Iliad (Free) obtient un financement de 200 millions d'euros pour déployer la fibre en France, prévoyant neuf millions de lignes en 2018. Un coup de pouce pour tenir tête à l'opérateur historique, qui domine sans partage ce nouveau réseau depuis deux ans.
L'Union européenne continue ses investissements dans le très haut débit. Hier, elle a annoncé un financement de 200 millions d'euros à Iliad (Free) pour le déploiement de son réseau fibre jusqu'à l'abonné (FTTH), dans le cadre du plan d'investissement pour l'Europe, dit « plan Juncker ». Il se compose d'un financement de la Banque européenne d'investissement (BEI) et du Fonds européen pour les investissements stratégiques (EFSI).
Le 100 % de très haut débit attendu en 2020 en Europe
Pour mémoire, la BEI avait suspendu ses projets liés au très haut débit français l'été dernier, la validation du plan France THD par la Commission européenne tardant trop (voir notre analyse). Elle affirme tout de même avoir investi un milliard d'euros dans le très haut débit français en 2016. Au total, ce sont 550 millions d'euros qui ont été confiés à Iliad par la banque européenne depuis 2009.
Cet investissement doit, naturellement, contribuer à l'objectif de 100 % de très haut débit (30 Mb/s descendant) en 2020, dont 50 % à plus de 100 Mb/s. En France, l'échéance est fixée à 2022 pour 100 % de très haut débit, avec 80 % de fibre, surtout dans les grandes villes. Une ambition qui fait encore douter les acteurs publics, aux dernières nouvelles la Cour des comptes, qui estime le coût de raccordement des Français largement sous-évalué (voir notre analyse).
Avec cet accord européen, Iliad vante « l'octroi de conditions financières particulièrement attractives, adaptées au secteur et à la nature de l'investissement » (PDF). L'opérateur a commencé le déploiement de la fibre en 2006, avant de largement ralentir et de se faire dépasser par Orange, qui a investi massivement depuis 2013, au point de dominer le marché (voir notre analyse).
Des réseaux qu'il reste encore à déployer
Maxime Lombardini avait reconnu que certains choix technologiques avaient pu contribuer à ses difficultés sur la fibre. L'entreprise doit bientôt proposer sa box sur les réseaux publics, en zone peu dense, gérés par la société Axione... filiale de Bouygues. Dans le même temps, l'Arcep prépare une régulation plus forte d'Orange en matière de fibre. L'opérateur historique a répondu qu'il n'est pas « responsable des erreurs stratégiques » de ses concurrents.
Pour sa part, Free a tout de même mis un sérieux coup de collier à ses investissements et recrutements d'abonnés en fibre depuis 2015, surtout en zone très dense. En 2011, il avait conclu un accord de coinvestissement en zone moins dense (agglomérations de taille moyenne) avec Orange, chargé des déploiements. Il prévoit de disposer de neuf millions de lignes fibre à fin 2018. Au troisième trimestre, il en a financé 900 000 supplémentaires, ce qui porte le total à quatre millions de prises, contre 2,5 millions fin 2015.