Arnaud Montebourg, candidat à la primaire de la gauche, a dévoilé la semaine dernière son programme sur le numérique. L’accent est une nouvelle fois mis sur la question de la souveraineté face à la prédominance des GAFA.
Les mesures dévoilées sont pour l’instant assez floues. Sans grands détails, le candidat propose d’organiser « de manière obligatoire la libération des données publiques, pour que les citoyens puissent s’emparer des enjeux financiers qui concernent leurs impôts ».
Outre ce cap vers un lointain open data, il mise aussi sur une refonte du statut des autoentrepreneurs et des salariés des applications numériques. « À nous de contribuer à la libération par le travail et non pas l’apparition d’un esclavage numérique qui transforme les entrepreneurs en serfs ». Autre thème : le numérique à l’école et le développement de la fibre optique sur l’ensemble du territoire, etc.
Mais comme souligné, c’est surtout le sujet de la souveraineté qui retient son attention. « Je veux libérer les Français de la domination numérique que quatre entreprises californiennes exercent sur notre pays et notre continent, l’Europe, et qui ont fait de nous une colonie numérique des États-Unis d’Amérique ». Voilà d’ailleurs comment est amorcée sa page dédiée aux nouvelles technologies sur le site officiel.
Rétablir la souveraineté, condition de la révolution numérique
Pour celui qui fut ministre de l’Économie jusqu’en aout 2014, « les abus d’optimisation fiscale réalisés par ces opérateurs transnationaux doivent être combattus par une politique européenne concertée. C’est en rétablissant notre souveraineté que la révolution numérique pourra être libératrice ».
Cette attention tient à la composition de son équipe de campagne. Le candidat compte Yann Galut parmi ses porte-paroles. C’est ce député qui a été à l’origine de la « taxe Google ». Censurée la semaine dernière par le Conseil constitutionnel, elle visait à faciliter l’imposition des bénéfices réalisés en France par les géants du numérique.
De même, Montebourg s’appuie sur les bons conseils de Jean-Baptiste Soufron. En charge de la « révolution numérique », cet avocat, ancien secrétaire général du Conseil national du numérique, a combattu pour un collectif issu du libre, l’accord passé entre Microsoft et l’Éducation nationale.
Made in France
Ce thème de la souveraineté numérique, l’un des dadas du candidat, n’est pas une nouveauté. Lors de la conférence de l'Open internet Project en 2014, Arnaud Montebourg avait par exemple déjà marqué son intérêt pour la création d’un système d'exploitation « made in France » (cet article de l’Opinion). Un sujet inspiré des travaux de Pierre Bellanger - le numéro 1 de Skyrock - sujet depuis totalement carbonisé par l’analyse de Guillaume Poupard, patron de l’ANSSI .
La même année, il avait pointé un doigt accusateur sur la prédominance du géant mondial de la recherche : « Le monopole de fait de Google sur les moteurs de recherche, qui constituent la porte d'entrée principale vers le web, soulève des enjeux de souveraineté et de concurrence importants » exposait-il dans une interview accordée au collectif David contre Goliath.
Plus près de nous, dans son discours sur la « Libération des Français », tenu le 5 novembre dernier, il mettait à l’index cette fois « l’économie Léviathan, celle qui capture et dérobe la valeur, comme la politique capture et dévore le pouvoir. Il y a comme une sorte de similitude. Les fameux GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) , des monopoles privés qui ont fait de nous des usagers d’une communauté numérique des États-Unis d’Amérique ».
Des data center relocalisés en France
Sur son site de campagne hébergé sur l'offre Cloud de Microsoft, Montebourg plaide d’ailleurs pour une relocalisation des data center plus près de nous : « La capture de l’or numérique part à l’étranger et y est exploité : il faut relocaliser les data center en France ».
Le sujet avait d’ailleurs fait l’objet d’un amendement adopté au Sénat lors des débats sur le projet de loi Lemaire. Les syndicats du secteur étaient montés aux barricades pour dénoncer un dispositif attentatoire aux « principes fondamentaux du numérique, en particulier ceux qui garantissent un Internet libre, neutre, ouvert et propice à l’innovation ». L’article n’avait finalement pas survécu aux arbitrages en commission mixte paritaire.