Jeudi soir à clôture de bourse, Vivendi présentait ses résultats pour l'année 2016. Outre une intégration « réussie » de Gameloft, le géant des médias met en avant le succès de ses partenariats avec les opérateurs téléphoniques pour Canalsat, même si Canal+ continue de perdre son public.
Attendus de pied ferme, les résultats annuels de Vivendi pour 2016 sont riches d'enseignements. Le groupe est parvenu à maintenir son chiffre d'affaires, ce malgré le net recul observé du côté de Groupe Canal+, qui continue de souffrir de la fuite de ses abonnés vers des cieux plus cléments. L'évolution du bénéfice est quant à elle quantique, le résultat variant fortement en fonction de la position de l'observateur.
Statu quo
Vivendi a enregistré un chiffre d'affaires de 10,819 milliards d'euros en 2016, soit 0,5 % de mieux qu'en 2015, une performance plutôt positive au vu des remous actuellement traversés par l'entreprise pilotée par Vincent Bolloré.
Le résultat net s'établit quant à lui à 1,25 milliard d'euros, en baisse de 35 % si l'on s'intéresse à l'ensemble des activités du groupe, ou bien en hausse de 77 % si l'on ne se focalise que sur celles actuellement poursuivies par Vivendi. Une différence due à la cession de l'opérateur GVT en 2015.
La trésorerie de Vivendi a de son côté fondu comme neige au soleil, passant de 6,4 milliards d'euros fin 2015 à 1,1 milliard aujourd'hui. Une variation brutale due à la fois aux acquisitions et investissements du groupe opérés cette année (3,4 milliards d'euros), aux dividendes versés aux actionnaires (2,6 milliards d'euros) et aux rachats d'actions de l'entreprise (1,6 milliard d'euros).
Pendant ce temps, les cessions d'actifs n'ont rapporté que 1,8 milliard d'euros (dont 1,5 milliard rien que pour la cession de 5,7 % d'Activision Blizzard) et le cash flow opérationnel n'a fait gonfler les caisses que de 729 millions d'euros environ. Dans l'état actuel des choses, il est peu probable que Vivendi poursuive ses investissements sur ses seules liquidités.
Le cas Canal
Concernant le groupe Canal+, la situation ne s'est toujours pas améliorée, et Vivendi le reconnait en signalant une « baisse de la TV payante en France métropolitaine due à l’érosion continue de la base d’abonnés avec engagement et à la baisse des revenus publicitaires liée à la réduction de la fenêtre en clair ».
Les revenus de la télévision payante made in Canal ont ainsi reculé de 6,1 % en France en 2016 et n'atteignent plus que 3,178 milliards d'euros. Pour ce qui concerne les chaînes Canal+, le repli est de 7,4 % sur un an, à 1,614 milliard d'euros. La télévision gratuite dans l'Hexagone (C8, CStar, CNews...) voit quant à elle ses revenus grimper de 6,9 %, à 217 millions d'euros.
Avec tout ceci, le groupe Canal+ parvient à dégager un EBITA de 240 millions d'euros, en recul de 47 % par rapport à 2015. Concernant les chaînes Canal+ en France, leur EBITA est négatif à hauteur de 399 millions d'euros, contre des pertes de 264 millions d'euros seulement en 2015.
Free et Orange à la rescousse
Vivendi laisse toutefois entendre que l'éclaircie n'est plus très loin pour le groupe Canal+, citant « une forte amélioration des performances commerciales en fin d’année à la suite du lancement des nouvelles offres », mais aussi grâce à la signature d'accords avec les opérateurs Free et Orange pour intégrer certaines chaînes dans leurs bouquets de télévision.
Cette nouvelle formule a permis à Vivendi d'ajouter fin décembre un total de 2,9 millions de clients, profitant de ces partenariats. L'impact financier de ces contrats n'a toutefois pas été évoqué pour l'instant par le géant des médias, qui préfère faire profil bas à ce sujet.
Gameloft trouve sa place
Pendant ce temps, Gameloft a déposé ses cartons chez Vivendi et ses comptes sont désormais intégrés à ceux du groupe depuis le deuxième semestre. Sur ces six mois, le chiffre d'affaires de l'éditeur de jeux s'élève à 132 millions d'euros (+6 % sur un an), dont 11 millions proviennent de la publicité. La rentabilité est d'ailleurs au rendez-vous avec un résultat opérationnel courant multiplié par 5 par rapport à 2015, passant de 2 à 10 millions d'euros.
La bonne nouvelle se trouve du côté des revenus publicitaires, qui ont quasi quadruplé en un an pour atteindre 19 millions d'euros. Ce point était d'ailleurs régulièrement mis en avant par la fratrie Guillemot pour faire valoir aux actionnaires que leur pilotage était suffisamment efficace pour avoir à se passer de Vivendi. Un argument qui n'avait pas fait mouche.
Des prévisions optimistes
Pour l'an prochain, Vivendi s'attend à une augmentation de 5 % « grâce aux mesures prises en 2016 », ainsi qu'à une augmentation de l'EBITA de l'ordre de 25 %. De quoi permettre à la société de renflouer un peu sa trésorerie, mise à mal par ses raids successifs et le poids important des retours concédés aux actionnaires.
En bourse, ces annonces ont été accompagnées d'un recul du cours de l'action de 3,65 % lors de la séance du jour, valorisant ainsi Vivendi à 21 milliards d'euros. Depuis un an, le groupe a vu son action reculer de 9,2 %.