Qualcomm annonce le rachat à venir de NXP Semiconductors, un concurrent hollandais spécialisé dans l'équipement automobile, l'Internet des objets et les réseaux. Ce rachat à 47 milliards de dollars doit permettre au groupe de se diversifier hors du mobile, sur lequel les grandes années de croissance semblent être révolues.
Les rachats à dizaines de milliards de dollars s'enchainent. Après l'acquisition d'EMC par Dell pour 67 milliards de dollars, c'est au tour du fabricant de puces mobiles Qualcomm de sortir le chéquier. Le groupe américain annonce avoir trouvé un accord avec NXP Semiconductors, qu'il rachète pour 47 milliards de dollars. Les deux entreprises, qui s'estiment complémentaires, formeront un ensemble au chiffre d'affaires de 30 milliards de dollars annuels, sur un marché adressable de 138 milliards en 2020.
Approuvé « à l'unanimité » par les conseils d'administration des deux groupes, l'accord valorise chaque action NXP à 110 dollars, soit un joli bonus face aux 99 dollars actuels. Qualcomm les paiera directement en numéraire, via l'émission de nouvelles dettes et « une utilisation fiscalement efficace des liquidités détenues en off-shore afin de réduire rapidement l'effet de levier ». De cette opération, que les sociétés comptent boucler d'ici la fin 2017, sont attendues 500 millions de dollars de synergies annuelles d'ici deux ans.
Des technologies pour l'un, des canaux de vente pour l'autre
D'un point de vue industriel, la fusion de ces activités doit permettre à Qualcomm d'étendre son champ d'action. Dans leur communiqué commun, les sociétés affirment mêler les capacités technologiques et de production de Qualcomm avec les canaux de vente de NXP, qui compte plus de 25 000 clients qui lui achètent ses produits en direct.
Cette dernière apporte également des positions enviables dans les domaines des semi-conducteurs pour l'automobile (notamment dans les systèmes de divertissement), dans l'Internet des objets, dans les technologies de sécurité et identification ainsi que dans le calcul en réseau...
Soit autant de domaines où Qualcomm a jusqu'ici peiné à se faire un nom. Rappelons d'ailleurs que Qualcomm s'intéresse déjà à la voiture connectée, en cofondant récemment une alliance avec d'autres groupes mondiaux autour du sujet.
Garantir l'avenir de Qualcomm via un rachat
Pour référence, Qualcomm a réalisé une croissance de 4 % d'une année sur l'autre au troisième trimestre, avec un chiffre d'affaires de 6 milliards de dollars. Cela pour un bénéfice net de 1,4 milliard de dollars (+22 % sur un an). Sur son activité principale, le mobile, l'entreprise s'est lancée dans un plan de réduction des coûts, qui doit lui permettre d'économiser 1,4 milliard de dollars sur 2016 par rapport à 2015, notamment grâce à la suppression de 4 500 postes. Elle compte aussi sur ses larges investissements dans la 5G comme base pour sa future expansion.
Même à 47 milliards de dollars, le rachat de NXP est censé être une bonne affaire pour Qualcomm. L'entreprise a mangé son pain blanc dans le domaine des smartphones, et peine encore à se diversifier par elle-même. Il faut dire qu'au-delà de ses performances propres, Qualcomm a eu une politique d'éviction de la concurrence sur son terrain de prédilection. L'entreprise a été condamnée en Chine à ce sujet, et est sous le coup d'une enquête européenne pour les mêmes motifs.
Ces actes auraient eu une conséquence directe : la mort de son concurrent Icera (détenu par NVIDIA), et des performances en retrait pour la marque au caméléon qui demande réparation. Ses réserves financières, qui lui permettent d'acquérir NXP, seraient aussi le fruit de ces pratiques.
Selon le Financial Times, le groupe était également sous pression des actionnaires pour un rachat qui étende ses capacités. Acquérir NXP lui donne donc une prise dans des domaines à forte croissance, dont l'électronique embarquée pour l'automobile et l'Internet des objets. Avec un avantage important : sa future filiale a des canaux de vente directs vers des dizaines de milliers de clients, par lesquels peuvent passer les produits habituels de Qualcomm, en plus des technologies qu'il rachète.