Alors que l'application SAIP (pour « Système d'alerte et d'information des populations ») continue d’essuyer des critiques suite à la fausse alerte donnée à Paris samedi dernier, un député de l’opposition demande au ministère de l’Intérieur de mettre en place un dispositif d’avertissement par SMS, notamment pour les catastrophes naturelles.
Même si l’exécutif a promis d’améliorer ce point, le député Bernard Brochand (Les Républicains) regrette que l’application SAIP « ne signale actuellement que certains évènements comme les attentats, les risques nucléaires, les ruptures d'ouvrage hydraulique ou l'émanation de produits dangereux mais en aucune manière les catastrophes naturelles tels que les inondations, les crues, les séismes, les avalanches ou les tempêtes ».
« Sauver d'innombrables vies »
Après avoir rappelé les lacunes de cet outil (disponible uniquement sous smartphone sous iOS et Android, efficacité contestée suite à l’attentat de Nice...), l’élu a réclamé mardi, au travers d’une question écrite, que les pouvoirs publics mettent en place un système d’avertissement par SMS – dans la droite lignée de ce que propose depuis plusieurs mois le député socialiste Luc Belot. Le parlementaire demande ainsi à Bernard Cazeneuve « d'adopter un nouveau dispositif d'information de toutes les personnes présentes dans les zones touchées par ces évènements [de type catastrophe naturelle, ndlr] et de recourir à des techniques de diffusion cellulaire (cell broadcast) ».
« Les opérateurs de communication ont aujourd'hui la possibilité d'isoler l'ensemble des cartes SIM connectées à leurs réseaux dans un périmètre donné, même celles des touristes étrangers, fait valoir Bernard Brochand. La mise en place de cette méthode de diffusion cellulaire leur permettrait (...) d'émettre une alerte prévenant d'un péril imminent vers tous les abonnés sans exception à partir d'une antenne-relai. » Selon le parlementaire, un tel dispositif contribuerait ainsi à « sauver d'innombrables vies » lors de séismes, d’inondations ou de tempêtes, dans la mesure où tous les possesseurs d’un téléphone seraient avertis – et non les quelques utilisateurs de l’application SAIP.
Réunions entre pouvoirs publics et opérateurs
Le problème est que jusqu’ici, le ministère de l’Intérieur s’est opposé à cette solution. Suite aux « ratés » du 14 juillet dernier, la Place Beauvau semble toutefois prête à lâcher un peu de lest. Le député Luc Belot nous confiait le mois dernier que plusieurs réunions devaient avoir lieu ce mois-ci entre le cabinet de Bernard Cazeneuve et les opérateurs de téléphonie mobile. Ces derniers réclament de leur côté que l’État instaure un portail commun, pour éviter que chaque préfecture ait son « canal » de transmission des alertes.
D’après un rapport sénatorial paru en juin 2015, le ministère de l’Intérieur se penchait déjà sérieusement sur cette technique. « Ce système, appelé selfbroadcasting, existe déjà dans certains pays, comme les Pays-Bas ou Israël, et présente un triple avantage, expliquaient ses auteurs :
- Il n'y a pas de problèmes de saturation ;
- Ce canal ne peut pas être désactivé par l'utilisateur ;
- Le téléphone éteint est automatiquement rallumé pour transmettre le message. »