Le géant américain Walmart tente de refaire son retard sur le segment du commerce en ligne. La plus grande chaîne de magasins du pays vient en effet de mettre le grappin sur le site Jet.com, contre la bagatelle de 3,3 milliards de dollars.
Sur le marché du commerce en ligne, la croissance s'affiche à tous les étages. Amazon, leader de ce segment fait office de locomotive et affichait au dernier trimestre une croissance annuelle de 31 %, un chiffre qui ferait envie à n'importe quel entrepreneur, surtout quand il s'applique à plus de 100 milliards de dollars de revenus annuels.
Pendant ce temps, Walmart, le champion américain de la grande distribution fait toujours recette avec ses hypermarchés mais peine à prendre pied sur le Net. Ses ventes en ligne progressent ainsi bien plus lentement que celles d'Amazon, avec une croissance annuelle de l'ordre de 7 % au dernier trimestre, contre 17 % un an plus tôt à la même période. Le chiffre d'affaires numérique reste d'ailleurs confidentiel.
Reprendre le train en marche
Pour redonner un coup de fouet à ses activités en ligne, Walmart a été puiser dans son importante réserve de liquidités (plus de 12 milliards de dollars) pour s'offrir la boutique en ligne Jet.com, en mettant 3 milliards de dollars en cash sur la table et quelques 300 millions de dollars en actions.
« Cette acquisition permettra de construire et de compléter les fondations déjà en place pour servir les clients au travers de l'application, du site et des magasins Walmart plaçant ainsi l'entreprise vers une croissance plus rapide de ses activités e-commerce », admet la direction de Walmart dans un communiqué. « Nous cherchons des moyens de réduire les prix, d'élargir notre catalogue et d'offrir l'experience d'achat la plus simple, parce que c'est ce que nos clients veulent », s'enorgueille ensuite la firme.
Jet.com un modèle économique variable
Pour justifier le coût de cette acquisition, Walmart met en avant les spécificités de Jet.com, qui lors de sa première année a atteint un rythme de vente annuel d'un milliard de dollars. Principal atout du site, son modèle économique. Dans un premier temps, il était basé sur un abonnement annuel de 50 dollars promettant aux clients de profiter de marchandises à prix coûtant. Il a rapidement été abandonné pour laisser place en octobre 2015 à un autre mode de fonctionnement.
Celui-ci se base sur un algorithme permettant de faire varier les prix en fonction de l'emplacement géographique des produits. Si un client achète plusieurs produits situés dans un même centre de distribution, il profite de réductions. Par contre si sa commande comporte des objets répartis dans plusieurs centres et nécessitant des envois séparés, le tarif augmente. De même, si le consommateur renonce à son droit de retractation sur la commande, le prix descend légèrement. Enfin le prix final peut varier en fonction du mode de paiement choisi, utiliser une carte de débit étant moins onéreux qu'une carte de crédit par exemple.
Des investisseurs et un PDG heureux
Parmi les grands gagnants de cette transaction, on retrouve les principaux investisseurs de Jet.com, qui ont injecté au total 570 millions de dollars, avec une valorisation maximale de 1,6 milliard de dollars. On y retrouve le fonds d'investissement d'Alibaba, un autre géant du commerce en ligne, le fonds Accel (Slack, Deliveroo, BlaBlaCar) ou Fidelity (Airbnb, Cloudflare, Snapchat, Uber...).
Marc Lore, le PDG de Jet.com est lui aussi bien loti puisque ses parts dans l'entreprise lui donnent droit à un chèque d'environ 750 millions de dollars. De quoi lui permettre de se remettre en selle, s'il en avait encore besoin après la revente en 2010 de son ancienne entreprise, Quidsi, à Amazon pour 545 millions de dollars.