Allo a fini par être mis à disposition des utilisateurs français pendant la nuit. Sur Android, l'application ne réclame que la mouture 4.1, la laissant disponible à la grande majorité. Côté appareils Apple, elle demande au moins iOS 9.1. Notez que si Allo est bien en français, l'Assistant ne peut s'utiliser qu'en anglais, une limite sans doute imposée par son statut bêta.
Depuis ce matin, Google commence la diffusion de sa nouvelle application de messagerie, Allo. Le déploiement ne concerne pas encore tout le monde, notamment en France. Les fonctionnalités sont celles présentées durant la Google I/O, notamment Assistant, qui veut épauler l'utilisateur dans les moments jugés opportuns.
Allo est une application ambitieuse, notamment parce qu’elle est très loin d’être la première dans ce domaine. Non seulement la concurrence est féroce avec des solutions telles que Messenger, WhatsApp, Viber, Line ou encore Telegram, mais il ne s’agit pas du premier coup d’essai de Google. La société a déjà proposé pendant longtemps Gchat, sans parler de Hangouts, qui n’est d’ailleurs pas à la retraite.
Nouvelle tentative dans un marché déjà bien encombré
Mais ce qu’il fallait vraiment à Google pour se lancer pleinement dans ce secteur, c’est une application à la configuration simple et surtout ne nécessitant pas de compte particulier. Un modèle repris sur la concurrence qui n’a à la base besoin que du numéro de téléphone.
C’est tout ce qu’il faut pour utiliser Allo, qu’il s’agisse de la version Android ou iOS, même si on peut renseigner son compte Google. Ce dernier permettra alors d’aller récupérer des données dans des services connectés, comme des évènements dans Calendrier ou des clichés dans Photos.
Globalement, on est en présence d’une solution de messagerie classique. On échange donc du texte avec une ou plusieurs personnes. On peut évidemment créer des groupes et échanger des pièces jointes. Allo compare automatiquement son répertoire avec celui de l’utilisateur pour le mettre en relation ceux qui ont aussi l’application. Une autorisation est d’ailleurs demandée pour y accéder.
Google Assistant, le majordome virtuel
Que propose donc Allo pour se différencier des autres ? Tout d’abord la fonctionnalité phare, Assistant. Présentée durant la conférence Google I/O, il s’agit d’une « chatbox », un robot faisant appel à un soupçon d’intelligence artificielle pour rendre service à l’utilisateur.
Dans une conversation, Assistant peut ainsi proposer spontanément des informations en fonction de ce que vous dites. S’il lit une question et comprend que l’utilisateur se pose une question sur un sujet particulier, il peut lui proposer de lancer une recherche (sur Google évidemment) et lui fournir le résultat qui lui semble le plus adapté.
Pour l’instant, Assistant reste globalement assez discret, le but n’étant pas non plus d’interrompre continuellement l’utilisateur. On peut cependant lui « parler » directement, Assistant trônant en tant que premier contact dans la liste. On pourra alors lui poser des questions, par exemple lui demander où sont les restaurants chinois les plus proches.
Dans une conversation standard, ce type de résultat sera également visible par le correspondant, l’idée étant d’aider à la prise de décision commune. Articles, météo, circulation, résultats sportifs et autres font partie de ses attributions.
Notez cependant que Google Assistant est actuellement en état de Preview, autrement dit de bêta. Il ne s’agit donc pas d’un produit finalisé. Il peut rencontrer des erreurs ou donner des résultats de piètre qualité. On imagine que l’amélioration viendra graduellement, les demandes des utilisateurs permettant d’affiner son fonctionnement. Google souhaite l’intégrer ensuite dans d’autres produits, notamment sa borne Home pour la gestion de la domotique.
Des réponses suggérées et d'inévitables stickers
Allo propose également les Smart Reply (Réponse suggérée), une fonctionnalité déjà proposée dans Inbox. Le principe reste exactement le même : fournir des réponses toutes prêtes adaptées à chaque situation.
Si l’on vous demande où vous êtes, vous pourrez par exemple répondre manuellement, ou avec une position géographique, une photo du lieu, etc. Pratique, la fonction peut également donner un sentiment de « prison » à force de répondre à ce qui ressemble à un QCM, sans parler de l’aspect désagréable de se sentir « prévisible ».
Quand les utilisateurs sont aux commandes, ils peuvent bien entendu écrire ce qu’ils souhaitent. Et aucune application de messagerie ne serait considérée aujourd’hui comme « moderne » si elle ne proposait quelques fonctions ludiques au passage. On peut donc envoyer des stickers, 25 packs étant disponibles pour l’instant.
En faisant glisser le bouton d’envoi vers le haut ou le bas, on peut également agrandir ou réduire le texte ou des emojis. Comme dans Snapchat, l’utilisateur pourra modifier et écrire sur une photo avant de l’envoyer.
Chiffrement : il faut choisir entre fonctionnalités et sécurité
Côté sécurité, la situation avait déjà été abordée. Si l’utilisateur veut utiliser des fonctions comme Assistant ou Smart Reply, il devra se contenter du chiffrement classique des conversations. En d’autres termes, les informations ne sont chiffrées que pendant le transport entre l’utilisateur et les serveurs de Google et réciproquement.
L’éditeur doit pouvoir lire les échanges pour y disposer ses services. Ils sont donc stockés par l'éditeur, ce qui permettra à ce dernier de répondre aux demandes faites par les forces de l'ordre et le monde du renseignement. Cela en dépit d'un appui à Microsoft qui a justement déposé plainte contre la justice américaine à ce propos.
Pour ceux qui n’ont que faire des services proposés, il y a le mode Incognito. Dès lors, le chiffrement se fait de bout-en-bout, les données étant chiffrées avant de quitter le smartphone et Google ne pouvait (normalement) pas lire les données. Cela étant, Allo ne propose du coup plus rien de particulier si on généralise une telle fonction.
WhatsApp, même en étant utilisée par environ un milliard d'utilisateurs, a généralisé cette protection pour les groupes, les appels audio et vidéo. Allo ne propose d'ailleurs pas de telles fonctions d'appels. Dans l'absolu, les deux services utilisent le protocole Signal, de plus en plus populaire pour ajouter une couche de chiffrement aux communications sur mobile.
Notez qu'Edward Snowden, qui avait déjà fait preuve de son scepticisme il y a plusieurs mois sur Allo, vient de revenir à la charge : il recommande tout simplement de ne pas utiliser l'application de Google.
L'application se fait attendre en France
Chacun se fera évidemment sa propre idée quand Allo sera réellement disponible. Même si on peut l’obtenir par des moyens détournés (facile sous Android avec la récupération de l’APK sur des sites tiers), il n’est en effet pas diffusé en France pour l’instant.
Selon le billet de Google, le déploiement est en cours et sera achevé dans les prochains jours. Autrement dit, l’arrivée reste imminente. Nous mettrons à jour cette actualité avec les liens de téléchargement quand ils seront actifs. Notez que la fiche Android permet cependant de se préinscrire pour recevoir une alerte dès que l’application sera disponible :