Les opérateurs H3G et Wind peuvent fusionner en Italie. En effet, suite à l'accord signé avec Iliad, la Commission européenne n'a plus de craintes liées à la concurrence et autorise ce rapprochement... Sous conditions.
La Commission européenne vient d'annoncer officiellement qu'elle « autorise, sous conditions, la création d'une entreprise commune entre Hutchison et VimpelCom en Italie ». Cette décision comporte également un second volet, qui « consacre Iliad en tant qu'acquéreur des actifs cédés » par les deux opérateurs italiens.
Les craintes de la Commission européenne envolées avec l'accord d'Iliad
Pour rappel, Hutchison et VimpelCom sont les quatrième et troisième opérateurs transalpins avec leur filiale respective H3G et Wind. Ils ont depuis plusieurs mois annoncés qu'ils souhaitent fusionner afin de créer une entreprise commune.
En mars, la Commission européenne ouvrait une enquête approfondie, car elle craignait alors que « l’opération n’entraîne une hausse des prix, une réduction du choix et une diminution de l’innovation pour les clients de téléphonie mobile en Italie ». De plus, le passage de quatre à trois opérateurs aurait mécaniquement réduit le nombre d'opérateurs de réseau pouvant héberger des opérateurs virtuels, tout en augmentant le risque de « coordonner leur comportement concurrentiel ».
Mais ses craintes ont été levées en juillet, avec l'annonce d'Iliad de se porter acquéreur d'une partie des réseaux et des fréquences de H3G et Wind. Pour la Commission, cela permet de « compenser la perte de concurrence » et de « faire en sorte que les clients de téléphonie mobile en Italie ne soient pas lésés par l'opération ». Pour Margrethe Vestager, la commissaire en charge de la concurrence, il s'agit de « mesures fortes qui permettent à un nouvel opérateur de réseau mobile, Iliad, d'entrer sur le marché italien ».
Pour rappel, l'accord entre Iliad et H3G/Wind prévoit les éléments suivants :
- La cession de 2x 35 MHz de bande de fréquences pour la 3G/4G (2x 5 MHz en 900 MHz, 2x 10 MHz en 1 800 MHz, 2x10 MHz en 2 100 MHz et 2x 10MHz en 2 600 MHz). Montant de l'opération : 450 millions d'euros.
- L'acquisition ou la location de « plusieurs milliers de sites » en zones denses.
- Un accord d'itinérance (2G, 3G et 4G) qui permet à Iliad d'utiliser le réseau de l'entreprise commune entre H3G/Wind pendant 5 ans, renouvelable une fois pour 5 ans de plus.
Un transfert des fréquences progressif jusque fin 2019
Dans la présentation de ses résultats sur le 1er semestre, Iliad a donné quelques informations supplémentaires sur son arrivée en Italie. Tout d'abord, la libération des bandes de fréquences se fera progressivement jusque fin 2019. Le partage ou le transfert des sites permettra de couvrir 75 % de la population, tandis que les 25 % restants seront assurés par du RAN sharing (utilisation commune par les opérateurs d’équipements actifs et de leurs fréquences assignées).
Iliad pourra ainsi développer son propre réseau afin de devenir le quatrième opérateur du pays. Comme il l'a fait en France, il pourra également s'appuyer sur le réseau de son partenaire. Et l'exemple français – Free Mobile revendique 17,4 % de parts de marché – semble rassurer la Commission européenne : « Iliad est le quatrième opérateur à avoir pu s'implanter sur le marché mobile français et il dispose du savoir-faire et de l'expertise nécessaires pour être actifs sur le marché italien, y investir et y innover ».
Pour les offres d'Iliad en Italie, il faudra encore attendre
Bien évidemment, aucune offre n'a pour le moment été dévoilée. Impossible donc de savoir si Iliad jouera la même carte qu'en France avec un tarif agressif et deux forfaits seulement. Il faudra également attendre pour voir ce qui sera proposé aux MVNO locaux. Pour rappel, en France, les offres n'avaient pas été spécialement bien accueillies par les opérateurs virtuels ainsi que par l'ARCEP.
L'opérateur explique par contre que le marché italien est bien différent de celui de la France, malgré une certaine similitude au niveau du revenu global et de la population. En effet, le taux de pénétration est de plus de 140 %, mais en grande partie avec du prépayé (79 %), un type d'offre en chute libre en France depuis l'arrivée de Free Mobile.
Reste qu'en n'acceptant le rapprochement entre deux opérateurs qu'avec la création d'un nouveau, la Commission européenne respecte sa doctrine dans le domaine : tenter de maintenir le nombre d'acteurs télécoms en Europe et dans chaque pays. Une position vertement critiquée par les opérateurs français, notamment Bouygues Telecom, devant les parlementaires.
