À 21h20, Thomas Pesquet s'envolera pour l'espace. Deux jours plus tard, il entrera dans Station Spatiale Internationale pour y mener des expériences sur la physiologie afin de préparer l'avenir des vols spatiaux habités, mais aussi faire progresser la médecine.
Ce soir, une fusée Soyouz décollera du cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan. À son bord, trois membres d'équipage : Oleg Novitskiy (Roscosmos, commandant de cette mission), Peggy Whitson (NASA, ingénieure de vol) ainsi que le français Thomas Pesquet (ESA, ingénieur de vol). Ils vont rejoindre trois autres astronautes déjà à bord de la Station Spatiale Internationale : Andreï Borisenko, Sergueï Ryzhikov et Shane Kimbrough.
Thomas Pesquet : le 10e français à s'envoler dans l'espace
Thomas Pesquet est le dixième français à s'envoler pour l'espace. Il a été sélectionné en 2009 par l'ESA (l'agence spatiale européenne), parmi plus de 8 000 candidats. Pour rappel, le premier spationaute français était Jean-Loup Chrétien, qui a participé à la mission franco-russe PVH en 1982.
En 1988, à bord de la station russe Mir, il est même « devenu le premier non-Russe et non-Américain à effectuer une sortie dans l’espace » nous rappelle le CNES. Le dernier astronaute français était Léopold Eyharts qui a passé deux mois dans la Station Spatiale Internationale.
Et puisqu'on parle de spationaute et d'astronautes, profitons-en pour faire un rapide point de terminologie. Astronaute vient du grec « ástron » signifiant étoile, et « nautes » pour navigateur. Le CNES explique qu'« en Russie, on parle de "cosmonaute". En Europe, on emploie parfois le mot "spationaute". Les chinois ont leur "taïkonautes" ». Mais au final, quelle que soit leur dénomination, « ce sont toutes des personnes formées à devenir membres d’équipage pendant une mission spatiale de longue durée ».
Quoi qu'il en soit, le CNES organise un live qui débutera à partir de 20h30, alors que le décollage n'est prévu que pour 21h20. En attendant, nous avons décidé de revenir sur cette mission ainsi que sur ses enjeux :
Nom de code de la mission : Proxima, pour plusieurs raisons
Cette mission est baptisée Proxima, ce qui a une double symbolique selon l'agence spatiale. Il s'agit tout d'abord de perpétuer la tradition qui consiste à donner aux missions un nom d'étoile ou de constellation. Dans le cas présent, il s'agit de l’étoile la plus proche de notre Soleil. De plus, le CNES explique que « le "x" de Proxima, placé au centre de l’écusson, symbolise l’étoile Proxima du Centaure », tout en rappelant (via les chiffres romains) qu'il est le dixième français.
Il y a également un côté plus philosophique dont on laissera chacun apprécier le sens : « Les 3 lignes verticales de couleur forment la silhouette de la Station spatiale internationale et représentent la Terre, la Lune et Mars, tout en étant un clin d’oeil au drapeau français. Les traînées d’étoiles évoquent les futures missions habitées au-delà de l’orbite terrestre basse ». Pour la petite histoire, c'est un enfant de 13 ans qui a proposé ce nom, pas sûr qu'il avait tout cela en tête.

Des dizaines d'expériences à réaliser pendant son séjour de six mois
À bord, Thomas Pesquet contribuera à 62 expériences coordonnées par l'ESA et le CNES : « Ces expériences viseront à faire avancer la connaissance du corps humain, la physique et la biologie, et à démontrer de nouvelles technologies à bord de la Station spatiale internationale ».
Le but est de préparer les futures missions d'exploration de l'espace, qui demanderont certainement de passer des années en apesanteur (ou en microgravité). Mais ce ne sont pas les seuls débouchés et le CNES explique que « ces recherches devraient par ailleurs aider à la compréhension des migraines, de l'ostéoporose ou du vieillissement ». Bref, les domaines d'application sont relativement larges.
Sept expériences « made in France » avec le CNES
Sept expériences sont françaises et développées par le CNES. L'agence explique par exemple qu'il s'agit « de lunettes de réalité virtuelle pour étudier l'adaptation du cerveau à la micropesanteur, des dispositifs pour étudier le comportement de fluides, et encore d'un nouvel échographe téléopérable encore plus performant que celui déjà à bord de la station, et déjà 100 % made in France ». Bien évidemment, il participera aussi à d'autres projets, poussés par les agences spatiales américaines, canadiennes et japonaises.
Thomas Pesquet explique que « sur une journée normale, à peu près 50 % du temps ça va être de la recherche, on va travailler sur des expériences, notamment dans le laboratoire Colombus où on fait toutes les expériences de physiologie ». Étant donné les expériences qu'il doit mener, il y passera beaucoup de temps.
Que contient la « valise » de Thomas Pesquet ?
Si l'emploi du temps de Thomas Pesquet est réglé à la minute près dans l'ISS, cela n'empêche pas l'astronaute d'avoir du temps libre en fin de journée. Si on peut se douter qu'il passera des heures à regarder l'espace et la Terre par les hublots de la Station Spatiale Internationale, il peut également s'occuper autrement.
Pour cela, il ne dispose par contre que de peu de latitude. Il ne peut en effet apporter que 1,5 kg d'effets personnels, hors habillement et matériel de travail évidemment. Thomas Pesquet a fait part de son choix via une photo publiée sur Twitter :
Ma “valise” est prête! Il a fallu faire des choix... À quoi ressemblerait la vôtre? Ça intéresse le @CNES 🛄 https://t.co/ceA6P7SVET pic.twitter.com/NHRzGbNxIh
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) 13 novembre 2016
Thomas Pesquet restera pendant six mois dans l'ISS, ce qui correspond à deux « expéditions » dans le jargon scientifique (les 50 et 51 pour être précis). Si le décollage a lieu ce soir à 21h20 (sauf retard de dernière minute), l'amarrage avec la Station Spatiale Internationale n'aura lieu que samedi 19 novembre, aux alentours de 19h.
Décollage ce soir, mais pourquoi l'amarrage aura lieu deux jours plus tard ?
François Spiero, responsable des vols habités du CNES, explique qu'il y a deux types de parcours pour aller du sol jusqu'à la Station Spatiale Internationale : six heures ou deux jours. Pourquoi deux jours alors dans le cas de cette expédition : « Parce qu'il y a tout un trafic de véhicules arrivant ou partant de l'ISS » qui fait qu'un voyage court en six heures n'est pas possible. Les bouchons, ça n'existe donc pas que sur le périphérique parisien...
Et si vous vous demandez pourquoi le voyage se fait dans une fusée Soyouz, c'est simplement parce qu'il n'y a actuellement aucune autre possibilité. Jusqu'en 2011 il y avait la fusée russe ainsi que la navette spatiale américaine, mais cette dernière n'étant plus opérationnelle depuis cinq ans, il n'y a pas le choix. Dans quelques années, les États-Unis devraient pouvoir de nouveau envoyer des astronautes avec une fusée maison, grâce à SpaceX.
Cela passera par la capsule Dragon qui est encore en développement. Pour rappel, la société d'Elon Musk assure pour le moment des missions de ravitaillement, mais ses fusées Falcon 9 sont pour l'instant clouées au sol à cause de l'explosion de l'une d'elles sur le pas de tir il y a quelques mois. Le retour en vol est prévu pour mi-décembre.