Nouvelle tentative pour allonger la prescription des infractions de presse sur Internet

Nouvelle tentative pour allonger la prescription des infractions de presse sur Internet

L'injure, l'autre diffame

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Marc Rees

Publié dans

Droit

03/01/2017 3 minutes
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Nouvelle tentative pour allonger la prescription des infractions de presse sur Internet

La proposition de loi sur la réforme de la prescription pénale, adoptée au Sénat, sera prochainement examinée par les députés en séance. Une nouvelle fois, des parlementaires ont profité de la fenêtre pour tenter d’étendre les délais de prescription sur Internet en matière d’injure et diffamation, et autres infractions de presse.

Après une tentative, finalement vaine, lors des débats autour du projet de loi sur l’égalité et la citoyenneté, le sénateur François Pillet arrivera-t-il finalement à faire modifier les délais de prescription pour les abus de liberté d’expression commis en ligne ?

Dans le cadre, cette fois, de la proposition de loi sur la réforme de la prescription pénale, l’élu a fait adopter son amendement visant à allonger la prescription des délits de presse (diffamation, injure même non publique, etc.) sur Internet.

Un an de prescription, sauf si le contenu en ligne est diffusé aussi sur papier

Dans le texte passé en octobre au Sénat, il est prévu que l’action publique et l’action civile se prescriront d’une année pour les infractions commises en ligne au lieu et place des traditionnels trois mois jusqu’alors en vigueur. « Un délai de prescription de trois mois apparaît aujourd’hui insuffisant pour permettre aux victimes de constater l’infraction, d’identifier l’auteur et de mettre en mouvement l’action publique. Or si la prescription est de trois mois, l’infraction est néanmoins susceptible de produire ces effets pendant des années. »

Afin de ménager la susceptibilité des mastodontes du secteur de la presse, il est prévu qu’un tel délai ne s’appliquerait pas « en cas de reproduction du contenu d’une publication diffusée sur support papier ». En clair, seuls les pure players seraient concernés, outre les blogs, les messages sur Twitter ou Facebook, etc. L’auteur d’un article publié sur LeMonde.fr et en version papier restera lui soumis à une prescription de trois mois.

Fait notable, cette modification au Sénat a passé le cap de la commission des lois à l’Assemblée nationale, sans aucune modification.

Feu vert de la commission des lois à l'Assemblée nationale

Voilà une quinzaine de jours, le député rapporteur Alain Tourret (RRDP) a considéré en effet que cet allongement « se justifie par la nécessité de redéfinir l’équilibre entre la liberté d’expression et la répression des abus de cette liberté à l’âge du numérique ». Le député a pris en compte d’une part le « caractère limité et proportionné de la disposition introduite par le Sénat, qui augmente seulement de neuf mois la durée du délai et ne s’appliquerait pas si le contenu est diffusé à la fois en ligne et sur support papier ». Et d’autre part, un récent arrêt de la Cour de cassation.

« La chambre criminelle (…) elle-même attache une importance particulière à l’impact du numérique sur les conditions d’accès aux informations diffusées » indique-t-il. Dans un arrêt rendu le 2 novembre, la haute juridiction a en effet posé que la publication d’un lien hypertexte vers un ancien article faisait courir à nouveau les trois mois de prescription sous certaines conditions, notamment lorsque l’auteur du lien est aussi celui du texte litigieux.

La proposition de loi sur la réforme de la prescription pénale sera examinée en séance le 12 janvier. 

Écrit par Marc Rees

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Un an de prescription, sauf si le contenu en ligne est diffusé aussi sur papier

Feu vert de la commission des lois à l'Assemblée nationale

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

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Commentaires (15)


Je sens que le conseil constitutionnel va se faire un plaisir de détruire cette inégalité de traitement devant la loi.


Admettons qu’on trouve légitime d’étendre la prescription pour ce qu’il se passe sur internet

Comment on peut arriver à ça : “il est prévu qu’un tel délai ne s’appliquerait pas « en cas de reproduction du contenu d’une publication diffusée sur support papier »” ?

 

« Un délai de prescription de trois mois apparaît aujourd’hui insuffisant pour permettre aux victimes de constater l’infraction, d’identifier l’auteur et de mettre en mouvement l’action publique. Or si la prescription est de trois mois, l’infraction est néanmoins susceptible de produire ces effets pendant des années. »

En quoi la publication supplémentaire diffusée sur support papier atténue la difficulté de constater l’infraction, d’identifier l’auteur et de mettre en mouvement l’action publique?


Pas sûr que la jeune génération mette plus de temps à s’apercevoir de ce qui se passe en ligne plutôt que ce qui se passe sur tirage papier…



Enfin bon, quand on insulte les gens il faut juste penser à imprimer la page ouèb.








skan a écrit :



Pas sûr que la jeune génération mette plus de temps à s’apercevoir de ce qui se passe en ligne plutôt que ce qui se passe sur tirage papier…




Enfin bon, quand on insulte les gens il faut juste penser à imprimer la page ouèb.








Oui, si vraiment ils veulent faire une différenciation c'est aux publications payantes (à 99% écrites) qu'il faut allonger la prescription puisque ça atteindra moins de monde alors que le web est le "far-west", comme ils nous l'expliquent si bien, ouvert aux quatre vents




L’injure, l’autre diffame



10 femmes ? Que de sources d’emmerdes !



Sinon, pour être sérieux : 1 an, ça me semble un peu long par rapport aux 3 mois, mais pas démesuré. Donc pourquoi pas.








jackjack2 a écrit :



Admettons qu’on trouve légitime d’étendre la prescription pour ce qu’il se passe sur internet



Comment on peut arriver à ça : "il est prévu qu’un tel délai ne s’appliquerait pas « en cas de reproduction du contenu d’une publication diffusée sur support papier »" ?     



 En quoi la publication supplémentaire diffusée sur support papier atténue la difficulté de constater l’infraction, d’identifier l’auteur et de mettre en mouvement l’action publique?





parce que sur le web les traces restent trouvables facilement, c’est pas pour rien que nos chers elus font le plus de demandes de suppression d’articles les concernant sur internet



Museler le peuple avant qu’il ne se révolte, toujours le museler…


Un peu long, mais moins aberrant que les X mois après que le message soit retiré (en gros pour toujours)


J’avais raté ça : “injure même non publique”…

Si l’on a plus le droit d’injurier les gens en privé, où va-t-on ?



On peut être condamné pour des injures par messagerie privée (mail, MP sur forum ou réseau social, SMS ou autre) ?

Je pensais que le fond du problème était les injures publiques, surtout quand elles décrivaient trop précisément les malversations de nos politiques…








darkbeast a écrit :



parce que sur le web les traces restent trouvables facilement, c’est pas pour rien que nos chers elus font le plus de demandes de suppression d’articles les concernant sur internet







Et donc pour les journaux écrits qui disposent d’une version web ?









eliumnick a écrit :



Et donc pour les journaux écrits qui disposent d’une version web ?





lit l’article









ArchangeBlandin a écrit :



On peut être condamné pour des injures par messagerie privée (mail, MP sur forum ou réseau social, SMS ou autre) ? 



 http://www.legavox.fr/blog/maitre-haddad-sabine/injures-privees-publiques-tarif-…



il semble, oui

mais la peine est bien plus faible que lorsque c’est public









darkbeast a écrit :



lit l’article







Bon apparement c’était trop subtile pour toi. Jte la refais avec des explications.



Quand tu dis “parce que sur le web les traces restent trouvables facilement, c’est pas pour rien que nos chers elus font le plus de demandes de suppression d’articles les concernant sur internet”, en quoi cela justifie une différence de traitement ?



Un journal papier qui dispose d’une version web n’est pas facilement accessible c’est ca ?









eliumnick a écrit :



Bon apparement c’était trop subtile pour toi. Jte la refais avec des explications.



Quand tu dis “parce que sur le web les traces restent trouvables facilement, c’est pas pour rien que nos chers elus font le plus de demandes de suppression d’articles les concernant sur internet”, en quoi cela justifie une différence de traitement ?



Un journal papier qui dispose d’une version web n’est pas facilement accessible c’est ca ?





Bon je vais te prendre un exemple simple monsieur cambadelis qui veut un service militaire obligatoire, et bien des internautes on retrouvé le fait qu’il se soit fait passé P4 pour ne pas avoir à le faire. Si ça n’avait été que sur papier ça aurait été plus sur à retrouver. Après je suis d’accord que pour un journal qui a une version web je ne pige pas le fait qu’il soit traité différemment d’un pure player. Enfin si l’incompétence de nos dirigeants me semble une bonne explication. Ou alors le fait de ne pas vouloir froisser les copains qui font de la presse papier.









darkbeast a écrit :



Bon je vais te prendre un exemple simple monsieur cambadelis qui veut un service militaire obligatoire, et bien des internautes on retrouvé le fait qu’il se soit fait passé P4 pour ne pas avoir à le faire. Si ça n’avait été que sur papier ça aurait été plus sur à retrouver. Après je suis d’accord que pour un journal qui a une version web je ne pige pas le fait qu’il soit traité différemment d’un pure player. Enfin si l’incompétence de nos dirigeants me semble une bonne explication. Ou alors le fait de ne pas vouloir froisser les copains qui font de la presse papier.







Au moins on est d’accord, même si visiblement on ne se comprend pas.