À l'occasion de la présentation de ses résultats pour le deuxième trimestre de son exercice 2017, BlackBerry a fait une annonce importante. Le constructeur va se séparer de sa division hardware afin de se consacrer exclusivement au développement de logiciels.
En avril dernier, John Chen, le PDG de BlackBerry, affirmait clairement à l'antenne de la chaîne américaine CNBC qu'il envisageait de se séparer de la branche de l'entreprise consacrée à la conception de terminaux mobiles. « Si d'ici septembre nous ne parvenons pas à atteindre l'équilibre, nous aurons besoin de considérer sérieusement de nous tourner uniquement vers le logiciel », lâchait-il.
Du logiciel avant tout
Justement, les résultats pour le deuxième trimestre de l'exercice fiscal 2017 viennent de tomber pour BlackBerry, et les nouvelles ne sont pas vraiment bonnes pour la branche Mobility Solutions. Avec un chiffre d'affaires de 105 millions de dollars sur les trois derniers mois, elle affiche encore des pertes opérationnelles de 8 millions de dollars.
Résultat des courses : « l'entreprise prévoit de cesser tout développement de matériel en interne et de sous-traiter cette fonction à des partenaires extérieurs. Cela nous permettra de réduire nos besoins de capital et d'améliorer notre retour sur investissement », explique John Chen. Pas question pour autant de totalement fermer la branche Mobility Solutions qui « se tournera vers le développement logiciel ».
La signature d'un accord avec un premier partenaire a d'ailleurs été officialisée dans la foulée de cette annonce. BlackBerry va établir une co-entreprise en Indonésie baptisée BB Merah Putih. Celle-ci sera chargée de concevoir, fabriquer, distribuer et promouvoir des appareils portant la marque BlackBerry (via un accord de licence) avec les logiciels de sécurité du groupe préinstallés, le tout sous Android.
Optimisme de rigueur
Un revirement dans lequel John Chen semble avoir toute confiance. « Notre socle financier est solide, et notre changement de cap vers le logiciel tient bon. Au deuxième trimestre nous avons plus que doublé nos revenus issus des logiciels par rapport à l'an dernier », s'enthousiasme-t-il.
Cette transition ne sera pas effective immédiatement, mais la direction de BlackBerry a assuré aux analystes suivant sa conférence de présentation des résultats qu'elle surviendrait « avant la fin de l'exercice, sûrement au milieu du dernier trimestre ». Pas un mot par contre sur les conséquences en termes d'emploi, ni sur les coûts impliqués par ce changement de stratégie.
Toujours des pertes
Toutes activités confondues, BlackBerry a réalisé un chiffre d'affaires de 334 millions de dollars au dernier trimestre, contre 490 millions un an plus tôt. Le résultat net n'est pas reluisant non plus, avec des pertes de 372 millions de dollars (GAAP), alors qu'il était question de 51 millions de dollars de bénéfices un an plus tôt. Il convient toutefois de noter que ces pertes comprennent 123 millions de dollars de dévaluations d'actifs.
Il n'y a toutefois pas encore lieu de paniquer. BlackBerry dispose de quelque 2,1 milliards de dollars de liquidités disponibles et d'une dette relativement contenue, à 1,25 milliard de dollars. Les prévisions de l'entreprise restent d'ailleurs optimistes. Le groupe canadien s'attend à une croissance de 30 % des revenus issus de sa branche Software & Services d'ici la fin de l'année fiscale et a revu à la hausse son objectif de résultat net (non-GAPP) en visant l'équilibre.
En bourse, l'action de BlackBerry grimpe de plus de 4 % au moment où nous rédigeons ces lignes, alors que le NASDAQ grimpe de moins de 0,1 %, signe que les marchés ont plutôt bien accueilli les nouvelles. La valorisation du groupe canadien s'établit à 4,3 milliards de dollars, mais reste en baisse de 12 % depuis début janvier.