Verizon acquiert l'activité historique de Yahoo. Ils viendront compléter l'offre d'AOL, acquis l'an dernier par l'opérateur américain. Ce qu'il reste de la société s'occupera de gérer ses parts dans Alibaba et son portfolio de brevets.
C'est officiel, Yahoo vend ses principaux actifs à l'opérateur américain Verizon, qui était perçu comme le mieux placé pour empocher la mise. Le groupe se sépare de son activité Internet et de ses possessions immobilières pour 4,8 milliards de dollars. Fondée en 1994, la société signe donc un trait sur son indépendance, après plusieurs années difficiles, où sa capitalisation boursière est tombée largement sous la valeur de ce qu'elle possède. La gloire du début des années 2000 n'est plus que l'ombre d'elle-même.
AOL et Yahoo sont dans un bateau
Pour Verizon, qui a acquis AOL l'an dernier pour 4,4 milliards de dollars, l'enjeu est de fusionner les activités des deux groupes, pour créer un nouveau géant des contenus et des services en ligne. En rachetant Yahoo, l'opérateur américain annonce d'ailleurs s'offrir une place de choix sur mobile, sur lequel l'ancienne gloire du Net affirme compter 600 millions d'utilisateurs actifs mensuels, pour un milliard au total.
« Combinés, AOL et Yahoo auront plus de 25 marques dans leur portfolio, avec un investissement et une croissance continue. Les actifs-clés de Yahoo comprennent des marques majeures de contenus premium dans la finance, l'actualité et les sports, ainsi que l'un des services email les plus populaires avec environ 225 millions d'utilisateurs actifs » affirment les deux sociétés dans leurs communiqués. Les technologies publicitaires de Yahoo intéressent également de près Verizon, qui compte les utiliser pour AOL. Marissa Mayer annonce, pour sa part, qu'elle restera dans l'entreprise.
Comme le rappelle le New York Times, il restera donc de la société 41 milliards de dollars de parts dans le capital du géant chinois Alibaba, une part de Yahoo Japan et un portfolio de brevets accessoires (portfolio Excalibur). Des possessions dont la société hésitait à se séparer il y a encore quelques mois, pour se concentrer sur son coeur de métier, les activités Internet. Ce qu'il restera de Yahoo hors Verizon changera bientôt de nom, pour devenir une société d'investissement cotée.
Des activités en chute libre
Malgré le discours lénifiant du communiqué de presse, la situation de la société est très loin d'être rose. Sur le dernier trimestre, elle a vu son chiffre d'affaires baisser de 15 % d'une année sur l'autre, pour s'établir à 1,06 milliard de dollars, en excluant la petite manipulation comptable qui gonflait ses résultats. Son EBITDA, lui s'établit à 172 millions de dollars, contre 262 millions un an plus tôt. En février, la société annonçait le licenciement de 15 % de ses effectifs, après plusieurs autres vagues ces dernières années. À cette occasion, cinq bureaux internationaux ont été fermés, pour un total de 27 en trois ans.
Il y a un an, le groupe fermait certains services peu utilisés, comme Maps et Pipes, pour limiter les frais. L'un des échecs les plus lourds ces dernières années est le rachat en 2013 de Tumblr pour 1,1 milliard de dollars. Aujourd'hui, Yahoo a largement déprécié sa valeur, qui n'atteint plus que 300 millions de dollars. La société a d'ailleurs des difficultés à remplir ses espaces publicitaires, la demande étant trop basse.
Aux dernières nouvelles, Yahoo était valorisé 36,5 milliards de dollars, alors que ses investissements et ses réserves financières étaient évaluées à 38 milliards. En 2008, Microsoft mettait 47,5 milliards de dollars sur la table pour racheter Yahoo. Une offre que la société a refusée, même si le groupe de Redmond est devenu en 2009 l'un de ses principaux partenaires, lui fournissant par exemple ses résultats de recherche via Bing.
En bourse, la nouvelle n'a que peu agité les marchés puisque les deux sociétés ont vu leur action grimper de 1% environ.