Afin que le public puisse savoir en quelques clics où se trouvent les stations de recharge destinées aux voitures électriques, l’exécutif vient de publier un décret imposant la mise en ligne, sur le portail gouvernemental d’Open Data, des informations concernant leur localisation. La diffusion des données en temps réel ne sera toutefois pas impérative.
Si le succès des voitures électriques semble avant tout lié au déploiement d’un réseau suffisant de dispositifs de recharge, les pouvoirs publics pensent également à optimiser l’utilisation du parc existant. Comment ? En améliorant les informations permettant aux conducteurs, lorsqu’ils préparent ou effectuent un trajet, de savoir à quelle distance se trouvent les stations les plus proches – que ce soit via un GPS ou un smartphone notamment.
Ouverture obligatoire des données « statiques » (localisation, heures d'ouverture...)
La France avait fait un premier pas en la matière (en imposant fin 2014 la diffusion d’informations à quelques acteurs uniquement), lequel vient d’être complété par un second, impulsé par une directive européenne. En vertu d’un décret paru vendredi 13 janvier au Journal officiel, toutes les données « relatives à la localisation géographique et aux caractéristiques techniques des stations et des points de recharge ouverts au public » devront dès demain être « accessibles sur une base ouverte à tous les utilisateurs dans des conditions non discriminatoires ».
Complété par un arrêté, ce texte prévoit que les aménageurs d'infrastructures de recharge pour véhicules électriques rendent publiques les informations suivantes, pour chacune de leur station : adresse (avec longitude et latitude), nombre de points de recharge, type de prises, amplitude d’ouverture de la station, caractère gratuit ou payant de la recharge, date de mise à jour des données, etc.
Ces données auront vocation à être diffusées dans un tableur CSV, lequel sera mis en ligne sur la plateforme « data.gouv.fr », « sous licence ouverte permettant la réutilisation libre de ces données ». Dans ces conditions, les développeurs devraient être en mesure de proposer facilement des applications permettant par exemple de cartographier les différentes bornes présentes sur le territoire national.
Pour éviter le maintien d’informations erronées ou périmées, le décret précise en outre que ces informations devront être « en permanence tenues à jour » par leurs producteurs.
Un régime moins contraignant pour les données en temps réel
Comme en matière de transports en commun, ce sont toutefois les informations en temps réel, relatives notamment à la disponibilité des services, qui se révèlent particulièrement précieuses (pour savoir par exemple si une station de recharge est libre ou déjà occupée). Sur ce terrain, l’exécutif a cependant introduit des dispositions assez peu contraignantes...
Ces « données dynamiques » n’auront à rejoindre celles sur la géolocalisation qu’à condition qu’elles soient « disponibles ». Si tel est le cas, l'aménageur devra prendre « les mesures appropriées pour qu'a minima les données relatives à la disponibilité des points de recharge soient mises à la disposition de tous les utilisateurs en temps réel » – toujours « sur une base ouverte et dans des conditions non discriminatoires ».
En clair, les opérateurs de stations ne seront pas forcément tenus de diffuser ces informations en Open Data – s’ils n’en ont pas. Dans le cas contraire, ils pourront de toute manière échapper à cette obligation, à condition qu’ils transmettent leurs fameuses « données dynamiques » à une plateforme dite d'interopérabilité (non destinée au public).
Le décret prévoit que même ces plateformes puissent commercialiser des « service[s] à destination des consommateurs finals », si un contrat est signé en ce sens. On comprend ainsi qu’à l’image des modèles « freemium » choisis par la SNCF ou, plus récemment, par la RATP, ces dispositions pourraient conduire de « gros » consommateurs de données en temps réel à payer pour y accéder. Ce qui constituerait une entorse aux principes de l’Open Data.
En attendant que ces dispositions commencent à produire leurs effets, vous pouvez d’ores et déjà vous tourner vers « data.gouv.fr », sur lequel se trouve une compilation des principales données « statiques » concernant certaines bornes de recharges disponibles en France. Ces informations en Open Data ont d’ailleurs permis de développer une carte via OpenStreetMap (voir ici). Le tout n’a cependant pas été mis à jour depuis mai 2016, et on n'y trouve aucune information en temps réel sur la disponibilité des bornes...