Le directeur des affaires publiques de Microsoft France, Marc Mossé, a annoncé devant les caméras de Cash Investigation qu’un « accord de sécurité » avait été noué entre le géant américain du logiciel propriétaire et le gouvernement français. L’April demande par conséquent la publication de ce document.
Revenant sur le fameux accord dit « Open Bar » du ministère de la Défense, Élise Lucet a évoqué avec Marc Mossé la question des failles de sécurité pouvant affecter les programmes de Microsoft. Après avoir expliqué que les logiciels libres rencontraient eux aussi ce type de problème, l’intéressé a embrayé :
« Je vais vous dire autre chose. Je crois que je ne l'ai jamais dit. Je crois que d’ailleurs ce n’est pas public... Enfin jusqu'à maintenant ! L'État français a un accord avec Microsoft pour bénéficier de toutes les informations techniques et de sécurité concernant les logiciels qu'il utilise. »
En dépit de l’insistance de son interlocutrice, le directeur des affaires publiques et juridiques de Microsoft France n’a pas souhaité s’étendre davantage... « Je ne donnerai aucun détail, ce sont des accords de sécurité. L'État français bénéficie des informations nécessaires à la sécurité de ses systèmes d'information, en lien avec les produits Microsoft » a-t-il simplement ajouté.
Du côté de l’Association de promotion du logiciel libre (April), cette annonce interroge. « S'agit-il de permettre à l'État français de connaître en avant-première les failles de sécurité des outils Microsoft qu'il utilise et de prendre les mesures de sécurisation nécessaires ? (...) Sachant que ces outils Microsoft sont aussi largement utilisés par d'autres États, par les entreprises, par le public… s'agirait-il pour l'État français d'être informé en avant-première de failles permettant l'espionnage de tiers ? ». Des pratiques qui en tant que telles n'auraient rien de bien surprenant.
L'April aimerait qu'une commission d'enquête parlementaire se mette en place
L’organisation demande solennellement aux pouvoirs publics de dévoiler ce mystérieux accord. Il est toutefois probable que les responsables politiques s’abritent derrière les exceptions au droit de communication des documents administratifs, en vertu duquel les documents dont la consultation porterait atteinte « au secret de la défense nationale » ou « à la sûreté de l’État » ne peuvent pas être rendus publics...
« Nous saisirons la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) si nécessaire, mais nous anticipons sans mal la fin de non recevoir qui nous sera opposée » réagit Étienne Gonnu, porte-parole de l’April. Contacté par Next INpact, l’intéressé ne manque pas de souligner les contradictions gouvernementales : « La même année où la France préside le Partenariat pour un gouvernement ouvert, et après des années d’une opacité totale sur un sujet aussi essentiel, il serait temps que le ministère de la Défense face preuve de transparence et d'exemplarité. »
« Nous espérons que des parlementaires interpelleront le gouvernement – pourquoi pas via des questions écrites – sur l'existence et les détails de cet « accord de sécurité » entre Microsoft et l'État » ajoute Frédéric Couchet, délégué général de l’April. Ce militant du logiciel libre estime que ce contrat « Open Bar » mériterait carrément de faire l'objet d'une commission d’enquête parlementaire.