Unity, le fondateur indiquant alors que la communauté pourrait le reprendre en main si elle le souhaitait. De nombreux commentaires particulièrement durs ont émaillé la conversation et on pouvait y lire globalement une incompréhension face à cet abandon.

Canonical n’est donc pas au bout de ses peines. L’entreprise va cependant commencer par le commencement, avec Ubuntu 17.04 qui doit être disponible aujourd’hui.

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