En même temps qu'Ubisoft, Activision Blizzard a présenté il y a quelques jours ses résultats pour le quatrième trimestre 2016. L'éditeur américain y apparait en grande forme, même si quelques jours plus tard, des rumeurs concernant d'importants licenciements ont fait surface.
L'année 2016 aura été plutôt fructueuse pour Activision Blizzard. Bien aidé par le lancement d'Overwatch et par l'acquisition du spécialiste des jeux mobiles King, l'éditeur américain affiche des bénéfices et un chiffre d'affaire record sur l'ensemble de l'exercice.
Records battus
Sur le seul quatrième trimestre, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 2,01 milliards de dollars, en hausse de 48 % sur un an (notamment grâce à l'acquisition de King), alors qu'il n'en espérait que 1,86 milliard. Cette première bonne nouvelle est accompagnée par une seconde. Le bénéfice net de l'éditeur sur le trimestre atteint 254 millions de dollars, contre 38 millions attendus.
Sur l'ensemble de l'année, Activision Blizzard tablait sur un chiffre d'affaires de 6,45 milliards de dollars, pour environ 750 millions de dollars de bénéfices nets. Là encore, l'éditeur a plus que rempli ses objectifs, avec des revenus qui culminent à 6,61 milliards de dollars, avec au bout du compte un résultat net de 966 millions de dollars, venus garnir le matelas de liquidités de l'entreprise.
Celle-ci profite désormais de 3,27 milliards de dollars de cash à sa disposition, tandis que sa dette brute s'élève à 4,94 milliards de dollars, où 2,0x son EBITDA sur douze mois glissants. La situation de l'éditeur reste donc encore très saine de ce point de vue.
Les prévisions pour 2017 sont par contre un peu moins glamour. Activision Blizzard estime n'être en mesure de réaliser qu'un chiffre d'affaires de six milliards de dollars, soit un recul d'environ 10 %. Le résultat net devrait quant à lui graviter autour des 550 millions de dollars, là aussi en net recul.
Une audience phénoménale
Plus que sur ses résultats financiers, Activision Blizzard s'étale sur la taille de l'audience de ses jeux. L'éditeur revendique ainsi sur le dernier trimestre un total de 447 millions d'utilisateurs mensuels (MAU), dont 51 millions pour Activision, 41 millions pour Blizzard et 355 millions pour King. Dans ce dernier cas, la tendance est à la baisse, mais pour les deux autres branches, la croissance est au rendez-vous.
L'éditeur revendique également que sur le seul dernier trimestre, les clients ont passé dix milliards d'heures à jouer sur leurs titres, tandis que le total s'élève à 43 milliards d'heures si l'on inclut le temps passé à regarder d'autres joueurs en pleine partie. La méthodologie permettant d'arriver à ce chiffre reste toutefois obscure. Cela n'empêche pas le géant américain de se vanter qu'il s'agit d'un niveau équivalent à celui enregistré par Netflix (45 milliards d'heures) et largement supérieur à celui de Snapchat (22 à 26 milliards d'heures).
À chacun son bon point
Le géant américain a également profité de l'occasion pour distribuer les bons points à chacune de ses branches. Pour Activision, l'accent est mis sur les records d'audience (MAU) obtenus par la franchise Call of Duty et le succès de la série Skylanders Academy sur Netflix.
Chez Blizzard, c'est le lancement d'Overwatch qui retient toute l'attention de l'éditeur, notamment parce qu'il lui a permis de passer sous la barre de 60 % de revenus générés par la franchise Warcraft et sous la barre des 80 % de revenus liés au monde du PC. Du côté de King enfin, c'est la bonne santé continue de la saga Candy Crush qui est mise en avant. Bref, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Des licenciements attendus chez Activision
Alors qu'Activision promet un « retour aux sources » pour la saga Call of Duty en 2017, au lendemain de la présentation des résultats, Kotaku a eu vent d'importants licenciements au sein des bureaux de l'éditeur, qui se sont produits la semaine dernière. Les coupes se concentrent uniquement sur Activision Publishing, et concernent tout de même 5 % des effectifs de cette branche.
La nouvelle a été confirmée par l'éditeur par le biais d'une déclaration, plutôt laconique, où il explique qu'« Activision Publishing réaligne [ses] ressources pour soutenir [ses] sorties à venir et s'adapter à la transition qui s'accélère vers un modèle dématérialisé ». Tout un programme.
Du côté de la franchise Skylanders, Activision a décidé de ne pas lancer de nouvel opus en 2017, afin de laisser à la série un peu de temps pour respirer et se renouveler. On rappellera que l'un de ses principaux concurrents, Disney, a décidé d'arrêter les frais sur les jeux « à figurines » en mettant fin au développement de Disney Infinity. La pression est donc bien moins présente, ce qui laisse le temps à l'éditeur de préparer son prochain coup.
Overhype
En bourse, ces annonces ont été accueillies très chaleureusement. Sur les deux dernières séances, le cours d'Activision Blizzard a en effet bondi de plus de 16 %, valorisant le géant américain à hauteur de 33 milliards de dollars. En l'espace d'un an, le cours de l'éditeur a connu une croissance de 62 %, un chiffre que bien des concurrents pourraient lui envier.
À titre de comparaison, Ubisoft ne pointe qu'à 4 milliards d'euros, Electronic Arts, pourtant outrageusement rentable, gravite autour des 27 milliards de dollars, tandis que Take Two, qui peut pourtant s'enorgueillir d'un GTA V vendu à plus de 75 millions d'exemplaires, reste loin derrière, avec une valorisation de 6 milliards de dollars.