Réseaux publics en fibre : « Avec Axione, Free a trouvé une taille suffisante pour y aller »

Bouygues et Free se serrent la main
Internet 5 min
Réseaux publics en fibre : « Avec Axione, Free a trouvé une taille suffisante pour y aller »
Crédits : deepblue4you/iStock

Free va (enfin) arriver sur les réseaux d'initiative publique (RIP), d'abord via un partenariat avec l'opérateur Axione, responsable d'une dizaine de ces réseaux sur 15 départements. La décision est nécessaire selon Free, qui réclamait jusqu'ici une plateforme nationale commune des réseaux publics pour y proposer sa Freebox.

Les voyants du plan France THD passent au vert un à un. L'arrivée de Free sur les réseaux publics en fibre se concrétise. Lors du colloque TRIP AVICCA, hier, le directeur général d'Iliad, Maxime Lombardini, a déclaré être sur le point de signer un accord avec l'opérateur Axione, pour proposer ses Freebox sur les réseaux qu'il gère. Une nouvelle confirmée juste après par la filiale du groupe Bouygues, qui parle d'un accord dans les tous prochains jours.

C'est la fin annoncée d'une arlésienne, les autres fournisseurs d'accès nationaux étant déjà présents sur les réseaux d'initiative publique (RIP), ou en voie de l'être. Pour mémoire, les réseaux publics doivent couvrir en très haut débit les zones peu denses, où les opérateurs n'investissent pas eux-mêmes, dans les prochaines années. Cela pour un coût d'environ 13 milliards d'euros, dont trois milliards viennent de l'État.

La venue des fournisseurs d'accès nationaux est un sujet important pour ces réseaux publics, qui disent peiner à attirer les clients sans ces offres connues. Après deux ans de négociations difficiles, voire très tendues, collectivités et grands opérateurs semblent désormais s'entendre, alors que les prises arrivent concrètement. Ces réseaux, possédés par des collectivités, sont construits et/ou opérés par des entreprises privées, connues du grand public (comme Orange et SFR) ou non (comme Altitude Infrastructures, Axione ou encore Covage).

Nous avons discuté de cette annonce de Free avec certains acteurs du secteur, publics et privés.

Signer des millions de lignes fibre pour attirer les FAI 

Axione « est probablement aujourd'hui [l'opérateur de RIP] qui a le plus de prises contractualisées, près de deux millions. C'est un opérateur déjà industriel, avec lequel il est possible de travailler sur des processus intégrés de manière rapide et efficace » justifie Maxime Lombardini.

Ce chiffre de deux millions de prises est important. Les fournisseurs d'accès nationaux ont longtemps rechigné à venir sur chaque réseau public, qui comptent pour le moment au mieux quelques dizaines de milliers de lignes actives. La raison : l'interconnexion des systèmes d'information et les coûts d'ingénierie pour un retour sur investissement jugé minime.

Axione RIP 2G
Crédits : AVICCA

Quand des acteurs comme Axione ou Altitude affichent respectivement deux millions et 1,2 million de prises fibre publiques contractualisées, ils deviennent des interlocuteurs intéressants pour un Free ou Orange. En se connectant à l'un de ces opérateurs, les FAI doivent pouvoir accéder simplement aux clients des réseaux publics qu'ils gèrent, un peu partout en France.

« Avec Axione, Free a trouvé une taille suffisante pour y aller. Je pense qu'il y a une question qui se pose pour tous les opérateurs de RIP : celle d'avoir une taille critique suffisante, pour disposer des systèmes d'information qui conviennent. Je n'imagine pas que les grands FAI nationaux vont pouvoir s'adapter à plusieurs SI de moins de deux millions de lignes » nous déclare d'ailleurs Antoine Darodes, le directeur de l'Agence du numérique, qui pilote le plan France THD.

Par la suite, Free promet de signer avec d'autres opérateurs. Contacté à ce sujet, David El Fassy, le président d'Altitude Infrastructures, répond simplement qu'il est encore trop tôt pour en parler.

Des rapprochements et des retournements

Axione, dont les dix réseaux publics contractualisés couvrent 15 départements, semble être l'un des grands gagnants de cette année 2016. Bouygues Telecom, autre filiale du groupe Bouygues, a d'ailleurs confirmé une nouvelle fois qu'elle comptait bien proposer ses offres sur les réseaux publics d'Axione... Après s'être évités pendant des années.

Pour lutter, d'autres acteurs doivent se rapprocher. C'est le cas de Covage et Tutor, l'un rachetant l'autre. À deux, ils dépassent allègrement le million de lignes fibre publiques signées, et peuvent mettre en commun leurs capacités de production et de vente (voir notre analyse). Sachant que, même du côté des autorités, la capacité de Tutor à tenir sur le long terme posait question.

Le réseau public du Nord Pas-de-Calais a également annoncé avoir reçu une lettre d'intention de la part de Free. Ce dernier doit proposer ses offres dès que les lignes seront commercialisables. Des annonces vagues qui agacent un peu certains concurrents. « Free n'est pas sur les RIP, il n'y a pas de sujet. Il y a ceux qui sont déjà arrivés, et ceux qui vont arriver » à une date indéterminée, martèle le responsable d'un autre FAI.

Cette signature globale avec Axione est aussi un retournement pour Free. Celui-ci a longtemps répété ne pas aller sur les réseaux publics en fibre tant que les données techniques et commerciales des dizaines de réseaux publics français ne seraient pas harmonisées ; pourquoi pas via une plateforme dédiée.

« L’établissement d’un guichet de commande unique et de SAV (GIE) est indispensable au succès des RIP » nous affirmait l'entreprise en début d'année. Un lointain souvenir désormais, Free accusant d'ailleurs « deux opérateurs intégrés » (comprendre Orange et SFR) d'avoir tué le projet dans l'œuf.

Une plateforme commune prise en main par les industriels

Du côté de Bercy, qui avait débuté les travaux sur cette Plateforme commune d'interopérabilité (PCI), on explique que la Fédération française des télécoms (FAI nationaux) et la Fédération des industriels des RIP (FIRIP) ont demandé à reprendre le dossier eux-mêmes en septembre dernier. Ce qu'a accepté le ministère de l'Économie.

« L'Agence fait confiance aux acteurs, et se repose sur eux quand c'est possible. Nous allons quand même surveiller. Si cela se passe mal, nous reprendrons, et plus probablement l'Arcep reprendra. Il s'agit d'un sujet hautement réglementaire, qui touche à des questions de non-discrimination [entre FAI sur les réseaux publics], au cœur de la régulation », précise Antoine Darodes.

Des projets d'harmonisation menés par les collectivités et opérateurs, comme GraceTHD et Interop'Fibre, portent leurs fruits. Le modèle de données GraceTHD, par exemple, serait déjà largement adopté par les projets de réseaux publics, pour faciliter leur gestion.

Interrogé sur son rapprochement avec Axione et son revirement sur la question des données, Maxime Lombardini s'est refusé à tout commentaire. « Nous n'allions pas bouder éternellement » lâche-t-il tout de même, avant de confirmer qu'ils travaillent toujours à l'harmonisation des données des réseaux publics.

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