LibreOffice 5.3 introduira une nouvelle interface modulaire, baptisée MUFFIN, afin que les utilisateurs puissent choisir celle qui leur convient. Parallèlement, la Document Foundation lance un site dédié aux extensions et modèles.
Depuis que LibreOffice est apparu comme un « fork » d’OpenOffice, la suite bureautique a gagné de manière croissante en visibilité. Un succès indéniable pour ce projet gratuit et open source, la grande majorité des distributions Linux l’ayant par exemple intégrée par défaut. Pourtant, et malgré de multiples améliorations et un important « décrassage » de l’ancien code, une critique revient souvent : l’interface n’évolue pas, ou très peu.
Quelles que soient les améliorations portées sur les fonctionnalités et la modernisation du code, LibreOffice garde une interface qui, si elle convient à bon nombre d’utilisateurs, fait dire à d’autres que la suite est « datée ». Une apparence vieillotte qui a été abordée quelques fois par les développeurs, avec quelques promesses d’évolutions futures. Lesquelles ? On ne le savait pas vraiment jusqu’à présent.
Trois modes d'affichage selon les besoins ou les envies
La fondation vient justement d’indiquer dans un billet ce qu’elle comptait faire. À partir de LibreOffice 5.3, une nouvelle expérience utilisateur sera proposée – sous forme expérimentale ou finale, on ne sait pas vraiment encore. Cette nouvelle « UX » est modulaire : elle propose à l’utilisateur d’adapter l’interface elle-même selon ses goûts, avec plusieurs modes de présentation assez différents.
La disposition par défaut reste présente, avec les deux barres d’outils classiques superposées en haut de l’écran. Trois nouvelles présentations peuvent cependant être choisies. La première concentre tous les outils principaux dans une seule barre, libérant ainsi de l’espace en hauteur. La deuxième fait apparaître une barre latérale à droite de l’écran. L’espace en hauteur est ainsi préservé, mais l’utilisateur a certains paramètres en fonction du contexte.
Un ruban façon Microsoft Office
Enfin, la Notebookbar est tout simplement une reprise des Rubans de Microsoft, apparus dans Office avec la version 2007 de la suite bureautique. Pour l’instant, il s’agit en fait d’un seul ruban pour concentrer la plupart des fonctions principales. Il n’y a pas, comme dans Word, des rubans dédiés à l’insertion, la création, les références, la révision et autres, tout simplement parce que les menus classiques – Fichier, Ouvrir, Affichage, etc. – restent présents, alors que Microsoft les a supprimés. Cependant, une partie du contenu change en fonction du contexte, selon par exemple que l’on travaille sur du texte ou une image.
Pour mieux coller à cette philosophie de souplesse, la Document Foundation a d’ailleurs trouvé un nom amusant pour accompagner le concept : MUFFIN, pour « My User Friendly & Flexible INterface ». Comme indiqué hier par le développeur Italo Vignoli dans son billet, l’équipe estime que le projet devrait permettre de répondre à la plupart des demandes, d’autant que l’on peut changer de vue en fonction des besoins, par exemple si l’on travaille sur un petit portable à la définition limitée.
Le mode par défaut restera le même
Toujours selon Vignalo, chaque interface « a été conçue pour correspondre à un groupe différent d’utilisateurs ». Il s’agit probablement de la réponse à des demandes inconciliables sur plusieurs années, chacun ayant évidemment une vision assez nette de ce que doit être une interface « parfaite ». Cependant, notez que ces trois nouveaux modes d’affichage seront dans tous les cas optionnels : l’interface par défaut continuera d’être celle affichant deux barres d’outils superposées.
Les utilisateurs devraient donc pouvoir mettre la main sur ces nouveautés dans la prochaine version 5.3 de la suite open source. Ceux qui souhaitent connaître plus en détails les réflexions de la fondation sur les révisions de l’interface pourront lire un billet plus détaillé de l’équipe s’occupant du design.
Notez enfin que même si une bêta 2 de LibreOffice 5.3 est actuellement disponible en téléchargement, elle ne contient pas ces nouvelles interfaces. L’équipe ne donne pas de calendrier sur ce point, et on ne sait pas si elles pourront être testées avant la version finale.
Un nouveau site pour les modèles et extensions
La Document Foundation, décidément très en forme, vient également de réviser son site dédié aux contenus supplémentaires pour LibreOffice, sous plusieurs formes. On y trouve ainsi une trentaine d’extensions, et plusieurs centaines de modèles pour divers types de documents.
Andreas Mantke, l’un des responsables de LibreOffice, indique dans un billet que les extensions et les modèles sont deux éléments qui ont permis de diversifier la suite et font partie intégrante de sa « force ». L’ancien site était cependant devenu peu adapté aux contenus qu’il hébergeait, faisant naitre un besoin de remise à plat.
Le nouveau site comporte une section d’accueil mais également des onglets, pour donner un accès direct aux extensions ou aux modèles. Chaque élément dans les listes peut recevoir les votes des utilisateurs, ce qui influe directement sur le classement : les mieux notées apparaissent en haut, gagnant ainsi en visibilité. Côté extensions, on trouve par exemple la copie des cellules visibles uniquement pour Calc, LanguageTool, un outil dédié de vérification multilingue, ou encore TextMaths, un éditeur d’équations LaTeX.
Avant une intégration au sein de la suite ?
Tous ces contenus sont disponibles gratuitement et ne dépendent d’aucune plateforme en particulier. On peut donc les installer depuis Linux, macOS ou Windows, directement depuis chaque page. Si LibreOffice est déjà installé, le fichier récupéré est alors ouvert dans la foulée et demande une confirmation avant de s’intégrer dans le logiciel concerné. Chaque fiche contient par ailleurs des informations de compatibilité sur les versions prises en charge de la suite. « Copy only visible cells - 1.2 » ne fonctionne par exemple que sur LibreOffice 5.0 minimum.
On peut se demander si l'équipe ne finira pas par intégrer directement un panneau de sélection de ces contenus dans la suite bureautique. Un peu finalement à la manière de Firefox, dont les extensions figuraient sur un site dédié, avant d'être rassemblées dans une fenêtre du navigateur.