Saisi en mars 2016, le Conseil national du numérique (CNNum) rend son rapport sur la numérisation des petites et moyennes entreprises. Pour l'institution, il faut convaincre les dirigeants de l'intérêt du numérique et organiser le partage d'informations entre celles-ci. Le but : améliorer les ventes grâce aux nouveaux outils.
Les PME françaises sont en retard sur le numérique face à leurs voisines européennes, le gouvernement cherche comment y remédier. Rapport après rapport, année après année, le constat s'impose au sein de l'Union européenne. En février 2016, la Commission affirmait encore dans son étude DESI que la France est en 10e place sur le partage électronique d'informations, quand environ 7,5 % des sociétés se sont mises au cloud ; considéré comme un indicateur de numérisation par l'UE.
Le « commerce connecté » pour diffuser le numérique
En mars 2016, Bercy a saisi le Conseil national du numérique, pour qu'il trouve des solutions à ce problème. Le conseil a donc lancé une enquête de terrain jusqu'en juillet, rencontrant 200 PME, en plus de 55 auditions. Il a observé les pratiques de 14 autres pays pour s'en inspirer.
En résulte un objectif, affiché en police taille 40, « vendre mieux grâce au numérique ». Pour le conseil, « se focaliser sur le e-commerce serait une erreur ». Il mise plutôt sur le « commerce connecté », censé utiliser la vente comme cheval de Troie pour diffuser le numérique dans les entreprises et convaincre les dirigeants qu'il s'agit d'une nécessité.
L'organe consultatif affiche trois défis à relever : le manque d'accompagnement des entreprises, un financement difficile d'accès et des relations entre entreprises peu fluides. Il propose de se focaliser sur les stratégies d'« e-internationalisation », l'hyper-proximité et la mutualisation entre sociétés.
Sept recommandations pour numériser le privé
Dans le détail, le CNNum formule sept recommandations, à partir de 21 pistes. Comme d'habitude dans ce genre de rapport destiné au ministère de l'Économie, l'État est affiché comme garant de l'avancée du secteur. Il s'agit donc de créer :
- Une marque forte pour fédérer les acteurs, avec une mission dédiée. Une initiative qui semble pouvoir s'intégrer à l'Agence du numérique, aux côtés de la French Tech.
- Un réseau d'accompagnement, « les connecteurs du numérique ». Ils seraient soit bénévoles, soit subventionnés par l'État.
- Une plateforme de ressources personnalisées, avec un outil d'auto-diagnostic pour PME.
- Un dispositif d'accompagnement pour l'internationalisation numérique, avec un soutien actif dans certaines négociations commerciales.
- Une aide régionale pour les petites entreprises.
- Une formation pour les dirigeants et responsables numériques des PME, avec des cursus dédiés, notamment en formation continue.
- Un statut de PME digitale (sic), pour l'échange non-lucratif des compétences numériques des salariés, avec un amortissement public du coût de ces échanges. Le CNNum recommande une première expérimentation avec 150 sociétés.
L'idée globale est donc d'en finir avec l'isolement des entreprises sur le numérique, et de prouver qu'il s'agit d'un outil d'efficacité commerciale. Le conseil semble convaincu que l'une des limites principales réside à la tête des petites sociétés, ce chantier n'étant pas une priorité partagée. Il reste tout de même à voir ce qu'en fera Bercy une fois le prochain gouvernement en place.