Le chiffre d'affaires de Netflix dépasse désormais les deux milliards de dollars pour le seul streaming. L'entreprise a largement accru sa base d'abonnés, avec plus de trois millions de recrutements hors des États-Unis. Elle bute pourtant en Chine, où les conditions réglementaires l'obligeraient à licencier ses contenus plutôt que de s'y installer.
L'action de Netflix est en liesse. Avant l'ouverture de la bourse, elle affichait une hausse de 18,84 %. Une explosion qui s'explique par la publication des résultats du service de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) pour le troisième trimestre. Sur ces trois mois, le chiffre d'affaires a dépassé « pour la première fois » les deux milliards de dollars pour le seul streaming, après avoir passé ce cap le trimestre dernier en incluant la location de DVD.
Un chiffre d'affaires en hausse de 36 % sur un an
Au total, l'entreprise a engrangé 2,15 milliards de dollars de revenus, contre 1,58 milliard un an plus tôt, soit une hausse de 36 %. Après plusieurs mois de difficultés, avec un nombre d'abonnés stagnant, ce troisième trimestre a de quoi surprendre. Le service a recruté 400 000 clients aux États-Unis (contre 300 000 attendus) et 3,2 millions de plus à l'étranger (contre deux millions attendus). Le total est donc porté à 86,7 millions partout dans le monde.
Une performance certaine qui ne cache tout de même pas des bénéfices en funambule : le résultat opérationnel atteint 106 millions de dollars (contre 64 millions estimés), contre un résultat net de 52 millions de dollars (contre 22 millions prévus). L'équilibre reste donc très précaire, notamment à cause des nombreux investissements dans les contenus consentis par l'entreprise.
40 % des revenus générés en dehors des États-Unis, qui représentent donc encore la grande majorité du public du service. Les recettes domestiques sont en hausse de 23 %, contre 72 % à l'étranger. L'activité hors des États-Unis qui induit toujours quelques dizaines de millions de dollars de pertes, notamment à cause des coûts d'acquisition d'abonnés.
Les contenus originaux comme moteur affiché
L'entreprise cite notamment la seconde saison de Narcos et Stranger Things au rayon des réussites commerciales du trimestre. En clair, elle se dit encouragée dans sa direction actuelle, à savoir produire ses propres contenus pour attirer plus d'utilisateurs. Elle s'enorgueillit d'ailleurs de plusieurs partenariats qui lui permettent d'exploiter des licences et univers connus, dont celui de Marvel.
À noter aussi que l'amélioration des revenus est aussi due à la montée des prix lancée en mai, pour d'anciens membres disposant de comptes à prix « bloqué ». Dans ses résultats, Netflix indique que 75 % des comptes à débloquer cette année l'ont été, ce qui a mené à une hausse de 10 % du montant payé par chaque abonné. Bien entendu, ce coût supplémentaire doit surtout permettre d'améliorer le service et d'investir dans des contenus toujours plus originaux.
Un lancement en Chine s'éloigne un peu plus
Malgré l'enthousiasme des actionnaires et un cap majeur passé, le trimestre n'a pas été entièrement rose pour la société. Elle dit avoir dû remettre à plus tard ses plans en Chine. « L'environnement réglementaire pour les sociétés étrangères de contenus numériques en Chine est devenu difficile » explique l'entreprise. Celle-ci abandonne donc temporairement ses plans de conquête du pays, préférant pour le moment fournir ses contenus à des acteurs locaux. Elle n'attend d'ailleurs que des « revenus modestes » de ces licences. La société dit tout de même toujours avoir « le désir à long terme » de fournir son propre service en Chine, à une date donc indéterminée.
Pour le quatrième trimestre, la société compte dépasser les 2,3 milliards de dollars de chiffre d'affaires sur le streaming, et envisage de recruter 5,2 millions d'abonnés supplémentaires, pour un total qui passerait au-dessus des 90 millions. Une fois encore, l'entreprise s'attend à afficher des bénéfices très maigres, mais compte disposer d'un résultat net bien plus important à compter de 2017 « en augmentant régulièrement notre marge opérationnelle ». La société indique tout de même vouloir produire 1 000 heures de contenus originaux l'an prochain, contre 600 heures cette année.
La compétition se rapproche, y compris en France
En termes de compétition, Netflix dit toujours gagner la guerre de l'attention, entre les différents médias et services de vidéo à la demande. Pour autant, « nous pensons qu'Amazon Prime deviendra un acteur aussi mondial que YouTube et Netflix cet automne, avec le lancement de l'émission de Jeremy Clarkson », parti de Top Gear sur la BBC il y a plusieurs mois.
Cela sans compter une situation française particulière. En août, la société a fermé son bureau français, après deux ans de présence. Dans le même temps, le groupe Canal a remanié ses offres et se rapproche des fournisseurs d'accès en intégrant certaines chaines à leurs abonnements, pour accroitre rapidement son nombre de clients.