Uber a présenté en privé à ses investisseurs ses derniers résultats trimestriels. Les données qui ont fuité à l'issue de cette rencontre sont peu glorieuses pour le géant des VTC, qui continue de brûler son cash à vitesse grand V.
Chez Uber, il n'y a pas que les levées de fonds qui s'enchainent. Le géant américain des VTC les a multipliées ces derniers mois, portant leur total à plus de 12 milliards de dollars depuis fin 2014. Pourquoi Uber fait-il autant de tours de table ? Probablement pour s'assurer un matelas confortable en vue des trimestres difficiles qui l'attendent.
Y'a-t-il un pilote chez Uber ?
Uber n'est pour l'instant pas côté en bourse. L'entreprise n'a donc aucune obligation de rendre ses comptes publics. Elle se contente de fournir quelques chiffres à huis clos à ses principaux investisseurs, afin qu'ils vérifient que la feuille de route du géant du VTC est bien suivie correctement.
Nos confrères de Bloomberg ont pu mettre la main sur les documents présentés aux investisseurs pour le deuxième trimestre 2016. Et leur contenu a de quoi en refroidir plus d'un. Alors même que trois mois plus tôt l'entreprise affichait des bénéfices dans certains pays, entre avril et juin, des pertes étaient au menu partout dans le monde.
Sur le premier trimestre, l'EBITDA d'Uber était négatif à hauteur de 520 millions de dollars. Sur les trois mois suivants, il s'est encore creusé pour atteindre plus de 750 millions de dollars. En l'espace d'un semestre les pertes du groupe s'élèvent donc à au moins 1,27 milliard de dollars, sur un chiffre d'affaires d'environ 2,1 milliards de dollars. Sur le dernier trimestre, Uber a même perdu 100 millions de dollars rien qu'aux États-Unis, alors que ce marché est habituellement rentable pour la société. Depuis son lancement, Uber a cumulé plus de 4 milliards de dollars de pertes.
Des pertes colossales
« Vous ne trouverez pas beaucoup d'entreprises technologiques qui peuvent perdre autant d'argent aussi rapidement » note avec justesse Aswath Damodara, professeur d'économie à l'université de New-York, devant nos confrères. Sur l'ensemble de 2015, les pertes d'Uber se chiffraient à au moins 2 milliards de dollars, avant même de compter les intérêts, les taxes, les dépréciations et l'amortissement.
À titre de comparaison, Amazon, dans son année la plus noire (2000) n'avait perdu « que » 1,4 milliard de dollars. Un chiffre qu'Uber pourrait encore dépasser cette année. L'entreprise se veut néanmoins rassurante. À partir du mois d'août, plus aucune perte ne sera comptabilisée en Chine, suite à la cession de cette activité à Didi Chuxing. Cela devrait permettre au géant des VTC de redresser un peu la barre, puisqu'il brûlait plus d'un milliard de dollars par an pour tenter de se faire une place sur le marché chinois.
Heureusement, Uber peut compter sur de solides réserves de cash, plus de 8 milliards de dollars, et de quelques milliards sur des lignes de crédits encore intactes. De quoi se permettre encore quelques dérapages incontrôlés, mais surtout de financer ses recherches dans le domaine des véhicules autonomes.