Hyperloop One présente en détail son infrastructure qui permettrait de relier Dubai et Abu Dhabi (120 km) en seulement 12 minutes. Un contrat a été signé avec l'émirat de Dubaï, mais le plus gros du travail reste encore à faire : aller au-delà du concept et proposer du concret.
Pour se déplacer rapidement – à défaut d'avoir inventé la téléportation – il existe actuellement deux solutions qui disposent chacune de leurs avantages et de leurs inconvénients : le train, qui permet généralement de relier les centres des villes, ainsi que les avions, plus rapides mais avec des aéroports souvent plus éloignés. Une alternative, dont l'idée a été soumise par Elon Musk (patron de Tesla et de SpaceX), voit doucement le jour : un « train supersonique », ou presque.
Hyperloop One signe un contrat avec l'émirat de Dubaï
Hyperloop One, une des sociétés travaillant sur ce concept, vient en effet d'annoncer la signature d'un accord avec la RTA (Roads and Transport Authority), le régulateur des transports de Dubaï, un des émirats des ÉAU (Émirats arabes unis), afin « d'étudier les itinéraires à grande vitesse » dans cette région.
Il ne s'agit pour autant pas d'une commande pour le moment, mais simplement d'une « étude de faisabilité ». Il est donc trop tôt pour annoncer que ce projet ira à son terme et dans quels délais. Pour autant, de nombreux détails ont été dévoilés et c'est l'occasion de faire le point sur la solution présentée par Hyperloop One : prometteuse, mais encore loin d'être concrétisée.
Objectif : relier Dubaï à Abu Dhabi en 12 minutes seulement
Dans une vidéo publiée il y a quelques jours, la société annonçait la couleur : elle veut relier plusieurs villes du Moyen-Orient en un temps record. Voici les quelques exemples mis en avant :
- Dubai à Abu Dhabi : 12 minutes
- Dubai à Riyad : 48 minutes
- Dubai à Doha : 23 minutes
- Dubai à Muscat : 27 minutes
Hyperloop One ne donne par contre pas le tracé qu'il compte utiliser, impossible donc de connaitre la distance exacte et d'obtenir la vitesse moyenne lors du voyage. Dans le cas de la liaison entre Dubai et Abu Dhabi par exemple, il faut compter 160 km par la route, alors que les deux villes se trouvent à seulement 120 km à vol d'oiseau.
On peut néanmoins se douter qu'Hyperloop passera au plus court, à travers le désert, ce qui nous donnerait donc une moyenne de 600 km/h dans le cas présent. La vitesse maximale sera évidemment plus élevée puisqu'il faut compter la phase d'accélération et de décélération.
La société compare sa solution aux autres moyens de locomotion et le résultat est sans appel : pour relier Dubai à Abu Dhabi, il faut ainsi 48 minutes en avion et plus de 3h en bus, contre 12 minutes avec Hyperloop One. Notez qu'aucune explication n'est fournie sur la manière dont ces temps ont été calculés.
« Nous ne vendons pas de voitures ou d’avions, nous vendons du temps » résume ainsi Josh Giegel, responsable de l'ingénierie chez Hyperloop One. Il s'agit dans tous les cas d'un résultat hypothétique puisque la société n'a pas encore mis sa solution en circulation. Pour rappel, elle n'a pour le moment réalisé qu'un premier essai de son système de propulsion au mois de mai.
Des Hyperportals dans lesquels on prend place à bord de navettes...
Mais l'annonce du partenariat avec Dubai est surtout l'occasion pour Hyperloop d'en dire davantage sur le principe de fonctionnement de son système de transport.
Une fois le billet commandé (via son smartphone par exemple), les clients devront se rendre dans un « Hyperportal », qui est l'équivalent d'une gare ou d'un aéroport pour Hyperloop One. Dans le concept présenté, il prend la forme d'un grand cercle regroupant pas moins de 120 portes d'accès, capables de gérer un flux de 8 640 passagers par heure. Les passagers les utilisent pour embarquer à bord d'une navette baptisée hyperpod. Il en existe de plusieurs types avec un agencement intérieur différent suivant les cas : Coach Pod, Lounge Pod, Meeting Pod, Fret Pod, etc.
La société prévoit même de réaliser des modèles personnalisés, capables d'accueillir jusqu'à une centaine de personnes. Des versions pensées pour les familles ou bien pour le transport de malades sont également à l'étude. Quoi qu'il en soit, les navettes se regroupent par lots de quatre et prennent place dans une capsule de transport hermétique. C'est seulement à ce moment-là que les voyageurs entreront dans les tubes sous vide pour voyager à très grande vitesse (proche de la vitesse du son).
Le constructeur précise que ses navettes peuvent être équipées de fenêtres permettant d'observer l'extérieur, mais aussi de profiter, dans une certaine mesure, du paysage lors du voyage à grande vitesse. Pour cela, les concepteurs souhaitent placer des fentes étroites à intervalles réguliers à l'intérieur des tubes afin de créer, grâce à la persistance rétinienne, un effet optique basé sur le principe du zootrope.
... qui peuvent également faire office de voitures autonomes
Une fois à destination, l'opération inverse est réalisée : les navettes sortent de la capsule pour se rendre aux portes de la plateforme d'arrivée. Selon la vidéo mise en ligne par Hyperloop, elles peuvent même sortir du portail pour rouler en toute autonomie sur la route au milieu des voitures afin d'emmener les passagers à destination (il est également question de venir les chercher en ville si besoin).
Hyperloop One joue la carte de l'ouverture en précisant que son infrastructure peut s'adapter afin de fonctionner avec des voitures autonomes (Tesla, BMW, etc.) ou des services comme Uber pour les trajets en ville.
« Nous avons donné forme à un écosystème de capsules mobiles où la salle d’attente a disparu avec l’attente elle-même. Hyperloop One combine le déplacement collectif avec la liberté individuelle à une vitesse presque supersonique » résume l'architecte Bjarke Ingels, fondateur de BIG, un des partenaires de Hyperloop sur ce projet.
La vidéo mise en ligne par Hyperloop One permet de bien saisir le concept :
Rien de plus que des études de faisabilité pour le moment
De belles images et concepts qu'il conviendra de concrétiser avant de passer aux choses sérieuses. Hyperloop en est d'ailleurs consciente et annonce qu'elle va passer les 12 prochaines semaines à travailler avec ses partenaires afin de savoir « où et comment construire ce qui sera probablement un système hybride de transport de passagers dans les Émirats ».
Hyperloop précise que c'est la sixième étude dans laquelle elle se lance et qu'il s'agit du second contrat signé avec un partenaire. Pour rappel, le premier date de cet été avec l'opérateur portuaire DP World, l'un des plus importants au monde.
Là encore, rien de concret n'avait été annoncé puisque l'accord prévoit uniquement de « rechercher comment la technologie Hyperloop pourrait aider à déplacer le fret rapidement, de manière sûre et fiable ». Le but étant d'établir une liaison entre les navires amarrés au port de Jebel Ali et un dépôt de conteneurs situé à 29 kilomètres à l'intérieur des terres.
DP World pourrait ainsi libérer plus rapidement de l'espace sur les quais (ce qui permet d'économiser des sommes rondelettes), tout en ne surchargeant pas les routes avec des camions transportant les conteneurs. Une première étape de faisabilité avant de lancer le même projet dans d'autres ports si cela est intéressant.
Bref, Hyperloop One a beaucoup d'idées, de beaux concepts et une idée séduisante, mais rien de plus pour le moment. Elle séduit néanmoins les investisseurs avec un tour de table de 80 millions de dollars en mai dernier. Dans le lot, on retrouve des géants comme Khoshla Ventures (Jawbone, Square, Vox Media...), GE Ventures (appartenant à General Electric) et la SNCF.
Les prochains mois seront décisifs et la société devra montrer qu'elle est capable de passer de la théorie à la pratique pour continuer d'avancer. Selon certains, la commercialisation de la solution de Hyperloop One pourrait intervenir en 2020-2021, soit dans 4 à 5 ans seulement.