PDG de SFR depuis quelques mois, Stéphane Roussel a accordé mi-novembre une interview à Objectif Languedoc-Roussillon et relayée par La Tribune. Le patron, qui a expliqué les raisons de l'arrivée rapide de la 4G à Montpellier, a profité de cette entrevue pour tacler Free Mobile. Mais le trublion est-il si limité ?
« Les opérateurs français ont les tarifs les plus bas du monde »
Pour Stéphane Roussel, une chose est certaine : le marché mobile français est désorganisé. La faute à l'ARCEP, au gouvernement précédent et à Orange, qui ont tout fait pour pousser Free dans le marché mobile, pour les conséquences que nous connaissons.
D'après le nouveau PDG de SFR, le secteur a été « porté par une volonté consumériste, où le client est roi. Et nous y sommes arrivés, puisque les opérateurs français ont les tarifs les plus bas du monde » affirme-t-il. Il est vrai qu'à qualité de réseau égal, les services et tarifs français dans le mobile ont peu de concurrents dans le monde, ceci après de très fortes chutes de prix néanmoins, possibles grâce à une concurrence réelle apportée par le nouvel opérateur.
Free et ses limites techniques
Néanmoins, l'arrivée de la 4G devrait inverser la tendance à en croire Stéphane Roussel. Ce dernier semble en effet estimer que la technologie LTE permettra à Orange, SFR et Bouygues Télécom de se détacher de Free Mobile. « Avec la 4G, Free va arriver à ses limites techniques » a-t-il ainsi avancé, rajoutant un argument : « Ils ont longtemps prospéré sur le mythe que l'on pouvait proposer les mêmes services aux tarifs les plus bas. Sur les grandes offres comme celles que nous développons sur la 4G, ce n'est plus vrai. »
Le patron de la société au carré rouge a-t-il raison ? Il est vrai que sur le dossier de la 4G, Free Mobile est particulièrement discret. Tout juste savons-nous que les antennes 3G déployées sont compatibles 4G et ne demanderont qu'à être activées, et que l'opérateur devrait lancer des offres l'an prochain.
Début septembre, Maxime Lombardini, le directeur général d'Iliad, confirmait en partie les futurs propos de Stéphane Roussel au micro d'Europe 1 : « c’est pour se différencier que les opérateurs vont aller sur la 4G, c’est une bonne nouvelle. Ça nous paraît une bonne dynamique d’innovation et d’investissement. »
4G, le dossier obscur de Free
Reste que Free Mobile demeure constamment nébuleux sur le sujet, à l'instar de la fibre optique. L'opérateur n'a donné aucune date précise, ni les débits qu'il pourra offrir, les tarifs qui seront proposés ni même les premières villes qui seront concernées par sa 4G. Quant à un éventuel accord d'itinérance avec un autre opérateur (probablement SFR), là encore, le silence est d'or.
Face à ce flou vaporeux, il est ainsi difficile de savoir si Free Mobile laissera volontairement ou non un avantage à ses concurrents. Nous savons toutefois une chose : pour proposer de la 4G, et en absence d'un contrat d'itinérance, Free Mobile n'aura pas le choix de couvrir intégralement une ville de ses antennes. Or à l'heure actuelle, malgré sa couverture de 37,3 % de la population française au 1er juillet 2012 (hors itinérance d'Orange), Free Mobile ne couvre pas encore intégralement en 3G (et donc en 4G) de nombreuses communes françaises avec ses propres antennes.
En utilisant le site AntennesMobiles.fr, qui recence les antennes déclarées auprès de l'Agence Nationale des Fréquences, nous pouvons toutefois noter une belle présence de Free Mobile à Marseille, Nice, Lille, Reims, et Nancy. Toutefois, avant de lancer seul une offre LTE, le quatrième opérateur devra obligatoirement augmenter son nombre d'antennes et améliorer sa couverture. Ce qui pourrait prendre encore de nombreux mois. De quoi donner raison à Stéphane Roussel ?