L'hébergeur suisse d'emails chiffrés ProtonMail a ouvert une bêta fermée d'un service VPN. Il est pour le moment réservé à ses clients les plus fidèles et doit ouvrir publiquement au printemps, de manière gratuite.
ProtonMail a désormais son propre service VPN. La société, connue pour son webmail avec gestion du chiffrement, vient de lancer la bêta privée de ProtonVPN de manière assez discrète. Celle-ci constitue une alternative gratuite aux services déjà en place. Pour l'heure, elle est réservée aux clients « à vie » et de l'offre « Visionary » de ProtonMail, ceux qui soutiennent le plus l'initiative suisse.
ProtonVPN is now in Beta! We would like to welcome ProtonMail Lifetime users to test it and help us make it better. #ProtonVPNBeta
— ProtonVPN (@ProtonVPN) 21 février 2017
Se prémunir des blocages gouvernementaux
« L'an passé, nous avons constaté des mesures croissantes pour bloquer ou bannir des services de vie privée comme ProtonMail, et comme notre base utilisateurs et notre influence continue de croître, nous anticipons des actions contre ProtonMail en 2017 » nous explique Andy Yen, co-fondateur et PDG de la société. Les blocages à répétition de Signal dans certains pays sont un exemple frappant. Pour s'en prémunir, l'entreprise a ouvert un service via Tor et propose désormais son propre VPN.
Sur la page de support, l'unique accessible publiquement, ProtonVPN affirme ne retenir que la date et l'heure de la dernière connexion au service, mais pas de données de navigation. Il propose également à une partie de ses premiers clients un mode « Secure Core », censé prémunir l'internaute d'une compromission du serveur.
Nous avons demandé plus de détails à son sujet, ainsi que sur l'hébergement des serveurs, sans obtenir de réponse concrète pour le moment. Le projet doit être dévoilé de manière plus complète dans les semaines à venir. Plus généralement, il adhère « au standard OpenVPN » et propose plusieurs pays de connexion.
Pour ProtonMail, Tor pâtit de ses performances
Dans l'absolu, pourquoi ouvrir un VPN quand il y a déjà Tor ? « Tor n'est pas une solution qui peut vraiment devenir grand public. Il a des problèmes importants d'utilisabilité à cause de ses performances limitées. Un service VPN est donc une solution intermédiaire naturelle » nous détaille encore la société.
Le projet a été lancé l'été dernier en interne, avec l'arrivée de contributeurs externes par la suite. « Une motivation importante est que nous ne trouvions pas de fournisseurs de VPN avec la bonne combinaison de sécurité, de vie privée et de transparence pour être de confiance » appuie encore Andy Yen.
Car il existe pléthore de services du genre sur le marché, parfois avec pour vocation de « protéger » ceux qui téléchargent des contenus de manière illégale. De quoi nourir des dizaines de guides « Quel VPN choisir ? » poussés par des partenariats plus ou moins assumés et autres affiliations. Ces sociétés communiquent alors plus sur les débits qu'ils peuvent offrir que sur leurs procédures de sécurité ou de respect de la vie privée. Un élément pourtant crucial dès lors qu'il s'agit de transporter l'ensemble des données d'un internaute.
De son côté, ProtonVPN devrait être disponible publiquement dans le courant du printemps. Les détails techniques arriveront au fil de l'eau. Il sera fourni gratuitement et soutenu financièrement par ProtonMail, avec un code diffusé sous licence MIT. « Cela peut sembler surprenant, mais la monétisation n'est pas vraiment un souci pour le moment. Notre idée est que si ProtonVPN apporte de la valeur à la communauté ProntonMail, les fonds pour le soutenir deviendront disponibles d'une manière ou d'une autre, que ce soit par du financement participatif, des dons, voire des offres premium payantes » détaille l'entreprise.