La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti était l’invitée de BFM TV ce matin. L’occasion pour l’intéressée de revenir sur le rapprochement entre le CSA et l’ARCEP, qu’elle juge « logique », mais aussi sur le financement de l’audiovisuel public. Concernant le budget 2013 de son ministère, Filippetti a réfuté une baisse de l'ordre de 7 %.
« C’est vrai qu’il y a une logique » à une fusion à moyen terme entre le CSA et ARCEP
Interrogée par Jean-Jacques Bourdin au sujet de la fusion entre le CSA et l’ARCEP, la ministre de la Culture a estimé ce rapprochement était « à moyen terme » « dans la logique ». Aurélie Filippetti s’est néanmoins fait vague sur l’échéance d’un tel projet : « on va voir s’il faut le faire maintenant ou s’il faut attendre encore un petit peu ». La ministre a surtout rappelé que le chef du Gouvernement attendait son avis et celui de Fleur Pellerin (Économie numérique) ainsi que d’Arnaud Montebourg (Redressement productif) « d’ici fin novembre ».
Or, si pour la ministre « c’est vrai qu’il y a une logique », elle dit rester « très vigilante » à une chose : la régulation des contenus. Aurélie Filippetti a effectivement affirmé que cette régulation était « importante notamment pour favoriser la création française (...). On a besoin d’avoir une forme de régulation, mais tout ça est très perturbé, très bouleversé par l’arrivée de la télévision connectée, donc c’est normal qu’on réfléchisse à ce rapprochement ».
Financement de l’audiovisuel public
S’agissant des taxes permettant le financement de la suppression de la publicité après 20 heures sur le service public, la ministre a rappelé qu’il y avait « un contentieux en cours à Bruxelles », mais qu’une annulation de ces mesures fiscales, si elle devait être décidée, n’interviendrait « pas avant l’année prochaine, en 2013 ». Aurélie Filippetti a également précisé que leur montant cumulé pourrait atteindre « 1 ou 1,2 milliard » d’euros. Au passage, l’intéressée en a profité pour rejeter la faute sur l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, indiquant qu’il avait « décidé un beau matin de supprimer la publicité après 20 heures, sans avoir prévu de manière rigoureuse, réfléchie, les mécanismes pour compenser cela ».
« Il n’y a pas de retour de la publicité après 20 heures » a insisté Aurélie Filippetti, qui indique en revanche travailler « avec France Télévision sur des réformes structurelles pour permettre de faire une télévision qui soit de meilleure qualité, avec un budget avec des efforts ». La ministre note également qu’« aujourd’hui, le marché de la publicité a baissé. C’est-à-dire que même si l’on décidait de remettre de la publicité sur le service public, ce qui n’est pas la décision du Gouvernement, il y aurait forcément de toute façon un manque à gagner ». En ce sens, un retour de la publicité ne serait « pas une solution satisfaisante ».
Fait intéressant : évoquant la redevance, la ministre a dit « elle est à 119 euros ». Or la contribution à l’audiovisuel public a été réévaluée à 123 euros en 2011. Aurélie Filippetti a d’autre part réfuté toute augmentation de la redevance, hors prise en compte de l’inflation. Le sujet de l’extension de l’assiette de la redevance aux résidences secondaires a été évoqué même si la ministre de Culture a surtout souligné que l'idée « était dans le projet du Parti socialiste. »
« Je ne veux plus qu’on assimile le ministère de la Culture à un ministère du strass et des paillettes »
La ministre de la Culture a indiqué vouloir une « dépense contrainte mais bien orientée », avec par exemple moins d’expositions mais plus de politiques à destination de certains publics particuliers. « Je ne veux plus qu’on assimile le ministère de la Culture à un ministère du strass et des paillettes » a lancé l’intéressée, qui relève que « malgré la crise, tous nos festivals ont été pleins à craquer ». La ministre note au passage que l’enveloppe allouée à son ministère est « un petit budget à l’échelle du budget de l’État, mais ce sont des investissements qui rapportent beaucoup à notre pays ».
Selon Aurélie Filippetti « il faut cibler les investissements sur la création audiovisuelle française, continuer à encourager le développement de filières industrielles ». D’après elle, « on est les seuls au monde à pouvoir résister à la position ultra-dominante des américains sur le marché du cinéma ». La ministre note par exemple une hausse de près de 1,2 % de la fréquentation des salles cinémas en France de janvier à juin 2012. « Non seulement les gens vont plus au cinéma, mais en plus ils vont davantage voir des films français » se félicite Aurélie Filippetti. Une réussite qui s’explique selon elle « à notre mécanisme de financement du cinéma ».