Après Webedia, c'est au tour de Vivendi de se plonger dans le milieu du sport électronique. Par l'intermédiaire du Groupe Canal, le géant des médias a scellé un accord important avec ESL en vue d'organiser « les premières ligues officielles eSports en France »
Décidément, le paysage du sport électronique en France évolue très rapidement ces derniers mois. Entre la fondation de l'association France eSports soutenue par le gouvernement (et dont on attend les premières actions concrètes depuis sa mise en place) et l'offensive musclée de Webedia avec le PSG dans le domaine, les annonces se multiplient.
De l'e-sport sur les chaines du Groupe Canal
Aujourd'hui c'est au tour de Vivendi et du Groupe Canal de se jeter dans l'arène. L'ancien actionnaire du PSG –qui sponsorise déjà l'équipe française Vitality – a choisi de ne pas s'associer avec un club de football pour soutenir son initiative, mais plutôt de nouer des liens avec un organisateur d'évènements afin de pouvoir en coproduire et en diffuser.
L'ESWC étant désormais une filiale de Webedia, le géant a dû se tourner ailleurs. Son choix s'est porté vers ESL, propriété du suédois Modern Times Group, qui l'a rachetée pour 78 millions d'euros mi-2015, avant de croquer la DreamHack pour un tiers de ce montant quelques mois plus tard. Pas question par contre de piocher dans le trésor de guerre de Vivendi pour financer une quelconque acquisition. La firme de Vincent Bolloré a préféré opter pour un simple partenariat avec le spécialiste du sport électronique.
Celui-ci prévoit « la création des premières ligues officielles eSports en France sur la base de l'actuel championnat national ESL » explique Vivendi dans un long communiqué. L'entreprise ajoute que ces compétitions seront « diffusées sur les antennes du Groupe Canal ».
Des compétitions en clair, mais pas seulement
Contactée, la chaîne nous explique que tous les détails ne sont pas encore gravés dans le marbre pour les créneaux de diffusion des tournois. Seule certitude, la diffusion sera répartie entre les chaînes gratuites et payantes du groupe. « En fonction des compétitions, on peut envisager de diffuser les phases préliminaires sur C17 et de laisser la finale sur Canal+ », nous affirme-t-on.
La grande inconnue concerne les horaires de diffusion. Pour l'heure, le Groupe Canal semble vouloir privilégier une diffusion en direct des grandes compétitions, ce qui dans le cas de tournois étrangers peut amener à utiliser des créneaux en pleine nuit, peu regardés. « Pour les compétitions françaises, on s'arrangera pour qu'elles soient diffusées à des horaires qui valorisent les chaînes. » L'entreprise compte également sur le replay via myCanal pour arrondir les audiences de ces programmes.
Des ligues nationales et des évènements hors-ligne
Comme Webedia avec l'ESWC, Vivendi compte en effet s'appuyer sur l'expertise d'ESL pour « co-organiser [en France] des grands événements internationaux dans le cadre du plus grand circuit mondial ». De son côté le géant des médias assure vouloir apporter « un soutien important à cette initiative » en y joignant Universal Music, Dailymotion ainsi que L'Olympia.
La participation de ces entités n'est pas encore définie précisément, nous explique le groupe : « Dailymotion pourrait prendre part au relais des événements, il reste encore à voir sous quelle forme ». L'Olympia serait quant à lui mis à contribution pour héberger des compétitions majeures hors-ligne. Un concept qui a déjà plutôt bien marché à l'étranger, les finales du tournoi mondial organisé par Riot Games sur League of Legends prenant régulièrement place dans des salles prestigieuses, comme le Madison Square Garden ou le Staples Center de Los Angeles.
Les questions restent, également, entières sur le format des fameuses « ligues officielles eSport » qu'ESL et Canal veulent mettre en place dans l'Hexagone. Aucun des deux acteurs n'a ainsi pu nous répondre quant à l'implication de l'association France eSports dans cette démarche, dont rien n'a émergé depuis sa création il y a six mois.
Or le rapport parlementaire Durain-Salles sur la pratique compétitive du jeu vidéo, publié fin mars, prévoyait que cette association occupe les pouvoirs habituellement confiés à une fédération sportive. Et ce sont normalement les fédérations qui délivrent les agréments pour l'organisation de championnats ou de coupes de France. On en profitera pour souligner que Oxent (propriétaire de l'ESWC), Webedia et ESL figurent tous trois dans la liste des fondateurs de l'association, ce qui ne doit pas toujours faciliter les discussions. Dans ces conditions, l'appellation « officielle » revendiquée par Canal+ peut être sujette à caution.
Une liste de jeux qui reste à arrêter
La liste des titres sur lesquels s'affronteront les joueurs en vue de décrocher le titre de champion de France n'est pas encore arrêtée pour le moment, les négociations avec les éditeurs étant encore en cours, nous confie-t-on du côté d'ESL.
On rappellera néanmoins que dans le cadre de son circuit ESL One, l'organisateur travaille uniquement avec Valve, pour des compétitions sur Counter-Strike : Global Offensive et sur DOTA 2. Dans le cadre des Intel Extreme Masters (IEM) League of Legends entre également dans l'équation. ESL produit également des circuits propres à certains jeux comme World of Tanks, Hearthstone, ou Starcraft II (WCS). Difficile donc de deviner lesquels seront retenus pour le circuit français, mais pourvu que la liste soit longue.