Dans une publicité, l'EFF appelle la Silicon Valley à prendre les mesures nécessaires pour combattre la surveillance de masse. L'association lui promet son soutien. En parallèle, 150 photojournalistes et réalisateurs demandent aux fabricants de caméras de chiffrer les images dès leur captation.
Nouvel épisode dans la préparation de la Silicon Valley à l'arrivée de Donald Trump à la tête des États-Unis. Après une rencontre entre les patrons des principaux groupes technologiques et le futur président, l'Electronic Frontier Foundation (EFF) demande à la communauté technologique de revoir la protection des données des utilisateurs. Dans une publicité diffusée dans Wired, la fondation affirme aux entreprises que « votre modèle de menace vient de changer », et qu'il faut donc agir.
Des actions concrètes pour lutter contre la surveillance
Concrètement, elle demande à ces sociétés d'utiliser le chiffrement des communications et de bout-en-bout pour toutes les activités des utilisateurs, par défaut. Elles doivent aussi supprimer leurs historiques : « Vous ne pouvez pas être forcés à fournir des données que vous n'avez pas », selon la fondation. Elles devraient aussi révéler les demandes de surveillance ou de censure, et résister à ces demandes devant le Congrès américain « et ailleurs ».
Ces mesures, censées lutter contre les promesses de fichage et de déportation formulées par Donald Trump, ne seront pas sans contrepartie de la part de la fondation. Habituée aux batailles juridiques, elle déclare qu'elle combattra aux côtés des acteurs du numérique dans ce combat. « En tant qu'organisation à but non-lucratif, non-partisane, nous combinons le combat légal, l'activisme et le développement logiciel pour défendre les libertés civiles dans le monde numérique. »
Au-delà de l'arrivée de Trump, l'EFF surfe sur la prise de conscience affichée des groupes numériques sur la surveillance. Dernièrement, Google a publié huit lettres de sécurité nationale reçues du FBI, qui demandaient des données précises sur des utilisateurs de ses services. Le geste, avant tout symbolique, doit encourager le secteur à multiplier ce genre de manœuvres, pour plus de transparence.
Les caméras, maillon faible du chiffrement
La semaine dernière, un collectif de 150 photojournalistes et réalisateurs a demandé aux fabricants d'appareils photo et de caméras de chiffrer les enregistrements dès la captation, via la Freedom of Press Foundation. « La réalité malheureuse est que les photojournalistes sont régulièrement ciblés et menacés quand ils tentent d'apporter leur témoignage, mais il y a peu de choses qu'ils puissent faire pour protéger leurs équipements et photos ».
Pour la fondation, les fabricants de matériel photo sont en retard quand il s'agit de protéger les enregistrements, citant l'exemple des smartphones qui chiffrent par défaut le stockage, et des systèmes pour PC qui le permettent. « Pourtant, les images sur les caméras professionnelles les plus utilisées aujourd'hui sont toujours dangereusement vulnérables » déclare-t-elle. Si la lettre elle-même s'adresse à Canon, tous les acteurs du domaine sont invités à discuter avec les signataires.
Pour illustrer le problème, Wired prend l'exemple de Laura Poitras, qui a réalisé le documentaire Citizenfour sur Edward Snowden. Elle affirme avoir constamment craint pour les images dans sa caméra, le seul endroit où ses données n'étaient pas chiffrées. Lui enlever sa caméra avant qu'elle n'ait pu transférer ses données en sécurité aurait pu exposer Snowden à de graves problèmes, estime-t-elle, alors que le tournage a eu lieu avant la publication des documents de la NSA.
Interrogés par le magazine, plusieurs fabricants de matériel photo disent se plonger dans le sujet, pour apporter une réponse sans délai précis. Le chemin sera donc encore long.