Orange : des bénéfices en hausse, le FTTH et la 4G gagnent encore du terrain

Si Stéphane Richard avait le sourire lors des 20 ans de l'Arcep, ce n'était pas seulement parce qu'il était content d'y entendre que le régulateur veut abattre les derniers bastions de son monopole, mais probablement aussi parce que les chiffres de l'opérateur sur 2016 ont repris des couleurs. 

La croissance revient

Orange a en effet réalisé un chiffre d'affaires global de 40,9 milliards d'euros sur 2016, soit une légère hausse de 0,6 % sur un an, qui fait suite à deux années consécutives de baisse. Une amélioration que l'opérateur met sur le compte de bons scores réalisés en Europe, notamment en Espagne, et ce malgré quelques éléments néfastes comme « la diminution des revenus de l’itinérance nationale en France et par les baisses de prix de l’itinérance en Europe ».

Deux points qui ne devraient pas aller en s'arrangeant, d'une part en raison du déploiement par Free de ses propres antennes, et d'autre part par le récent arbitrage de la Commission européenne sur les frais de roaming, que nous avons résumé par ici.

Pendant ce temps, l'EBITDA de l'opérateur progresse un peu plus rapidement (+1,3 % sur un an) et atteint désormais 12,682 milliards d'euros. Un score « en ligne avec l'objectif » que s'était fixé Orange l'an passé. Le résultat net atteint quant à lui à 2,935 milliards d'euros, contre 2,652 milliards en 2015, signe que les choses vont mieux chez l'opérateur historique, ce malgré des dépenses plus importantes pour l'achat de fréquences et de licences, qui ont plus que quadruplé en 2016 pour atteindre 1,8 milliard d'euros. 

Le cas français

Si l'on se focalise sur l'Hexagone, la situation est un brin différente. Cette année encore, Orange a enregistré une baisse de 1 % de son chiffre d'affaires qui s'établit donc à 18,969 milliards d'euros. Un résultat principalement dû au recul de 4 % des revenus issus des services mobiles, pas totalement compensé par la vente de terminaux (+6 % à 775 millions d'euros) ni par celle de services fixes (+0,7 % à 10,4 milliards d'euros).

L'EBITDA d'Orange en France connait toutefois une progression intéressante, avec une hausse de 0,5 % sur un an, à 7,134 milliards d'euros. La marge d'EBITDA du groupe a donc grimpé de 0,6 point pour atteindre 37,6 %. Ce dernier point, l'opérateur le met à l'actif de son plan « Explore 2020 », qui aurait permis de réduire les coûts de distribution et du service client de 325 millions d'euros.

Le mobile en demi-teinte

Côté clientèle, le dernier trimestre aura été plutôt faste pour l'agrume. Du côté de la téléphonie mobile, Orange revendique 131 000 nouveaux clients sur les trois derniers mois, un score qui reste un peu moins élevé que ceux enregistrés dernièrement. Voici un état des lieux détaillé de la clientèle mobile d'Orange en France et des recrutements. 

• Clients mobiles (hors MVNO) : 30,033 millions (+525 000 en trois mois, +1 609 000 en un an)
• Clients forfait : 26,486 millions (+729 000 en 3 mois, +2 345 000 en un an)
• Clients forfait hors (MtoM) : 20,775 millions (+131 000 en trois mois, +511 000 en un an)
• Clients Sosh : 3,277 millions (+68 000 en trois mois, + 339 000 en un an)
• Clients MVNO : 739 000 (+3 000 en trois mois, -54 000 en un an)
• ARPU :  22,2 euros 
• Taux de churn sur forfaits : 12,7 % (12,6 % il y a trois mois, 13,4 % il y a un an)

Côté 4G, Orange revendique couvrir 88 % de la population au 31 décembre 2016, contre 84 % seulement trois mois plus tôt et 80 % il y a un an. Le sursaut du dernier trimestre est bienvenu pour l'opérateur, puisque la concurrence a très largement aiguisé ses armes l'an dernier. Sur le seul mois de décembre par exemple, SFR a déployé un total de 1 697 antennes, contre seulement 641 pour l'agrume.

Sur l'ensemble de l'année, Orange a également perdu la première place concernant le nombre d'antennes déployées (14 999 contre 16 297 pour SFR et 16 210 pour Bouygues) mais aussi la palme du plus grand nombre de pylônes installés, avec 10 600 pour Bouygues et 10 038 pour Orange. SFR n'est qu'à quelques longueurs avec 9 835 supports, dont 730 déployés rien qu'au mois de décembre 2016. 

Malgré ses bons recrutements, Orange a vu son chiffre d'affaires sur le mobile fondre de 4 % en l'espace d'un an, mais ne donne pas d'explication précise. En fouillant dans les tableaux, on comprend que la part de plus en plus importante des offres « SIM only » sans vente de téléphone (désormais de 65 % contre 52 % en 2015) n'a pas un impact très favorable sur l'ARPU, qui continue de reculer trimestre après trimestre. 

Le fixe tire son épingle du jeu

Heureusement, le fixe est là pour assurer les arrières de l'opérateur historique. Du côté des recrutements, Orange s'en sort plutôt bien avec 95 000 clients supplémentaires sur le haut débit. Si l'ADSL recule nettement avec 50 000 clients de moins en l'espace de trois mois, un chiffre jamais vu ces trois dernières années, le FTTH a permis quant à lui d'en récupérer 145 000 autres. Voici quelques autres donnés clés pour comprendre la situation.

• Clients haut débit : 11,151 millions (+95 000 en trois mois, +417 000 en un an)
• Clients ADSL : 9,643 millions (-50 000 en trois mois, +78 000 en un an)
• Clients FTTH : 1,452 million (+145 000 en trois mois, +492 000 en un an)
• Prises FTTH : 6,879 millions (+567 000 en trois mois, +1 818 000 en un an)
• Clients « satellite et autres » : 55 000 (stable sur trois mois, -2 000 en un an)
• Clients bas débit (56k) :25 000 (-14 000 en trois mois, -33 000 en un an)
• ARPU Haut débit : 33,3 euros (+0,1 euro sur trois mois, +0,3 euro sur un an)

Orange compte d'ailleurs de plus en plus sur son réseau fixe pour fidéliser sa clientèle. Désormais, 57 % (+3 points sur un an) de ses clients haut débit fixe ont opté pour une offre Open faisant converger fixe et mobile, et ajoutant une couche d'engagement supplémentaire. Les bouquets « premium » de l'opérateur (Play et Jet) représentent également une part de plus en plus importante de la clientèle, 40 %, contre 39 % en 2015. Un point qui peut expliquer en partie la progression observée de l'ARPU.

Des objectifs modestes et une dette contenue

Pour 2017, Orange ne s'est pas fixé d'objectifs insurmontables. L'idée est plutôt de maintenir aussi bien l'EBITDA du groupe que son endettement, tout en faisant progresser légèrement le dividende, qui passerait de 0,6 à 0,65 euro par action. Concernant la politique de rachats et d'acquisition, Stéphane Richard la souhaite « sélective, avec une priorité donnée aux zones existantes ». Il est donc peu probable que l'opérateur se lance sur de nouveaux marchés cette année, à moins d'une belle occasion. 

Côté endettement, Orange fait valoir que la structure de ses créances est saine et que ses liquidités disponibles lui permettent de voir passer les prochaines échéances sereinement. En 2017, il devrait ainsi être question d'un remboursement de trois milliards d'euros, et de 3,5 milliards en 2018, avant un gros bloc de 4,8 milliards sur 2019. En comptant ses lignes de crédit « de back-up », le groupe a 14,2 milliards d'euros à sa disposition, bien assez pour faire face.

D'ailleurs, l'endettement net d'Orange s'est bien réduit cette année. Il s'établissait à 24,444 milliards d'euros ou 1,93x son EBITDA, contre 26,552 milliards fin 2015 soit 2,01x son EBITDA. Un taux qu'au moins un autre opérateur dans l'Hexagone aimerait voir en bas de son bilan. 

Au moment où nous rédigeons cette actualité, les marchés financiers n'ont réagi que fraichement aux annonces de l'opérateur historique. Son cours en bourse progresse ainsi de 0,7 % à mi-séance, valorisant l'ensemble à environ 39 milliards d'euros. Bouygues de son côté enregistre une hausse de 5,5 % suite à l'annonce de ses résultats annuels, sur lesquels nous ne tarderons pas à revenir.