Le parquet de Paris s'interroge sur l'attribution à Havas de l'organisation d'une soirée à Las Vegas en janvier 2016, dans le cadre de la French Tech. L'absence d'appel d'offres est au centre des attentions, pour un contrat qui dépasserait les 380 000 euros.
La French Tech a aussi droit à ses affaires. Le parquet de Paris a ouvert, le 13 mars, une enquête préliminaire sur la « French Tech Night », organisée le 6 janvier 2016 à Las Vegas, dans le cadre du CES. Y étaient notamment présents des représentants du monde numérique de l'époque, dont l'ancien ministre Emmanuel Macron. Il est reproché à l'agence Business France d'avoir fait appel à Havas pour l'organisation de cette soirée, possiblement sans appel d'offres.
Business France au centre des suspicions
Le parquet soupçonne donc un délit de favoritisme. Comme le rapporte France Inter, l'enquête devra déterminer si un marché public était nécessaire ou non. Elle est menée par l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), et suit un rapport de l'Inspection générale des finances (IGF), révélé le 8 mars par le Canard enchainé. La première enquête de l'IGF avait été lancée en décembre, sur demande du ministre de l'Économie, Michel Sapin.
Selon l'hebdomadaire, cette soirée aurait réuni 500 personnes dans un hôtel, pour un montant de 381 759 euros. La responsabilité personnelle d'Emmanuel Macron ne serait pas engageable pour l'instant, affirme l'AFP. L'enquête portera ainsi seulement sur la manière dont le marché public a été conclu par Business France, qui dit ne pas être sous la responsabilité directe du ministère, pourtant en charge de la French Tech.
Emmanuel Macron se dit hors de cause
Dans un communiqué, l'agence détaille que « le ministre [à l'époque Emmanuel Macron] et son cabinet n'interviennent pas dans les procédures d'appel d'offres, et donc dans la relation contractuelle entre Business France et Havas ». Elle explique par ailleurs l'absence d'appel d'offres par des « délais très serrés » et l'expérience connue d'Havas en la matière. Le 8 mars, elle admettait que « la procédure [pouvait] potentiellement être affectée d'irrégularité ».
« Si favoritisme il y a, ce n’est pas celui du ministre, mais celui de Business France par rapport à Havas. Ce n’est en aucun cas une affaire Emmanuel Macron » ajoute un porte-parole d'En Marche à Mediapart. Il faut dire que l'affaire porte un sacré coup à l'image de l'ancien ministre, qui a quitté le gouvernement en août dernier pour lancer sa campagne. Les prochaines semaines nous diront sûrement ce qu'il en est.
Dans un communiqué, l'association déclarait ce mardi que « cette enquête ne vise ni Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique en fonction à l’époque, ni aucun membre de son cabinet. Business France a elle-même affirmé qu’elle était seule responsable de l’organisation de cet événement et de la communication afférente » ajoutant qu'elle engagera « des actions judiciaires contre toute personne insinuant qu’Emmanuel Macron pourrait avoir une responsabilité personnelle quelconque dans les décisions ayant approuvé cette commande ».