La Corée du Sud est actuellement agitée par un important scandale de corruption, touchant une grande partie de la classe politique. Les remous vont jusqu'à éclabousser Samsung, dont un des dirigeants aurait tenté de graisser quelques rouages pour faciliter la restructuration de l'entreprise.
La situation politique en Corée du Sud est en ce moment très tendue. En novembre dernier, la présidente Park Geun-Hye avait limogé avec pertes et fracas le chef de son gouvernement ainsi que deux importants ministres, en réponse à un scandale de corruption, dans lequel sa confidente Choi Soon-Sil aurait joué un rôle important. Celle-ci aurait en effet profité de sa proximité avec le pouvoir pour obtenir des faveurs de la part des grandes entreprises du pays, en l'échange de coups de pouces divers.
Le scandale est tel que la présidente a fait l'objet d'une procédure de destitution le 9 décembre dernier. Ses pouvoirs sont pour l'instant suspendus, en attendant une décision du conseil constitutionnel. L'intérim est depuis assuré par le Premier ministre Hwang Kyo-Ahn.
Les yeux rivés vers Samsung
L'enquête des autorités coréennes sur cette affaire de corruption se dirige désormais vers Samsung. Lee Jae-Yong, fils du PDG de Samsung et vice-président du groupe, a ainsi été entendu par la justice en janvier dernier avant d'être relâché. À la suite d'une nouvelle audition ce vendredi, la BBC et Reuters rapportent que la cour a estimé « qu'il était nécessaire d'arrêter Lee Jae-Yong à la lumière de nouvelles preuves et de nouvelles charges criminelles ».
L'arrestation du dirigeant ne signifie pas pour autant que sa culpabilité est avérée, mais elle permet aux autorités de profiter d'un délai de 20 jours pour lancer des poursuites formelles, tout en s'assurant que le suspect reste sur le territoire national.
Selon le procureur chargé de l'affaire, il est reproché à Lee Jae-Yong d'avoir procédé à plusieurs donations à des organismes liés à Choi Soon-Sil, pour un total d'environ 36 millions de dollars. Objectif : faciliter la restructuration actuellement en cours chez Samsung. Le dirigeant a reconnu avoir donné « un cheval et de l'argent » avec les fonds de l'entreprise pour aider la carrière équestre de la fille de la confidente de la présidente, mais nie avoir attendu la moindre faveur en retour.
Un cheval pour graisser les rouages
Pourtant, le soutien du fonds de pension souverain –qui se trouve être le premier actionnaire de l'entreprise avec 8,69 % de ses parts – pourrait s'avérer utile au dirigeant et former une contrepartie suffisamment vraisemblable pour justifier ce manège. D'autant plus que son responsable a lui aussi été mis en examen.
Depuis plusieurs mois, Samsung fait face aux pressions de fonds activistes qui dénoncent la structure trop complexe de l'entreprise, la mainmise de la famille Lee, et plus généralement l'omniprésence de dirigeants coréens au conseil d'administration de l'entreprise. Une situation qui laisse penser à ces fonds que la direction manque d'expérience sur les marchés extérieurs à la péninsule coréenne.
Samsung avait alors réagi à ces critiques en expliquant vouloir simplifier son organigramme et faire entrer « de nouveaux administrateurs indépendants, avec une expérience internationale » à sa tête. Le tout, saupoudré d'augmentation de 30 % du dividende versé, pour calmer les ardeurs de certains. Simultanément, Samsung cherche aussi a assurer la succession du père de Lee Jae-Yong à la tête de l'entreprise, si possible en y plaçant son fils. Or, avec l'arrestation de ce dernier, la situation se complique encore un peu plus.