Steve Ballmer, l’ancien PDG de Microsoft, s’est exprimé sur certains chapitres de son passage à la tête du géant du logiciel. Il a notamment évoqué les fortes tensions qui pouvaient exister avec Bill Gates, particulièrement au sujet du matériel, sur lequel les deux hommes étaient diamétralement opposés.
Steve Ballmer n’est jamais réellement revenu sur certains chapitres clés de ses 14 ans en tant que PDG de Microsoft. Au cours d’une interview à Bloomberg, il s’est montré prolixe en la matière, évoquant assez directement certains pans difficiles de sa carrière, notamment une parfois tumultueuse relation avec Bill Gates, l’échec de Vista, sa difficile poussée vers la Xbox et la Surface ou encore le rachat de Nokia.
« Je ne savais pas comment gérer Bill »
Le tandem formé avec Bill Gates explique à lui seul un certain nombre de hauts et de bas au cours de son long mandat en tant que PDG. Il n’a pas directement créé Microsoft – qui a été fondée par Gates et Paul Allen en 1975 – mais a rejoint l’entreprise en 1980, à l’appel de Bill Gates, avec qui il avait étudié à Harvard. Prenant toujours plus d’importance dans la structure, il devient président en 1998, puis PDG en 2000.
Cette année semble avoir été difficile : « Quand je suis devenu PDG, nous avons eu une année particulièrement pourrie. Bill ne savait pas travailler pour qui que ce soit, et je ne savais pas comment le gérer. Je ne sais si j’ai appris par la suite ». Gates s’était en effet retrouvé à ce moment-là architecte logiciel en chef, et devenait en tant que tel un « employé », avec un patron. Ballmer avoue que sa vie « a énormément changé » quand le fondateur de Microsoft a quitté l’entreprise, en 2008. D’ailleurs, les produits dont il est personnellement fier, notamment Bing, Office 365 et Azure, sont arrivés après ce départ.
Des chocs consécutifs sur le matériel
L’ancien PDG a également évoqué l’une des plus grosses oppositions entre lui et Bill Gates : le matériel. Faire accepter la Xbox avait déjà été difficile, le conseil d’administration n’étant pas spécialement enthousiaste non plus. La situation s’est répétée – en pire – avec la Surface. Mais le « point culminant » est survenu avec les smartphones, expliquant en partie pourquoi la firme est arrivée si en retard dans ce marché.
En partie seulement, car l’autre facteur est l’échec de Vista, qu’il avait déjà décrit comme son « plus gros regret » en 2013 : « Nous aurions dû entrer plus tôt dans le marché des smartphones, et nous souffrions encore de ce que j’appellerais certains des effets de notre version Vista de Windows ». Rappelons qu’à mi-chemin du développement, jugeant les objectifs trop ambitieux, un « reset » était intervenu, la genèse du système ayant finalement pris cinq ans.
Très satisfait de l'évolution actuelle de Microsoft
L’un dans l’autre, il n’est pas mécontent de l’évolution de Microsoft sur les dernières années. Au contraire : étant lui-même l’un des plus gros actionnaires de l’entreprise, il ne peut qu’être ravi de l’augmentation régulière de l’action, qui a même dépassé récemment le plafond historique des 60 dollars atteint en 1999. Avec les félicitations de rigueur pour le nouveau PDG : « Je vois la valeur de l’action s’envoler, et tout ce qu’on peut en dire, c’est que le marché est naturellement d’accord avec la direction prise par Satya [Nadella] pour l’entreprise ».
Signalons tout de même que même si Nadella est effectivement crédité d’un important virage dans la stratégie de l’éditeur, plusieurs éléments essentiels ont été lancés par Ballmer, notamment tout ce qui touche au cloud. Dans les derniers résultats financiers de Microsoft, on pouvait d’ailleurs constater que le chiffre d’affaires de cette division grimpait de manière fort confortable.