Pour l'ARCEP les opérateurs doivent accélérer leurs déploiements en zones peu denses pour remplir leurs objectifs légaux, alors que l'État peine à leur fournir des pylônes où installer des antennes 2G. Sur la 4G rurale, Orange est proche de son but, quand Bouygues Telecom et SFR mettent les bouchées doubles pour combler leur retard.
Le message est clair : les opérateurs doivent déployer plus vite leurs réseaux mobiles dans les zones peu denses pour remplir leurs obligations, en 2G, 3G ou 4G. Hier soir, l'ARCEP a mis à jour son observatoire des zones peu denses et prononcé deux sanctions financières à l'encontre d'Orange et de SFR. Contrairement à Bouygues Telecom, les deux opérateurs n'avaient pas couvert dans les temps l'ensemble des centres-bourgs dont ils avaient la charge en 2G.
Cinq manquaient à l'appel pour Orange, qui a écopé d'une sanction de 27 000 euros, quand SFR en a « oublié » 47, ce qui lui coûte 380 000 euros. Les communes en question ont été couvertes dans les mois qui ont suivi, mais le mal est fait. D'autant qu'il reste encore un large travail sur la 2G pour le dernier pourcent de population rurale, avec un objectif qui risque d'être difficilement tenu. Pourtant, les opérateurs ne seront pas directement à blâmer pour cela.
2G : l'État en retard dans la livraison des pylônes
Pour mémoire, l'État a fixé aux opérateurs disposant de licences 2G (Bouygues Telecom, Orange et SFR) l'obligation de couvrir l'ensemble des centres-bourgs français. Un programme qui a débuté dès 2003, des dizaines de communes devant déjà être couvertes depuis l'époque. Las, les acteurs télécom n'ont jamais tenu leurs engagements successifs à ce sujet. La loi Macron a donc donné des pouvoirs de sanction à l'ARCEP en la matière, qui les a donc utilisés contre Orange et SFR ces derniers mois.
En fait, en fin d'année dernière et ce début d'année, 268 centres-bourgs supplémentaires à couvrir ont été identifiés en deux vagues. Le total est donc porté à 3 582. Sur cet ensemble, 3 266 zones étaient couvertes en juillet, soit 13 de plus qu'en avril. En clair 91 % des centres-bourgs du programme sont couverts. Un chiffre qui évolue donc très peu de mois en mois.
Sur les 316 centres-bourgs restants, 19 disposent de pylônes et attendent simplement les antennes, dont 14 pour SFR seul. Traduction : « l'immense majorité » des zones restantes à couvrir (297) attendent la construction des pylônes fournis par l'État, dans lesquels il investit 80 millions d'euros. Un problème, ou une astuce selon le point de vue.
Si les opérateurs sont tenus de couvrir l'ensemble des centres-bourgs du programme zones blanches d'ici janvier 2017, l'État n'est pas tenu à un délai spécifique pour leur fournir les pylônes où poser les antennes. En fait, les opérateurs ont six mois pour poser les antennes quand le pylône est prêt, peu importe quand il arrive. Il semble peu probable que l'ensemble des pylônes soit construit en trois mois, donc les opérateurs ne respecteront sûrement pas leur engagement de 100 % de couverture 2G d'ici la fin de l'année, sans sanction possible... Car c'est l'État lui-même qui retarde les déploiements.
Un coup de collier à donner sur la couverture 3G
Le programme zones blanches a aussi son volet « Internet mobile » : l'ensemble des centres-bourgs du programme doivent être couverts en 3G d'ici le 30 juin 2017. En juillet, les opérateurs en étaient à 54 % de l'objectif ; soit trois points de plus qu'en avril, et 16 de plus qu'en octobre 2015. Concrètement, 2 055 centres-bourgs ont été traités, sur un total de 3 816. Une nouvelle fois, les opérateurs sont appelés à accélérer leurs déploiements pour tenir leurs engagements.
Dans le détail, Orange a atteint 62 % de son objectif de couverture, suivi par Bouygues Telecom (58 %) et SFR (52 %). Un taux qui est monté de quatre points pour Orange en trois mois, contre deux points pour les deux derniers. Cette fois par contre, les zones restantes à couvrir sont en très grande majorité en attente d'antennes et non de pylônes.
Le déploiement rural de la 4G avance, surtout chez Orange
Du côté de la 4G, l'objectif légal est bien plus ambitieux. D'ici le 17 janvier prochain, les trois mêmes opérateurs devront avoir couvert 40 % de la population rurale, sur 22 500 communes. Ils y ont consenti en acquérant les fréquences 800 MHz, pour le moment dévolues à cette 4G.
Contrairement à la 2G ou la 3G, où l'objectif est commun via des réseaux mutualisés, ils ont ici un objectif individuel de 40 %, qui ne sera rempli que si leur propre réseau le remplit. Une formalité semble-t-il pour Orange, qui annonce avoir atteint 38 % de couverture en juillet, contre 35 % en avril. L'opérateur historique devrait donc dépasser son obligation légale en janvier sans problème.
La situation est moins joyeuse du côté de Bouygues Telecom et SFR, qui y mutualisent leurs réseaux. La filiale de Bouygues déclare ainsi 26 % de couverture et SFR 25 %. Cela contre 17 % et 13 % respectivement en avril dernier, et presque 0 % en octobre pour les deux. C'est donc un mouvement express auquel s'adonnent les deux entreprises, même si rien ne dit qu'elles tiendront leur objectif.
Rappelons qu'en février, l'ARCEP les avait mis en demeure préventive sur leurs déploiements 4G dans ces zones, s'inquiétant de ne pas les voir remplir leurs objectifs. Free Mobile, qui ne dispose pas de fréquences dans les 800 MHz, n'est pas soumis ces obligations.