Suspendue par l'ACPR, la « néo-banque » Morning cherche un repreneur

Morning alive
Economie 5 min
Suspendue par l'ACPR, la « néo-banque » Morning cherche un repreneur
Crédits : Eva Katalin Kondoros/iStock

Un compte de cantonnement pas assez garni, une grosse erreur de gestion, une suspension par l'ACPR et un actionnaire contrarié ont fait que la « néo-banque » Morning, ex Payname, a dû poser un genou à terre. Trois repreneurs se sont toutefois manifestés pour lui porter secours.

La « néo-banque » Morning, anciennement connue sous le nom de Payname, traverse en ce moment une période compliquée. L'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) de la Banque de France a en effet mis l'index sur de graves problèmes, forçant l'entreprise a cesser de fournir des services de paiement, ce depuis le 1er décembre.

L'ACPR pointe de graves manquements

Concrètement, Morning a reçu un agrément de la Banque de France en tant qu'« établissement de paiement limité », ce qui lui permet d'exécuter des virements associés à un compte de paiement et de permettre des prélèvements sur ces mêmes comptes. En contrepartie, l'établissement doit « protéger les fonds reçus de la clientèle », dans ce que l'on appelle un compte de cantonnement, regroupant l'ensemble des fonds appartenant à ses clients.

Lorsque l'un d'eux effectue un dépôt, celui-ci doit être versé dans ce compte à la fin du jour ouvrable suivant celui de sa réception. Selon l'ACPR, cette mesure doit permettre de ne pas confondre les fonds de la banque en elle-même avec ceux de ses usagers. Dans le cas de Morning, au 31 octobre, les fonds à cantonner s'élevaient à 1,199 million d'euros. Or, dans le compte prévu à cet effet, seuls 684 205 euros étaient présents, « soit une insuffisance de 514 564 euros » relève l'autorité dans un rapport publié début décembre.

ACPR Cantonnement

La situation déjà problématique s'aggravera encore par la suite. À partir du 17 novembre, la trésorerie de l'entreprise devient négative. Le 23 novembre, le commissaire aux comptes de la société « a identifié une insuffisance de cantonnement supplémentaire de 538 494 euros au 31 octobre 2016 ». Le trou dépasse alors le million d'euros.

Le 24 novembre, l'entreprise explique à l'autorité qu'elle devrait être en mesure de réintégrer 500 000 euros dans son compte de cantonnement. Cette somme en avait été prélevée « pour la verser sur un compte à terme nanti au profit d’un organisme tiers dans la perspective du lancement envisagé d’une nouvelle activité », en l'occurrence Mastercard, pour le lancement de nouvelles cartes. Six jours plus tard, il n'est plus question que d'injecter 100 000 euros. Un montant bien insuffisant pour résoudre l'ensemble des problèmes. 

« Au regard de la gravité et à l’urgence de la situation », l'ACPR a donc décidé d'interdire à Morning, dès le 7 décembre et avec effet immédiat, de poursuivre ses activités, tout en informant la clientèle de l'entreprise. Avant de pouvoir reprendre, la banque doit donc remettre a flot son compte de cantonnement.

Le désengagement de la Maif

Sur son blog, la start-up toulousaine tente d'expliquer la situation à ses clients. Elle affirme ainsi que « la décision de l’ACPR est la conséquence d’un problème plus profond. Un problème malheureusement commun de communication entre une startup et son actionnaire principal qui semble déterminé à tuer le projet ».

La néo-banque vise ici directement la Maif, qui a participé à sa dernière levée de fonds en octobre 2015. Le groupe ne semble pas enclin à régler la note qui permettrait à Morning de reprendre ses activités. Ce alors que le problème de financement est lié à l'exécution d'un projet qui avait déjà été évoqué « dès le début de la relation » entre les deux entreprises. 

Morning clame également que son actionnaire ne lui aurait pas laissé assez de libertés en l'enfermant « dans des processus décisionnaires sans fin, des strates interminables de hiérarchie, des méthodologies de travail d’un autre temps ». Un sujet qui devrait longuement faire parler dans le microcosme des startups françaises. Notamment à quelques jours de l'ouverture du CES où toute une partie de la French Tech va se retrouver concentrée entre journalistes, investisseurs et politique en pleine campagne présidentielle.

L'entreprise estime aussi que la banque ne l'a pas suivie « simplement parce que notre projet ne sera jamais perçu comme sérieux et crédible tant qu’il n’aura pas été pris en main par un “parrain” issue de la caste des grands du milieu. Parce qu’une bande de zozos en sweat à capuches installés à la campagne ne peuvent pas prétendre jouer dans la cour des grands sans la surveillance d’une grande personne, qui d’un œil méfiant veillera à ce que le petit insolent ne s’égare pas trop hors des sentiers battus ». Ambiance.

Les repreneurs s'avancent, certains font leur show

Malgré cet échec apparent, Morning a bon espoir de trouver un repreneur même si l'entreprise craint d'être « avalée par un acteur bancaire trop content de mettre la main sur une solution qu’il aurait été incapable de développer en si peu de temps ». Trois candidats se sont ainsi manifestés selon le journal local Côté Toulouse, parfois de façon cocasse.

Le groupe Mutualize (ex Cards Off), proprétaire de FranceSoir, s'est longuement étendu dans les colonnes de son média maison pour dérouler ses arguments en tant que candidat à la reprise de Morning. L'entreprise estime être en mesure de développer « d'importantes synergies » avec la néo-banque, notamment en s'appuyant sur son système de cagnotte et « sur la marque FranceSoir. Est-il bon de rappeler que Boursorama était un portail d’information avant de devenir une société de courtage ? », précise Xavier Azalbert, président de Mutualize.

Parmi les autres repreneurs s'étant manifestés, il est également question d'une banque qui selon le dirigeant « aura peut-être la préférence » de la Maif. Réponse dans les semaines qui viennent.

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