Le troisième trimestre aura été très chargé pour Hewlett Packard Entreprises (HPE). Le groupe issu du schisme chez HP a publié ses résultats financiers, qui s'accompagnent d'une information importante : la fusion de ses activités logicielles non-essentielles avec l'éditeur Micro Focus, propriétaire de SUSE.
Lors de sa scission, HP a donné naissance à deux entreprises distinctes : HP Inc, qui fabrique des PC et des imprimantes, et Hewlett Packard Entreprises, qui a conservé tout ce qui touche aux services informatiques et à la vente de logiciels. La première a connu un troisième trimestre plutôt positif. Pour la deuxième, c'est un peu plus compliqué.
Diviser pour mieux gérer
Le troisième trimestre de HPE aura en effet été marqué par une opération importante, la séparation des activités logicielles « non-essentielles » de la société dans une autre structure, fusionnée avec Micro Focus, un éditeur britannique de logiciels, notamment propriétaire de Novell et SUSE. Dans le cadre de cette opération, HPE recevra 2,5 milliards de dollars en plus de 50,1 % du capital du nouvel ensemble, ce qui valorise la transaction à 8,8 milliards de dollars.
Le nouvel ensemble, lui, génèrera 4,5 milliards de dollars de chiffres d'affaires annuel, dont plus de 60 % provenant de sources récurrentes et 1,4 milliard de dollars issus des produits de Micro Focus. Parmi les solutions HPE qui seront intégrées, on retrouvera Fortify côté sécurité, ou encore Vertica pour le Big Data et AppPulse, pour un CA total estimé à 3,1 milliard de dollars par an.
L'opération doit être finalisée dans la seconde moitié de l'exercice fiscal de HPE et est soumise à l'approbation de plusieurs autorités de la concurrence à travers le monde, mais aussi à l'approbation des actionnaires de Micro Focus, qui ne se sont pas encore prononcés sur la question. Du côté de HPE, l'opération devrait également coûter 700 millions de dollars, en charges diverses « liées à la transaction ».
Montagnes russes
Pour ce qui est des résultats de HPE à proprement parler, ils sont en demi-teinte sur le dernier trimestre. Avec 12,2 milliards de dollars de chiffre d'affaires, l'entreprise a vu ses revenus fondre de 6 % en l'espace d'un an. Une baisse que l'entreprise attribue aux fluctuations monétaires et à l'abandon de certaines de ses activités.
En dehors de ces éléments exceptionnels, le recul n'aurait été que de 1 %, mais il reste notable dans certains secteurs d'activité. Toujours selon cette méthode de calcul, le logiciel est ainsi en repli de 3 % avec une marge opérationnelle qui perd 2,7 points. Les services financiers de HPE par contre voient leurs revenus grimper de 2 %. Quant au segment Entreprise Group, responsable de la plus grande part des revenus de la société, son chiffre d'affaires est stable.
Le résultat net explose grâce aux 2,5 milliards de dollars comptabilisés au titre de la transaction décrite un peu plus tôt. Il s'établit à 2,3 milliards de dollars. Si l'on devait le sortir de l'équation, la comparaison avec les 224 millions de dollars de bénéfices de l'an dernier à la même période serait un peu moins flatteuse.
Certains secteurs trinquent particulièrement
En tenant compte des éléments exceptionnels, la situation est parfois alarmante dans certains secteurs. Dans la branche Entreprise Group, qui se charge de la vente de matériel (serveurs, stockage, réseau...), la chute est ainsi de 8 % sur un an. Les serveurs résistent plutôt bien en ne reculant que de 4 %, mais du côté des périphériques réseau, c'est la Bérézina. Les revenus issus de cette activité ont reculé de 22 % en un an.
Si HPE tenait à se séparer de ses activités dans le domaine du logiciel, c'est aussi parce que cette branche est dans une situation délicate. Ses revenus ont fondu de 18 % sur un an, principalement en raison d'une baisse de 28 % des ventes de licences et de 17 % du chiffre d'affaires généré par les fonctions de support. Les services, eux, se replient de 7 % sur l'année.
Toutes les zones géographiques ne sont également pas logées à la même enseigne. Sur le continent américain, on observe par exemple une hausse de 1 % des revenus. Du côté de la zone EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique), le recul est de 9 %. En Asie-Pacifique, c'est par contre la dégringolade, avec une perte de 21 % sur un an, en partie due à des fluctuations monétaires.
Dans tous les cas, la situation de HPE est encore loin d'être alarmante. L'entreprise dispose de solides réserves de cash (plus de 10 milliards de dollars) et d'une dette plutôt contenue, de l'ordre de 16 milliards de dollars (hors activités de financement). En bourse, la nouvelle de la fusion n'a pas ravi les investisseurs de HPE, le cours de l'entreprise ayant perdu 3,2 % lors de la dernière séance. Du côté de Micro Focus par contre, l'action a bondi d'environ 14 % hier.