Vivendi a publié hier soir ses résultats pour le premier semestre 2016. Le géant des médias y a présenté un plan visant à réaliser 300 millions d'euros d'économie autour de Canal+ et CanalSat, qui perdent tous deux encore beaucoup d'abonnés en France.
Le dernier semestre n'aura pas été de tout repos pour Vivendi, même si les résultats sont encore très loin d'être alarmants. Le groupe présidé par Vincent Bolloré a dû faire face à l'érosion continue du groupe Canal+ et s'occuper de l'intégration de Gameloft dans son empire médiatique
Des revenus globalement stables
Sur les six premiers mois de l'année, Vivendi a réalisé un chiffre d'affaires de 5,04 milliards d'euros, en baisse de 1 % par rapport à la même période en 2015. Le bénéfice net s'élève quant à lui à 911 millions d'euros, mais la comparaison avec l'an dernier n'est ici pas pertinente. Lors de l'exercice précédent, l'entreprise avait en effet vendu plusieurs de ses participations dans d'autres sociétés, générant une plus-value de près de 1,3 milliard d'euros. L'EBIT (Earnings Before Interest & Taxes) est quant à lui en hausse de 3,4 % à 1,06 milliard d'euros.
La trésorerie de Vivendi a par contre fondu comme neige au soleil en l'espace de six mois. Des 6,4 milliards d'euros comptés fin décembre, il ne restait fin juin que 2,1 milliards. Contrairement aux apparences, les acquisitions et investissements ne forment pas le plus gros des dépenses, Vivendi a en effet déboursé 4,2 milliards d'euros en redistribution à ses actionnaires et en rachat de ses propres actions. Les 1,7 milliard d'euros d'investissements consentis sont quant à eux compensés par la vente d'autres actifs, pour 1,8 milliard d'euros
Semestre difficile pour Canal+, CanalPlay perd 13 % d'abonnés
Du côté du Groupe Canal+, le climat n'est pas au beau fixe. Le chiffre d'affaires semestriel global est en recul de 3,5 % sur un an à 2,64 milliards d'euros. Principaux facteurs : une baisse de près de 20 % des rentrées d'argent de Studiocanal et de 5,2 % des ventes de chaînes payantes en France.
Pour ce qui est des chaînes Canal+ proprement dites, le chiffre d'affaires a baissé de 5 % en un an passant de 886 millions d'euros pour six mois à seulement 841 millions. Pendant ce temps, l'EBITA (Earnings Before Interest Taxes & Amortization) de ces chaînes continue de se creuser. Il était question d'une perte de 47 millions d'euros au premier semestre 2015, elle est aujourd'hui de 106 millions d'euros un an plus tard.
Le décompte d'abonnés individuels du groupe n'est également pas vraiment en sa faveur. En France, il est passé en un an de 5,964 millions à 5,455 millions, soit un total de 509 000 départs. Le nombre d'abonnements total dans l'Hexagone a suivi la même courbe avec 506 000 suppressions, sur un cumul de désormais 8,801 millions. Rien que sur CanalPlay, on compte déjà 91 000 abonnés perdus. Si l'ARPU a augmenté significativement, passant de 44,3 euros à 45 euros, le churn en fait tout autant et grimpe à 15,4 %, ce qui n'est pas vraiment bon signe.
Régime pain sec
La réaction de Vivendi ne s'est pas faite attendre. Le groupe veut mettre en place une nouvelle « feuille de route pour compenser les pertes de Canal+ » en optimisant ses coûts. Vivendi cherche en effet à réaliser 300 millions d'euros d'économies entre aujourd'hui et fin 2018.
Le programme portera notamment sur une « réduction des coûts de production et d'édition des programmes » pour environ 150 millions d'euros, et sur 100 millions d'euros d'économies liées à la gestion des abonnements, portant principalement sur le marketing et renouvellement des décodeurs. Les 50 millions restants seront chassés du côté des coûts techniques et de diffusion. Les actions entreprises dans le cadre de ce plan n'ont par contre pas été détaillées.
En bourse, les annonces de la firme de Vincent Bolloré ont été fraichement accueillies, avec un recul de 1,7 % à l'ouverture de la séance à Paris, alors que les indices européens affichaient une relative stabilité. Depuis le début de l'année, la valorisation de Vivendi a fondu de 13 %, à 22,2 milliards d'euros.