Facebook veut (encore) réduire le « clickbait » : la difficile lutte pour la qualité du contenu

On peut écrire n'importe quoi, mais pas n'importe quel titre
Internet 5 min
Facebook veut (encore) réduire le « clickbait » : la difficile lutte pour la qualité du contenu
Crédits : dolphfyn/iStock/Thinkstock

Facebook vient d'indiquer qu'il allait renforcer sa lutte contre les titres racoleurs. Une avancée intéressante, mais qui ne va pas forcément au bout de la démarche. De quoi illustrer la difficulté de privilégier le contenu de qualité à l'heure de la viralité sociale.

Facebook et Google ont un point commun : ils veulent user de leurs fameux algorithmes pour faire remonter en priorité le contenu dit « de qualité ». Mais dans les deux cas, si les sociétés multiplient les annonces concernant leurs intentions, elles peinent parfois à convaincre lors de la mise en œuvre.

La qualité du contenu, une vieille bataille de Google

En la matière, Google a multiplié ses efforts ces dernières années. Et si la société a été plus rapide à évincer les concurrents de son service Shopping qu'à faire le grand ménage dans les contenus renvoyés par ses résultats de recherche, force est de constater que le bilan est plutôt positif.

Bien entendu, il reste du travail, et des requêtes comme « Orlando Bloom » ces derniers jours montrent bien que le chemin est encore long (autant du côté des éditeurs que des moteurs), mais il devient de plus en plus rare de tomber sur des résultats issus de fermes de contenus qui avaient pourtant le vent en poupe il y a quelques années.

On se demande par contre où sont passés les engagements concernant le fait de mettre en retrait des sites qui abusent des pratiques publicitaires (voir ici ou ), tant sur le mobile que sur ordinateur, alors que ceux qui se retrouvent en première page sont parfois des spécialistes en la matière (Google en tête).

Du côté de géant de Mountain View, le travail semble désormais plus se situer au niveau de la transparence de ses critères qui posent parfois question sur la fraîcheur des résultats, et sur la lutte contre les médias qui trichent un peu avec les règles, notamment du côté de Google News.

Dans le cas des sites de presse, on regrettera d'ailleurs que ce soit souvent le dernier à reprendre une information qui soit mis en avant, ce qui incite les médias à jouer du SEO en exploitant le contenu des autres, plutôt qu'à en être à l'origine. Ce qui pénalise notamment les médias d'investigation.

Facebook et le « clickbait » : je t'aime, moi non plus

De son côté, Facebook a aussi multiplié les annonces ces dernières années, de manière parfois assez contradictoire. Si le réseau social met désormais en avant ses « valeurs », on a par le passé eu droit à de multiples retouches pour mettre en avant tantôt le contenu des proches, tantôt celui qui va largement être partagé, tantôt le temps de lecture et la diversité, puis les vidéos en direct sont arrivées avec une mise en avant spécifique.

Il y a deux ans, presque jour pour jour, un autre critère est entré en ligne de compte, la lutte contre les contenus « clickbait ». Comprendre : ceux qui ont un titre franchement racoleur afin d'attirer l'internaute qui a le plus souvent la faiblesse de se laisser appâter par de si vils procédés.

Cela a d'ailleurs été l'un des moteurs de croissance dans le domaine de la presse, et nombre de sites se sont mis à proposer des contenus « efficaces » aux titres parfois douteux afin d'attirer des visiteurs qui passent de plus en plus de temps sur Facebook et sur leur appareil mobile. De quoi largement doper les audiences, et leur besoin d'une croissance perpétuelle, quitte à dépendre du réseau social dans des proportions parfois énormes.

Certains sites sont même nés de cette tendance de Facebook à privilégier le contenu « socialement efficace », le réseau social facilitant leur expansion au niveau mondial malgré les mises à jour de son algorithme. Dernière tendance du moment, puisque la vidéo est le « focus » principal des équipes de Mark Zuckerberg : les vidéos de cuisine

2016 : Facebook découvre qu'il peut analyser les titres

Aujourd'hui, une nouvelle annonce vient d'être faite : la lutte contre le « clickbait » va se renforcer. « Les gens nous ont dit qu'ils préféraient voir des histoires authentiques [...] et qu'ils veulent voir moins de contenus avec des titres clickbait. Ceux-ci laissent volontairement de côté les informations cruciales ou qui trompent l'utilisateur, le forçant à cliquer afin d'obtenir la réponse » précise le billet de blog.

La stratégie a ainsi été affinée par rapport à la mise à jour de 2014. Celle-ci se focalisait en effet sur la capacité qu'avaient les utilisateurs à cliquer sur un lien puis à en repartir rapidement. Mais de l'aveu même de Facebook (qui aura mis deux ans à s'en apercevoir), cela n'a pas été assez efficace.

Ainsi, c'est désormais la construction même des phrases qui sera analysée. Pour cela, des dizaines de milliers de titres ont été catégorisés afin d'identifier ceux qui posent souci et construire un système qui se veut proche de celui des filtres anti-spam. Désormais, les publications de ce genre seront identifiées, ainsi que les domaines des sites et pages qui en abusent. Ceux-ci seront pénalisés et apparaîtront moins dans le fil d'actualité. Si le comportement change, cette pénalité sera levée.

La lutte contre le clickbait doit-elle s'arrêter aux titres ?

On regrettera tout de même deux éléments : le premier concerne l'information des administrateurs de page. Rien n'indique en effet qu'ils seront avertis de la mise en place d'une pénalité. Une interface comme le Business Manager pourrait pourtant être idéale pour cela. Ils verront simplement leurs statistiques s'effondrer et n'auront qu'à se référer aux règles de Facebook. Mais dans le cas d'un faux positif, comment savoir d'où vient le problème ?

Le second point est celui de la focalisation sur les titres. En effet, l'important pour Facebook ne semble pas être la qualité du contenu ou l'intérêt de celui-ci, comme on avait pu le voir dans le cas de Google qui avait décidé d'analyser les pages dans leur ensemble, mais bien sa façon d'être présenté.

Ainsi, un article qui titrera « Orlando Bloom est en vacances, et ce qu'il fait va vous étonner » sera sanctionné. Par contre un article très partagé et consulté longuement dont le titre serait « Orlando Bloom nu comme un ver avec Katty Perry, notre diaporama photo » aura sans doute bien plus les faveurs de Facebook qu'un second dont le titre serait « Les vacances d'Orlando Bloom : pourquoi la folie des réseaux sociaux mène à une déchéance progressive de la presse d'information ». Dommage ?

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